(Ariane, Nérine)
NÉRINE
Un peu plus de pouvoir, Madame, sur vous-même.
À quoi sert ce transport, ce désespoir extrême ?
Vous avez dans un trouble à nul autre pareil
Prévenu ce matin le lever du Soleil.
Dans le Palais errante, interdite, abattue,
Vous avez laissé voir la douleur qui vous tue.
Ce ne sont que soupirs, que larmes, que sanglots.
ARIANE
On me trahit, Nérine, où trouver du repos ?
Quoi, ce parfoit amour dont mon âme ravie
Ne croyoit voir la fin qu'en celle de ma vie,
Ces feux, ces tendres feux pour moi trop allumés,
Dans le cœur d'un Ingrat sont déjà consumés ?
Thésée avec plaisir a pu les voir éteindre,
Ma mort n'est qu'un malheur qui ne vaut pas le craindre.
Et ce parjure Amant qui se rit de ma foi,
Quoi qu'il vive toujours, ne vivra plus pour moi ?
Que fait Pirithoüs ? Viendra-t-il ?
NÉRINE
Oui, Madame,
Je l'ai fait avertir.
ARIANE
Quels combats dans mon âme !
NÉRINE
Pirithoüs viendra ; mais ce transport jaloux
Qu'attend-il de sa vue, et que lui direz-vous ?
ARIANE
Dans l'excès étonnant de mon cruel martyre,
Hélas ! Demandes-tu ce que je pourrai dire ?
Dût ma douleur sans cesse avoir le même cours,
Se plaint-on trop souvent de ce qu'on sent toujours ?
Tu dis donc qu'hier au soir chacun avec murmure
Parloit diversement de ma triste aventure ?
Que la jeune Cyane est celle que l'on croit
Que Thésée…
NÉRINE
On la nomme à cause qu'il la voit,
Mais qu'en pouvoir juger ? Il voit Phèdre de même,
Et cependant, Madame, est-ce Phèdre qu'il aime ?
ARIANE
Que n'a-t-il pu l'aimer ? Phèdre l'auroit connu,
Et par là mon malheur eût été prévenu.
De sa flamme par elle aussitôt avertie,
Dans sa première ardeur je l'aurois amortie.
Par où vaincre d'ailleurs les rebuts de ma Soeur ?
NÉRINE
En vain il auroit cru pouvoir toucher son cœur,
Je le sais ; mais enfin quand un Amant sait plaire,
Qui consent à l'ouïr peut l'aimer, et se taire.
ARIANE
Je soupçonnerois Phèdre, elle de qui les pleurs
Sembloient en s'embarquant présager nos malheurs ?
Avant que la résoudre à seconder ma fuite,
À quoi pour la gagner ne fus-je pas réduite ?
Combien de résistance et d'obstinés refus ?
NÉRINE
Vous n'avez rien, Madame, à craindre là-dessus.
Je connois sa tendresse, elle est pour vous si forte,
Qu'elle mourroit plutôt…
ARIANE
Je veux la voir, n'importe.
Va, fais-lui promptement savoir que je l'attends.
Dis-lui que le sommeil l'arrête trop longtemps,
Que je sens ma douleur croître par son absence.
Qu'elle est heureuse, hélas ! dans son indifférence !
Son repos n'est troublé d'aucun mortel souci.
Pirithoüs paroît, fais-la venir ici.
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