Scène III



FARLANE, SALMÈQUE

FARLANE
Pas l'ombre de femme de chambre ! j'ai été comme ça jusqu'à la cuisine !… J'y ai trouvé un coiffeur qui m'a présenté une note en me disant : "C'est vous qui êtes pour Madame Marie. Madame m'a dit de vous remettre ça." Moi ! j'ai fait : "jamais de la vie : ça n'est pas moi, la citoyenne ne me connaît pas ! " Il m'a répondu : "oh ! ça ne fait rien ! Madame Marie ne connaît jamais les gens qu'elle attend…" Eh bien ! j'ai été obligé de me fendre parce qu'il m'a menacé de dire à la citoyenne que j'avais refusé de payer, et que je verrais alors comme je serais reçu… Moi, francs de pommade et de frisons, c'est salé !

SALMÈQUE (APERCEVANT FARLANE.)
Hein ! qui c'est, ça…

FARLANE (APERCEVANT SALMÈQUE.)
Un homme, ah ! mon Dieu… c'est encore un coiffeur !

SALMÈQUE
Pardon, qui êtes-vous ?

FARLANE
J'allais vous le demander.

SALMÈQUE (À PART.)
Ce doit être le domestique… il va me renseigner… (haut)
la citoyenne Marie ?

FARLANE
Qu'ai-je entendu ! est-ce possible… La citoyenne Marie… Quoi ! la voilà… C'est elle, c'est elle même, la citoyenne Marie !

SALMÈQUE
Vous dites…

FARLANE
Oui ! la voilà… C'est elle, c'est elle-même… La citoyenne Marie !

SALMÈQUE
Hein ! qu'est-ce qu'il dit… qu'est-ce qu'elle dit ? Lui : c'est elle, vous c'est vous !

FARLANE
Hein ?

SALMÈQUE
Je dis : vous ! c'est vous !

FARLANE
Naturellement, moi c'est moi !

SALMÈQUE
Oh ! Dieu ! La citoyenne… c'est ça la citoyenne… et en travesti… comme ça, on se connaît tout de même…

FARLANE
Oh ! je n'en reviens pas… c'est bien elle et en tenue de réunion publique encore !

SALMÈQUE (TRÈS ÉMU.)
Ah ! Citoyenne !

FARLANE (À PART.)
"Citoyeng ! " Pourquoi m'appelle t'elle "citoyeng" ? Ah ! l'accent de la Cannebière… attends ! je vais t'en donner, moi aussi, ça la flattera !(Haut et saluant)
ah ! Citoyeng ! et ça va bieng, citoyeng ?

SALMÈQUE
Pristi ! elle a un fort accent flamand (haut)
mais très bieng, à cette heure pour une fois, savez-vous(à part)
je ne veux pas lui faire sentir qu'elle a de l'accent.

FARLANE (À PART.)
C'est égal, pour une marseillaise elle parle joliment belge ! (haut)
Eh ! bieng, je suis bien aise, tout de même que vous se porte bieng, sais-tu.

SALMÈQUE
Bieng ! et moi donc, pour une fois !

FARLANE (À PART.)
J'ai envie de lui dire quelques mots au sujet de la note… (haut)
, à propos, tieng ! regardez donc, pour une fois, ce qu'on vieng de me remettre… (il lui tend la note.)

SALMÈQUE (PRENANT LA NOTE ET LA REGARDANT PAR COMPLAISANCE.)
Ah ! il faut que ? parfaitement ! (à part)
qu'est-ce qu'elle veut que j'en fasse… (Lisant)
poudre de riz… 2 boîtes, 6 francs, blanc gras, le pot, 13 francs (parlé)
Oui, oui, oui !

FARLANE
Eh bieng ! Dites-moi un peu ce que c'est… heing ?

SALMÈQUE
Heing ! ça c'est… c'est une note !

FARLANE
Ah ! c'est… (à part)
eh ! bien si elle croit me l'apprendre, je m'en suis déjà aperçu.

SALMÈQUE (LUI REMETTANT LA NOTE.)
Voilà…

FARLANE (À PART.)
Comment ! elle me la rend ! (haut)
vous ne la regardez pas, au moins ?

