La pièce de théâtre "Attila, roi des Huns" de Pierre Corneille, créée en 1667, est une tragédie qui explore les thèmes de l'amour, du pouvoir et de la trahison à travers la figure historique d'Attila, le puissant et craint roi des Huns au 5ème siècle.
Dans cette pièce, Corneille dépeint Attila comme un conquérant implacable mais également comme un homme pris dans les complexités des affaires de cœur et de la diplomatie. L'intrigue tourne autour de deux sœurs, Ildione et Honorie, filles du roi des Goths. Attila est épris d'Ildione, tandis que Honorie est aimée par le roi des Francs, Mérovée, et par le frère d'Attila, Aquilas. Les tensions s'accentuent lorsque Attila annonce son intention d'épouser Honorie, provoquant une série de conflits et de manipulations politiques.
La pièce explore la rivalité entre les frères, les dilemmes moraux, et la question de la loyauté. Corneille met en lumière la complexité des personnages, en particulier celle d'Attila, un homme partagé entre ses ambitions impériales et ses désirs personnels. Comme dans beaucoup de ses autres œuvres, Corneille utilise un langage poétique riche et des structures dramatiques complexes pour explorer ces thèmes.
AttilaIls ne sont pas venus, nos deux rois ? Qu'on leur dieQu'ils se font trop attendre, et qu'Attila s'ennuie ;Qu'alors que je les mande ils doivent se hâter.OctarMais, seigneur, quel besoin de les en consulter ?Pourquoi de votre hymen les...
AttilaRois, amis d'Attila, soutiens de ma puissance,Qui rangez tant d'états sous mon obéissance,Et de qui les conseils, le grand coeur et la main,Me rendent formidable à tout le genre humain,Vous voyez en mon camp les éclatantes marquesQue de ce vaste...
ArdaricEn serons-nous toujours les malheureux objets ?Et verrons-nous toujours qu'il nous traite en sujets ?ValamirFermons les yeux, seigneur, sur de telles disgrâces :Le ciel en doit un jour effacer jusqu'aux traces ;Mes devins me l'ont dit ; et s'il en...
FlavieJe ne m'en défends point : oui, madame, Octar m'aime ;Tout ce que je vous dis, je l'ai su de lui-même.Ils sont rois, mais c'est tout : ce titre sans pouvoirN'a rien presque en tous deux de ce qu'il doit...
HonorieLe savez-vous, seigneur, comment je veux qu'on m'aime ?Et puisque jusqu'à moi vous portez vos souhaits,Avez-vous su connaître à quel prix je me mets ?Je parle avec franchise, et ne veux point vous taireQue vos soins me plairaient, s'il ne...
ValamirQuelle hauteur, Flavie, et que faut-il qu'espèreUn roi dont tous les voeux…FlavieSeigneur, laissez-la faire :L'amour sera le maître ; et la même hauteurQui vous dispute ici l'empire de son coeur,Vous donne en même temps le secours de la hainePour triompher...
ArdaricQu'avez-vous obtenu, seigneur, de la princesse ?ValamirBeaucoup, et rien : j'ai vu pour moi quelque tendresse ;Mais elle sait d'ailleurs si bien ce qu'elle vaut,Que si celle des Francs a le coeur aussi haut,Si c'est à même prix, seigneur, qu'elle...
ArdaricPourrai-je voir la princesse à mon tour ?OctarNon, à moins qu'il vous plaise attendre son retour ;Mais, à ce que ses gens, seigneur, m'ont fait entendre,Vous n'avez en ce lieu qu'un moment à l'attendre.ArdaricDites-moi cependant : vous fûtes prisonnierDu roi...
IldioneOn vous a consulté, seigneur ; m'apprendrez-vousComment votre Attila dispose enfin de nous ?ArdaricComment disposez-vous vous-même de mon âme ?Attila va choisir ; il faut parler, madame :Si son choix est pour vous, que ferez-vous pour moi ?IldioneTout ce que...
AttilaOctar, as-tu pris soin de redoubler ma garde ?OctarOui, seigneur, et déjà chacun s'entre-regarde,S'entre-demande à quoi ces ordres que j'ai mis…AttilaQuand on a deux rivaux, manque-t-on d'ennemis ?OctarMais, seigneur, jusqu'ici vous en doutez encore.AttilaEt pour bien éclaircir ce qu'en effet...
AttilaVenir jusqu'en ma tente enlever mes hommages,Madame, c'est trop loin pousser vos avantages :Ne vous suffit-il point que le coeur soit à vous ?IldioneC'est de quoi faire naître un espoir assez doux.Ce n'est pas toutefois, seigneur, ce qui m'amène :Ce...
HonorieCe grand choix est donc fait, seigneur, et pour le faireVous avez à tel point redouté ma colère,Que vous n'avez pas cru vous en pouvoir sauverSans doubler votre garde, et me faire observer ?Je ne me jugeais pas en ces...
HonorieAccepter ses refus ! Moi, seigneur ?AttilaVous, madame.Peut-il être honteux de devenir ma femme ?Et quand on vous assure un si glorieux nom,Peut-il vous importer qui vous en fait le don ?Peut-il vous importer par quelle voie arriveLa gloire dont...
HonorieAllez, servez-moi bien. Si vous aimez Flavie,Elle sera le prix de m'avoir bien servie :J'en donne ma parole ; et sa main est à vous,Dès que vous m'obtiendrez Valamir pour époux.OctarJe voudrais le pouvoir : j'assurerais, madame,Sous votre Valamir mes...
