Ruy Blas est une pièce de théâtre écrite par Victor Hugo en 1838, qui se déroule à la cour d'Espagne au XVIIe siècle. L'œuvre met en scène un personnage principal, Ruy Blas, un homme d'origine modeste qui devient le confident et l'amant de la reine d'Espagne, tout en étant manipulé par des nobles corrompus. Ruy Blas est à la fois un valet de chambre et un héros tragique, symbolisant le conflit entre les classes sociales et l'amour impossible. Son ascension dans la hiérarchie sociale illustre un thème central de la pièce, celui de la lutte entre le bien et le mal, ainsi qu'entre l'authenticité et la tromperie.
La pièce commence par le complot de Don Salluste, un noble rejeté et plein de rancune, qui décide de se venger en utilisant Ruy Blas comme un instrument. Il donne à Ruy Blas des instructions pour infiltrer la cour, espérant ainsi ruiner la réputation de la reine. Cependant, au fur et à mesure que l'intrigue se développe, Ruy Blas tombe profondément amoureux de la reine, ce qui complique le plan machiavélique de Don Salluste. La tension dramatique de l'œuvre repose sur les jeux de pouvoir et les manipulations au sein de la cour, mais aussi sur la naïveté et l'intégrité du protagoniste.
Le personnage de Ruy Blas est empreint d'une grande noblesse, malgré ses origines modestes. Il incarne le bon sens et la sincérité dans un monde où la duplicité et les intrigues politiques règnent en maîtres. Sa relation avec la reine est teintée de passion et de désespoir, révélant son désir d'amour véritable face aux machinations qui l'entourent. Ce thème amoureux se mêle à une critique acerbe de la société aristocratique, avec ses préjugés, ses luttes de pouvoir, et sa cruauté.
L'œuvre explore également des questions philosophiques et sociales, comme le pouvoir des élites et la destinée individuelle. Ruy Blas apparaît alors comme un héros tragique dont les ambitions sont contrariées par des forces beaucoup plus puissantes que lui. Son ascension est précaire et, malgré ses bonnes intentions, il est finalement trahi par ceux qui l'entourent. La question de l'identité sociale est omniprésente, mettant en lumière les injustices et les inégalités qui caractérisent l'époque.
Victor Hugo, à travers cette pièce, fait preuve de son génie dramatique en mêlant des émotions intenses et des réflexions profondes sur la condition humaine. Ruy Blas est à la fois une œuvre romantique et un drame social, qui soulève des questions encore pertinentes sur la lutte contre l'injustice et le désir de liberté. Les personnages, bien que ancrés dans une époque révolue, représentent des archétypes universels, ce qui permet à l'œuvre de transcender le temps et de toucher des générations entières. Le dénouement tragique ajoute une dimension supplémentaire à l'analyse de la nature humaine et des interactions entre l'amour, le pouvoir et la trahison.
Trois espèces de spectateurs composent ce qu'on est convenu d'appeler le public : premièrement, les femmes ; deuxièmement, les penseurs ; troisièmement, la foule proprement dite. Ce que la foule demande presque exclusivement à l'œuvre dramatique, c'est de l'action ;...
Don SallusteRuy Blas, fermez la porte, — ouvrez cette fenêtre.(Ruy Blas obéit, puis, sur un signe de don Salluste, il sort par la porte du fond. Don Salluste va à la fenêtre)(Ils dorment encore tous ici, — le jour va...
Don SallusteAh ! Vous voilà, bandit !DON CÉSARAh ! Vous voilà, bandit ! Oui, cousin, me voilà.Don SallusteC'est grand plaisir de voir un gueux comme cela !DON CÉSAR (saluant)Je suis charmé…Don SallusteJe suis charmé…Monsieur, on sait de vos histoires.DON CÉSAR...
DON CÉSARSur ma foi,Je ne me trompais pas. C'est toi, Ruy Blas !Ruy BlasC'est toi,Zafari ! Que fais-tu dans ce palais ?DON CÉSARJ'y passe.Mais je m'en vais. Je suis oiseau, j'aime l'espace. Mais toi ? Cette livrée ? Est-ce un...
Don SallusteRuy Blas !Ruy Blas (se retournant vivement)Monseigneur ?Don SallusteCe matin, quand vous êtes venu, je ne suis pas certain s'il faisait jour déjà ?Ruy BlasPas encore, excellence. J'ai remis au portier votre passe en silence, et puis, je suis...
