EDMOND, BATHILDE
A peine la bonne est-elle sortie que BATHILDE se met à pleurer.
BATHILDE(pleurant.)
Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !
(Elle va s'asseoir près de la table.)
EDMOND
Eh bien, qu'est-ce que tu as?… tu souffres?
BATHILDE
Non!… (Pleurant.)
La Suisse m'ennuie!
EDMOND
Allons, bien ! Voyons, un peu de courage !… puisque nous y sommes… Depuis deux jours, je ne te reconnais plus… Tu es triste… presque maussade.
BATHILDE(pleurant.)
Je n'ai pas de lettre de maman !
EDMOND(la relevant, après l'avoir embrassée.)
Il en viendra, des lettres de maman… calmetoi… Ce n'est pas une raison pour faire des impolitesses aux étrangers… Tous à l'heure encore, tu as brusquement quitté la famille Martin, en mettant ton cheval au trot…
BATHILDE
Tiens ! si tu crois que c'est amusant de voyager avec ces gens-là ! Depuis Chamounix, ils ne nous quittent pas une minute, nous ne sommes jamais seuls… Moi, je ne comprends pas la Suisse comme ça !
EDMOND
Ma chère, il y a des relations du monde qu'il faut savoir cultiver.
BATHILDE
Je ne suis pas venue en Suisse pour cultiver des relations… Je suis venue pour me promener avec mon mari, sans personne… Du reste, le pays n'est pas joli par ici.
EDMOND
Par exemple ! des montagnes, des cascades, des torrents !
BATHILDE
Et monsieur et madame Martin!… et leur sauvage !… et le petit vieux qui a toujours peur de se refroidir ! (Câline.)
Si tu veux, nous retournerons à Genève, où il y a de si bons hôtels !
EDMOND
Et la chute de l'Aar?…
BATHILDE
Oh ! la chute de l'Aar !… Est-ce que tu y tiens?
EDMOND
Non… mais il faut pouvoir dire qu'on l'a vue… Sans cela, à Paris, tout le monde s'écrierait : "Comment ! vous n'avez pas vu la chute de l'Aar ! Ah ! ils n'ont pas vu la chute de l'Aar !…" Ce serait un voyage raté…
BATHILDE
Eh bien, nous y jetterons un coup d'œil demain, en nous en allant.
EDMOND
C'est ça!… il faut être consciencieux.
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...