FlavieNe vous êtes-vous point un peu trop déclarée,Madame ? Et le chagrin de vous voir préféréeÉtouffe-t-il la peur que marquaient vos discoursDe rendre hommage au sang d'un roi de quatre jours ?HonorieJe te l'avais bien dit, que mon âme incertaineDe...
AttilaTout s'apprête, madame, et ce grand hyménéePeut dans une heure ou deux terminer la journée,Mais sans vous y contraindre ; et je ne viens que voirSi vous avez mieux vu quel est votre devoir.HonorieMon devoir est, seigneur, de soutenir ma...
AttilaSeigneur, sur ce grand choix je cesse d'être en peine :J'épouse dès ce soir la princesse romaine,Et n'ai plus qu'à prévoir à qui plus sûrementJe puis confier l'autre et son ressentiment.Le roi des Bourguignons, par ambassade expresse,Pour Sigismond, son fils,...
AttilaVos refus obligeants ont daigné m'ordonnerDe consulter vos voeux avant que vous donner ;Je m'en fais une loi. Dites-moi donc, madame,Votre coeur d'Ardaric agréerait-il la flamme ?IldioneC'est à moi d'obéir, si vous le souhaitez ;Mais, seigneur…AttilaIl y fait quelques difficultés ...
IldioneD'où viennent ces soupirs ? D'où naît cette tristesse ?Est-ce que la surprise étonne l'allégresse,Qu'elle en suspend l'effet pour le mieux signaler,Et qu'aux yeux du tyran il faut dissimuler ?Il est parti, seigneur ; souffrez que votre joie,Souffrez que son...
IldioneTrêve, mes tristes yeux, trêve aujourd'hui de larmes !Armez contre un tyran vos plus dangereux charmes :Voyez si de nouveau vous le pourrez dompter,Et renverser sur lui ce qu'il ose attenter.Reprenez en son coeur votre place usurpée,Ramenez à l'autel ma...
ArdaricSeigneur, vos devins seuls ont causé notre perte :Par eux à tous nos maux la porte s'est ouverte ;Et l'infidèle appas de leur prédictionA jeté trop d'amorce à notre ambition.C'est de là qu'est venu cet amour politiqueQue prend pour attentat...
HonorieSavez-vous d'Attila jusqu'où va la furie,Princes, et quelle en est l'affreuse barbarie ?Cette offre qu'il vous fait d'en rendre l'un heureuxN'est qu'un piége qu'il tend pour vous perdre tous deux.Il veut, sous cet espoir qu'il donne à l'un et l'autre,Votre...
AttilaEh bien ! Mes illustres amis,Contre mes grands rivaux quel espoir m'est permis ?Pas un n'a-t-il pour soi la digne complaisanceD'acquérir sa princesse en perdant qui m'offense ?Quoi ? L'amour, l'amitié, tout va d'un froid égal !Pas un ne m'aime...
AttilaOù venez-vous, madame, et qui vous enharditÀ vouloir voir ma mort qu'ici l'on me prédit ?Venez-vous de deux rois soutenir la querelle,Vous révolter comme eux, me foudroyer comme elle,Ou mendier l'appui de mon juste courrouxContre votre Ardaric qui ne veut...
HonorieTu le vois, pour toucher cet orgueilleux courage,J'ai pleuré, j'ai prié, j'ai tout mis en usage,Octar ; et pour tout fruit de tant d'abaissement,Le barbare me traite encor plus fièrement.S'il reste quelque espoir, c'est toi seul qu'il regarde.Prendras-tu bien ton...
ValamirL'impatient transport d'une joie imprévue :Notre tyran n'est plus.HonorieIl est mort ?ValamirÉcoutezComme enfin l'ont puni ses propres cruautés,Et comme heureusement le ciel vient de souscrireÀ ce que nos malheurs vous ont fait lui prédire.À peine sortions-nous, pleins de trouble et...
ArdaricCe n'est pas tout, seigneur ; la haine générale,N'ayant plus à le craindre, avidement s'étale ;Tous brûlent de servir sous des ordres plus doux,Tous veulent à l'envi les recevoir de nous.Ce bonheur étonnant que le ciel nous renvoieDe tant de...
"Tite et Bérénice" est une tragédie en cinq actes écrite par Pierre Corneille, jouée pour la première fois en 1670. Cette pièce est inspirée de l'histoire réelle de l'empereur romain...
"Théodore" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, jouée pour la première fois en 1645. Cette œuvre est notable dans le répertoire de Corneille pour son sujet religieux et son...
"Suréna" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1674. C'est la dernière pièce écrite par Corneille, et elle est souvent considérée comme une de...
"Sophonisbe" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1663. Cette pièce s'inspire de l'histoire de Sophonisbe, une figure historique de l'Antiquité, connue pour son...
"Sertorius" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1662. Cette pièce se distingue dans l'œuvre de Corneille par son sujet historique et politique, tiré...
"Rodogune" est une tragédie de Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1644. Cette pièce est souvent considérée comme l'une des plus puissantes et des plus sombres tragédies de...
"Pulchérie" est une tragédie en cinq actes écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1672. C'est l'une des dernières pièces de Corneille, et elle se distingue par...
"Polyeucte" est une tragédie de Pierre Corneille, premièrement jouée en 1643. Considérée comme l'une de ses œuvres majeures, cette pièce se distingue par son sujet religieux, traitant du martyre de...
"Pertharite" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1652. Cette œuvre est l'une des moins connues de Corneille et a été considérée par certains...
"Othon" est une tragédie historique écrite par Pierre Corneille, jouée pour la première fois en 1664. La pièce est basée sur les événements historiques de l'Empire romain au premier siècle...