HERNANDEZ(entrant par le fond, sans voir Loïsa.)
Il est tout habillé de vert et porte du
feuillage à son chapeau. Il a une carabine à la main. Je viens chercher ma gourde… j'ai changé mon truc… Martin est capable de l'avoir indiqué à son copain… je me suis méfié… et alors, je me suis habillé en feuillage… le roquet doit être déjà sous bois ; cherche, mon bonhomme, cherche, je te retrouverai tout à l'heure.
LOÏSA(se retournant.)
Qu'est-ce que c'est que ça? don Hernandez?…
HERNANDEZ
Loïsa !
LOÏSA(riant.)
Pourquoi ce costume ? vous avez l'air d'un buisson.
HERNANDEZ(déposant sa carabine et son chapeau à droite.)
Le buisson qui marche. C'est ce qu'il faut.
LOÏSA
Et cette carabine ? vous allez à la chasse ?
HERNANDEZ
A la chasse à l'homme ! votre mari sait tout…
LOÏSA(étonnée.)
Tout… quoi?
HERNANDEZ
Eh bien… Agénor!
LOÏSA
C'est faux!… c'est une calomnie!
HERNANDEZ
Pas de marivaudage ! il a des preuves !
LOÏSA
Certaines?
HERNANDEZ
Certaines.
LOÏSA(effrayée, passant à droite.)
Mais alors, je suis perdue !
HERNANDEZ
Ça m'en a l'air… Il est furieux… il rumine une vengeance dans la manière des Borgia.
LOÏSA
Ah ! mon Dieu !
HERNANDEZ(à part.)
Ça prend ! (Haut.)
Si vous m'en croyez, vous ne mangerez rien tant que vous serez en Europe.
LOÏSA
Merci bien !
HERNANDEZ
Excepté des œufs à la coque, parce qu'on ne peut rien fourrer dedans.
LOÏSA(éperdue, passant à gauche.)
Mais que faire ? que devenir ? Je ne peux pas rester ici !
(Elle s'assied près de la table.)
HERNANDEZ
Je vous offre un asile ! venez dans mes Etats.
LOÏSA
Ah ! non, c'est trop loin !
HERNANDEZ(s'approchant d'elle.)
Une promenade… toujours sur l'eau… Vous ne connaissez pas mon pays… quelle nature ! le ciel est bleu, la mer est bleue, la terre est bleue… Vous serez continuellement en palanquin… et, la nuit, je vous donnerai quatre Indiens dans leur costume national, pour écarter les mouches de votre gracieux visage… Quant à la nourriture…
LOÏSA
Oh ! ne parlons pas de ça !
HERNANDEZ(se jetant à genoux.)
Dites un mot, senora, et je dépose mon trône à vos pieds.
LOÏSA
Ah! Hernandez… ne me tentez pas! (Languissamment.)
Vous êtes donc veuf?
HERNANDEZ(se relevant.)
Hélas ! non !
LOÏSA(se levant.)
Vous m'offrez votre trône… et votre femme?
HERNANDEZ
La reine? J'ai pensé à elle… je lui donnerai une place dans ma lingerie… rien à faire !… Abandonnez-vous à moi, c'est le ciel que je vous ouvre.
LOÏSA
Et mes devoirs ?
HERNANDEZ
Lesquels ?
LOÏSA
Je ne sais pas ce que je dis… vous me grisez, vous me charmez… et puisque mon mari a oublié sa mission, qui est de me protéger… don Hernandez, ramenez-moi chez ma mère !
HERNANDEZ(la serrant dans ses bras et l'embrassant.)
Ta mère ! c'est moi qui serai ta mère ! c'est moi qui serai ta mère !
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...