SALMÈQUE
Oh ! inutile ! je sais ce que c'est qu'une note ! j'en ai déjà vu, allez ! (à part)
S'en fourre-t'elle des saletés sur la figure ! et franchement, pour ce que ça se voit !

FARLANE
Non mais, vous avez vu, 95 francs !

SALMÈQUE
95 francs, ah ! 95 francs oui : c'est… c'est une somme. (à part)
Qu'est-ce que ça me fait à moi ?

FARLANE
Qua-tre-vingt-quin-ze-francs !

SALMÈQUE
Eh ! bien oui, j'entends bien… 95 francs un 9 et un 5… quatre pièces de 20 francs une de dix et une de 5.

FARLANE
Oui, ou neuf de dix et une de cinq.

SALMÈQUE
Oui, ça c'est comme on veut (à part)
ah ! elle m'ennuie avec sa note… Elle n'a pas la prétention que je la lui paye, je suppose

FARLANE
C'est très cher !

SALMÈQUE
Pour vous, il n'y a rien de trop cher !

FARLANE
Ah ! bien je vous remercie bien… (à part)
on voit bien que ça n'est pas elle qui a payé ! (haut)
Tenez, voulez-vous que je vous dise, on vous exploite !

SALMÈQUE
Comment, on m'exploite ? (à part)
non mais, c'est qu'elle croit que je vais payer ! (haut)
ça n'est pas moi qu'on exploite, c'est vous.

FARLANE (NAVRÉ.)
Je le vois bien. (à part)
Elle est cynique.

SALMÈQUE
Je crois qu'elle applique fortement le précepte : "Aidez-moi les uns les autres."

FARLANE
Non, mais enfin, entre-nous, c'est salé ! vous avez beau ne pas payer…

SALMÈQUE (À PART.)
Il me semble que c'est clair…

FARLANE
Ça ne doit pas être le compte… tenez, je vous en prie, regardez donc !

SALMÈQUE
Ah ! vous voulez que…ah ! c'est pour vérifier… mais comment donc ! (à part)
je peux bien faire ça pour elle (haut)
Voyons un peu, nous disons 6 et 13… qu'est-ce que ça fait 6 et 13… (comptant sur les doigts)
6, 7, 8, 9…

FARLANE
Oh ! vous avez besoin de compter sur vos doigts ! voyons 6 et 13 ça fait 16.

SALMÈQUE
Mais oui, je sais bien… mais seulement, avec les doigts, c'est plus commode.

FARLANE
Oh ! plus commode… on peut se tromper aussi bien : il suffit qu'on ait un doigt de moins… alors il n'y a plus moyen de faire une opération juste…

SALMÈQUE
Enfin nous disons 16, bon ! 16 et 8… 16 et 8, 25.

FARLANE
Oui, à peu près.

SALMÈQUE
Ou 27… ça dépend des méthodes.

FARLANE
Eh ! bien, mettons 26 pour faire une Moyenne !

SALMÈQUE
C'est ça, 26 et 15… voyons 26, 27, 28, 29…

FARLANE
Mais non, 40 ! allez donc !

SALMÈQUE
Mais oui 40… et 8, 48… vous voyez ça me revient, et, 45… oh ! oh ! 48 et 45… ça fait… ça fait…

FARLANE
Allez, 83… il ne faut pas lésiner !

SALMÈQUE
Eh ! bien voilà… 83, ça y est.

FARLANE
Comment ça y est ? 83 ! mais alors pourquoi disent-ils 95… Eh ! bien vous voyez… J'en étais sûr ! voulez-vous me permettre (prenant la facture)
attendez ! je vais plus vite que vous…(comptant)
voyons un peu 45 et 8, 48.

SALMÈQUE
Non, 53 !

FARLANE
Bon et 53, 89 et 15, 108.

SALMÈQUE
Où ça 108 ? c'est fort !

FARLANE
Ah ! bon 704 et 15, 719 et 8, 727… 727 et 13, 730.

SALMÈQUE
Permettez ! 740 !