Don Salluste (au marquis Del Basto)Souffrez qu'à votre grâce je présente, marquis, mon cousin don César, comte de Garofa près de Velalcazar.Ruy Blas (à part)Ciel !Don Salluste (bas, à RUY BLAS)Taisez-vous !Le Marquis Del Basto (saluant RUY BLAS)Monsieur… charmé…(il lui...
La Reine (seule)à ses dévotions ? Dis donc à sa pensée ! Où la fuir maintenant ? Seule ! Ils m'ont tous laissée. Pauvre esprit sans flambeau dans un chemin obscur !(Rêvant)Oh ! Cette main sanglante empreinte sur le mur ...
Ruy Blas (au fond du théâtre, à part)Où suis-je ? -Qu'elle est belle ! -Oh ! Pour qui suis-je ici ?La Reine (à part)C'est un secours du Ciel !(Haut)Donnez vite !Se retournant vers le portrait du roi.Merci,Monseigneur !(à la duchesse)D'où...
Don Guritan (repoussant son épée dans le fourreau)J'en apporterai deux de pareille longueur.Ruy BlasMonsieur, que signifie ? …Don Guritan (avec gravité)En mil six cent cinquante, j'étais très amoureux. J'habitais Alicante. Un jeune homme, bien fait, beau comme les amours, regardait...
La Reine (avec un sourire)C'est vous que je cherchais !Don Guritan (ravi)Qui me vaut ce bonheur ? La Reine, posant la cassette sur le guéridon. Oh dieu ! Rien, ou du moins peu de chose, seigneur.(Elle rit) Tout à l'heure...
Don Manuel AriasCette fortune-là cache quelque mystère.Le Comte De CamporealIl a la toison d'or. Le voilà secrétaireuniversel, ministre, et puis duc d'Olmedo !Don Manuel AriasEn six mois !Le Comte De CamporealOn le sert derrière le rideau.Don Manuel Arias (mystérieusement)La reine ...
Ruy Blas (survenant)Bon appétit ! messieurs ! -(Tous se retournent)(Silence de surprise et d'inquiétude. Ruy Blas se couvre, croise les bras, et poursuit en les regardant en face)Ô ministres intègres !Conseillers vertueux ! Voilà votre façonde servir, serviteurs qui pillez...
La ReineOh ! Merci !Ruy BlasCiel !La ReineVous avez bien fait de leur parler ainsi. Je n'y puis résister, duc, il faut que je serre cette loyale main si ferme et si sincère ! (Elle marche vivement à lui et...
Ruy Blas (seul)Il est comme absorbé dans une contemplation angélique. Devant mes yeux c'est le ciel que je voi ! De ma vie, ô mon dieu ! Cette heure est la première. Devant moi tout un monde, un monde de...
Don Salluste (posant la main sur l'épaule de RUY BLAS)Bonjour.Ruy Blas (effaré. à part)Grand dieu ! Je suis perdu ! Le marquis !Don Salluste (souriant)Je parie que vous ne pensiez pas à moi.Ruy BlasSa seigneurie, en effet, me surprend. (à...
Ruy Blas (à part, et se parlant à lui-même)Que faire ? -elle d'abord ! Elle avant tout ! -rien qu'elle ! Dût-on voir sur un mur rejaillir ma cervelle, dût le gibet me prendre ou l'enfer me saisir ! Il...
DON CÉSAR (Effaré, essoufflé, décoiffé, étourdi, avec une expression joyeuse et inquiète en même temps)Tant pis ! C'est moi ! Il se relève en se frottant la jambe sur laquelle il est tombé, et s'avance dans la chambre avec force...
DON CÉSAR (toisant le laquais de la tête aux pieds)Qui venez-vous chercher céans, l'ami ? (à part) Il faut beaucoup d'aplomb, le péril est extrême.Le LaquaisDon César De Bazan.DON CÉSAR (dégageant son visage du manteau)Don César ! C'est moi-même !...
La Duègne (sur le seuil de la porte)Don César De Bazan ? (Don César, absorbé dans ses méditations, relève brusquement la tête)DON CÉSARPour le coup ! (à part) Oh ! Femelle !(Pendant que la duègne accomplit une profonde révérence au...
Don Guritan (du fond)Don César De Bazan ?DON CÉSAR(Il se retourne et aperçoit don Guritan et les deux épées) Enfin ! à la bonne heure ! L'aventure était bonne, elle devient meilleure. Bon dîner, de l'argent, un rendez-vous, -un duel ...