FARLANE
Attendez donc ? je ne peux pas tout compter à la fois… nous disons 730 et alors 740, 1480 et 6, 1486… Voilà ! moi je trouve 1486… les filous ! c'est 1486 et ils comptent 95 francs.

SALMÈQUE
Ah ! ça, comment se fait-il que j'ai trouvé 83 ?

FARLANE
Oh ! vous ne savez pas compter… vous vous serez trompé.

SALMÈQUE
Ou vous !

FARLANE
Oh ! moi ! moi ! mais non y suis… voilà c'est bien simple ! moi j'ai compté, de bas en haut… n'est-ce pas… et vous, vous, vous avez compté de haut en bas… voilà.

SALMÈQUE
C'est évident !

FARLANE
Eh bien ! alors ce coiffeur est un voleur… car de deux choses l'une : ou il a compté par en haut, et il a trouvé 83, ou il a compté par en bas et il a trouvé 1486. Or il nous donne 95 francs c'est un filou !

SALMÈQUE
Pourtant…

FARLANE
Enfin. quoi ! voilà la preuve !… il faut bien qu'il ait commencé par un des deux sens… à moins qu'il n'en ait trouvé un troisième ? mais ça, c'est comme s'il voulait faire, qu'un bâton ait trois bouts… Et puis d'ailleurs c'est bien simple… c'est à vous à trancher, reconnaissez-vous la dette oui ou non ?

SALMÈQUE (À PART.)
Aïe !…qu'est-ce que je vous disais… ça y est ! j'en étais sûr (haut)
mais vous croyez que… alors ça ne suffit pas que…

FARLANE
Mais certainement non, ça ne suffit pas… Je ne suis pas avare, mais enfin vous comprenez que je ne tiens pas à jeter mon argent par la fenêtre comme ça… et ce que j'en ai fait, si je n'ai rien dit, c'est que les questions d'argent, cela me répugne et qu'après tout je voulais vous éviter une humiliation.

SALMÈQUE
Une humiliation… (à part)
mais c'est elle qui devrait plutôt avoir honte !

FARLANE
Oui une humiliation… mais si vous ne reconnaissez pas la dette… moi je ne paye pas et je fais un scandale.

SALMÈQUE
Un scandale Pristi ! vous ne ferez pas ça (à part)
j'aime encore mieux payer… Je me ferai rembourser après la noce… voilà tout (haut)
alors nous disons 95 francs (à part en fouillant dans francs)
et 2 sous pour le timbre.

FARLANE (REGARDANT L'ARGENT, HÉBÉTÉ.)
Comment ! elle rend l'argent !

SALMÈQUE
Oh ! oui, vous regardez la pièce de 100 sous… Je sais, elle est mauvaise… mais vous la ferez passer.

FARLANE
Tiens, c'est vrai… ça ne passe pas.

SALMÈQUE
Les pièces fausses, allons donc ; ce sont celles qui se passent le plus.

FARLANE
Oh ! je la donnerai à quelqu'un au jour de l'an : non, mais vous savez, au moins que ça ne vous gêne pas… Je ne vous demandais pas…

SALMÈQUE
Oh ! mais, comment donc ! je sais, je sais, (à part)
Elle va faire des manières, à présent !

FARLANE
Enfin, comme vous voudrez, je craindrais de vous blesser en refusant (à part)
après tout j'aime autant ça… eh bien ! vrai, je la jugeais mal… Elle est charmante… oh ! je parle moralement, parce que physiquement…

SALMÈQUE (À PART.)
Plus je la regarde, plus je trouve cette femme épouvantable.

FARLANE (À PART.)
Quand je pense qu'il y a des gens qui disent que l'homme ne descend pas du singe…

SALMÈQUE (À PART.)
Ah ! Bah ! le divorce est là.

FARLANE (À PART AVEC RÉSIGNATION.)
Maintenant je sais bien que ça n'est que pour en faire ma femme.

SALMÈQUE (MÊME JEU.)
Et puis l'on me verra si peu à la maison… une républicaine… elle doit respecter la liberté.

FARLANE (MÊME JEU.)
Sans compter qu'il y aura aussi tous les mois de prison. S'il le faut, je déposerai contre elle !

SALMÈQUE (MÊME JEU.)
Enfin !

FARLANE (MÊME JEU.)
Enfin !

SALMÈQUE
Comme vous me regardez ! qu'est-ce que vous avez donc ?

FARLANE
Moi, je vous admire !

SALMÈQUE
Hein !…

FARLANE
Oui ! j'étais en train d'admirer votre beauté !

SALMÈQUE (À PART, AHURI.)
Ma beauté… Comment c'est elle qui… mais ce sont les rôles renversés.

FARLANE
Oui, votre beauté… cette beauté brute qui exige un connaisseur, un chercheur, un érudit, presque, pour être découverte et appréciée et qui, invisible à l'œil nu, je vous l'accorde, demande à être creusée, taillée comme le diamant pour apparaître étincelante et lumineuse comme… comme la lune.

SALMÈQUE
Ah ! que de suavité dans ces compliments de femme…

FARLANE (À PART.)
Je la fascine (haut)
oui avec vos lèvres de corail, votre teint empourpré qui ferait envie à la pivoine en fleur.

SALMÈQUE
Ah ! je vous en prie !

FARLANE (À PART.)
Elle se pâme… (haut)
avec cet œil bleu… ou noir… Est-il bleu ou noir votre œil ?

SALMÈQUE
Vert…

FARLANE
Votre œil vert, aux douceurs félines, à la patte de velours.

SALMÈQUE
La patte de velours de mon œil !

FARLANE
Vous me rappelez les plus belles statues de la Diane.

SALMÈQUE
La Diane ! quelle Diane ?

FARLANE
Mais la Diane… la Diane chasseresse (à part)
la Diane sécheresse plutôt.

SALMÈQUE (À PART.)
La Diane ! En voilà une idée… pourtant je n'ai rien de féminin dans la physionomie… je sais bien qu'un type de beauté ça n'a pas de sexe.

FARLANE (À PART.)
C'est qu'elle prend tout pour de l'argent comptant…

SALMÈQUE
Eh bien ! voulez-vous que je vous dise elle est beaucoup mieux que je ne croyais ! (haut)
ah ! Citoyenne !

FARLANE
Citoyeng ! voilà l'accent qui la reprend (haut)
eh ! bieng !

SALMÈQUE
Eh ! bieng, (à part)
quelle sacrée manière de prononcer ! (haut)
Eh ! bieng, laissez-moi vous dire à mon tour ce que j'ai sur le coeur… vous appréciez ma beauté, je le comprends, mais la beauté que j'ai ne m'empêche pas de goûter aussi celle des autres et, de toutes celles que je connais, vous êtes la plus belle…

FARLANE
Qu'est-ce qu'elle dit ?

SALMÈQUE
Est-il un seul monument au monde qui puisse vous être comparé ? Quand je vois les gens s'extasier devant le Panthéon ; l'Obélisque, les Invalides… mais que sont les Invalides auprès de vous ?

FARLANE
Oh ! les Invalides !

SALMÈQUE
Parfaitement y compris le personnel… et tous les autres monuments, la Madeleine, le Hammam.

SALMÈQUE
Oui je sais bien le Hammam ! c'est déjà d'un art inférieur ; je n'aime pas ce monument mi-rococo mi-mauresque.

FARLANE
Vous dites ?

SALMÈQUE
Je dis mi-rococo mi-mauresque, moitié rococo moitié mauresque, si vous préférez.

FARLANE
Ah ! bon

SALMÈQUE
Enfin je vous mets au-dessus des statutes les plus belles, à commencer par la Vénus de Murillo.

FARLANE
De Milo, donc !

SALMÈQUE
Plaît-il ?

FARLANE
Je dis de Milo donc !

SALMÈQUE
Ah de Milodon, c'est possible ! je savais bien que c'était un nom dans ce genre-là !

FARLANE (À PART.)
Et dire qu'elle n'a même pas vu que la Vénus est une femme ! ah ! c'est vrai qu'elle n'a pas de bras ! c'est une raison !

SALMÈQUE (À PART.)
Cette enfant est visiblement émue.

FARLANE (À PART.)
Je la crois fortement emballée… (haut)
ah ! merci de vos paroles qui m'enivrent… cela me fait du bien… ainsi vous m'aimez ?