Don Salluste (vêtu d'un habit vert sombre, presque noir. Il paraît soucieux et préoccupé. Il regarde et écoute avec inquiétude) : Aucuns apprêts ! Apercevant la table chargée de mets. Que veut dire ceci ? (écoutant le bruit des pas...
DON CÉSAR (du seuil de la porte)Ah ! J'en étais bien sûr ! Vous voilà donc, vieuxdiable !Don Salluste (se retournant, pétrifié)Don César !DON CÉSAR (croisant les bras avec un grand éclat de rire)Vous tramez quelque histoire effroyable !Mais je...
DON CÉSARVous allez consigner dans vos procès-verbaux…Don Salluste (montrant don César à l'alcade)Que voici le fameux voleur Matalobos !DON CÉSAR (stupéfait)Comment !Don Salluste (à part)Je gagne tout en gagnant vingt-quatre heures.(à l'alcade)Cet homme ose en plein jour entrer dans les...
Ruy Blas (seul)C'est fini. Rêve éteint ! Visions disparues !Jusqu'au soir au hasard j'ai marché dans les rues.J'espère en ce moment. Je suis calme. La nuit,on pense mieux, la tête est moins pleine de bruit.Rien de trop effrayant sur ces...
La Reine (entrant)Don César !Ruy Blas (se retournant avec un mouvement d'épouvante, et fermant précipitamment la robe qui cache sa livrée)Dieu ! C'est elle ! -au piège horrible elle est prise ! (Haut) Madame ! …La ReineEh bien ! Quel...
Ruy BlasGrand dieu !Fuyez, madame !Don SallusteIl n'est plus temps.Madame De Neubourg n'est plus reine d'Espagne.La Reine (avec horreur)Don Salluste !Don Salluste (montrant RUY BLAS)à jamais vous êtes la compagnede cet homme.La ReineGrand dieu ! C'est un piège, en effet ...
(Ruy Blas fait quelques pas en chancelant vers la reine immobile et glacée,)(puis il tombe à deux genoux, l'œil fixé à terre, comme s'il n'osait lever les yeux jusqu'à elle)Ruy Blas (d'une voix grave et basse)Maintenant, madame, il faut que...
L'œuvre "Notre-Dame de Paris" de Victor Hugo, publiée en 1831, est un roman qui se déroule à Paris au XVe siècle, centré autour de la célèbre cathédrale du même nom....
"Le Dernier Jour d'un Condamné" de Victor Hugo est un récit poignant et intense qui plongent le lecteur dans l'esprit d'un homme condamné à mort, le héros anonyme, alors qu'il...
Le Tome 1 de "Les Misérables", intitulé "Fantine", se concentre sur plusieurs personnages clés et thèmes qui posent les fondements du récit épique de Victor Hugo. Le livre s'ouvre sur...
J’avais devant les yeux les ténèbres. L’abîmeQui n’a pas de rivage et qui n’a pas de cimeÉtait là, morne, immense ; et rien n’y remuait.Je me sentais perdu dans l’infini...
Et toi, son frère, sois le frère de mes fils.Cœur fier, qui du destin relèves les défis,Suis à côté de moi la voie inexorable.Que ta mère au front gris soit...
Pure innocence ! Vertu sainte !Ô les deux sommets d’ici-bas !Où croissent, sans ombre et sans crainte,Les deux palmes des deux combats !Palme du combat Ignorance !Palme du combat Vérité...
Un soir, dans le chemin je vis passer un hommeVêtu d’un grand manteau comme un consul de Rome,Et qui me semblait noir sur la clarté des cieux.Ce passant s’arrêta, fixant...
Tout conjugue le verbe aimer. Voici les roses.Je ne suis pas en train de parler d’autres choses.Premier mai ! L’amour gai, triste, brûlant, jaloux,Fait soupirer les bois, les nids, les...
Ô mon enfant, tu vois, je me soumets.Fais comme moi : vis du monde éloignée ;Heureuse ? non ; triomphante ? jamais.— Résignée ! —Sois bonne et douce, et lève...
La Sorcière.La ruine d'un cloître dans une forêt. Une masure colossale aussi composée de troncs d'arbres que de pans de mur. Pierres et racines mêlées. Ecroulement et broussaille. Ensemble de...