SALMÈQUE
Si je vous aime… mais la preuve c'est que je suis ici !

FARLANE (À PART.)
Ah ça, ça n'est pas une preuve ! où serait-elle sinon chez elle ?

SALMÈQUE
C'est pour cela que j'ai quitté ma campagne.

FARLANE
Oui ?

SALMÈQUE
Je savais que je vous trouverais dans cette maison.

FARLANE
Pas possible ! comment ça ?

SALMÈQUE
J'avais lu ça dans le soleil.

FARLANE
Elle lit dans les astres… c'est une magicienne !

SALMÈQUE
Aussi j'ai pris le chemin de fer… un chemin de fer qui va à l'envers et vous envoie des médecins quand on demande des administrateurs… Et puis à Paris j'ai pris l'omnibus… à l'impériale… pour venir ici… c'est même très cher ! on m'avait dit : "Tu donneras 3 sous au conducteur quand il montera". Il est monté quatorze fois… à ce prix-là j'aurais pu prendre une voiture… Enfin, me voilà, et je viens vous dire : "Je vous aime ! "

FARLANE
Et je vous réponds : "Je vous aime ! " Ce qui me permet d'aller droit au fait… voulez-vous m'épouser ?

SALMÈQUE
Hein !… J'allais vous le dire.

FARLANE
Est-il possible ! (à part)
Ah ! si j'avais su, je l'aurais laissé parler la première, pour avoir le beau rôle (haut)
Ah ! Citoyeng !

SALMÈQUE
Citoyeng ! (ils se pressent les mains.)

FARLANE (À PART.)
Elle est encore plus laide de face que de profil !

SALMÈQUE (À PART.)
Non plus on la voit de près, plus on voudrait être loin !

FARLANE
Et maintenant, causons… Donc la première question est tranchée : nous nous aimons, nous le savons,… n'en parlons plus !… Ce qu'il faut voir à présent, c'est le côté pratique… Or, entre nous, nous n'avons plus à faire de simagrées… vous savez aussi bien que moi que ce mariage est avant tout une chose d'intérêt.

SALMÈQUE
D'amour et d'intérêt, parfaitement

FARLANE
Bref, il est avéré, n'est-ce pas, que nous sommes chacun indispensables l'un à l'autre… vous avez lu les journaux, je ne puis rien sans vous, vous, rien sans moi… Epousons-nous donc et avec ce mariage : (chantant.)
A nous les plaisirs Les jeunes maîtresses…

SALMÈQUE
C'est Faust !

FARLANE
Comment c'est faux ?

SALMÈQUE
Je dis, c'est Faust ! c'est dans Faust ce que vous chantez.

FARLANE
Ah bon, je n'y étais pas… non, mais alors c'est entendu… nous sommes unis.

SALMÈQUE
Je crois bien que c'est entendu ! ah ! citoyeng !

FARLANE
Oh ! ma Marie !

SALMÈQUE
Hein ! non, non.

FARLANE
Vous dites ?

SALMÈQUE
Je dis "mon mari" ! vous dites : "ma marie" ! alors je dis "mon mari ! "

FARLANE
"Mon mari ! " Elle m'a appelé son mari… ah ! ma Marie !

SALMÈQUE (CORRIGEANT.)
Mon mari !

FARLANE
Oui, oui mon mari… ah ! ma Marie !

SALMÈQUE (À PART.)
Décidément elle y tient… elle n'est pas très forte en français !

FARLANE
Allons, nous voilà chefs du parti libéral… (à part)
, si j'avais pu être chef d'un autre parti… j'aurais préféré ça… enfin !

SALMÈQUE
Et me voilà chez moi… Désormais cet appartement et cette femme sont à moi… si je pouvais seulement épouser l'appartement sans la femme… (trouvant le balai)
tiens un balai… oh ! quelle idée… une ancienne balayeuse… si je lui montrais un peu que moi aussi… ça la flatterait (haut et prenant le balai)
vous savez que je sais très bien balayer, moi…

FARLANE
Allons donc ! (à part)
oh ! ce n'est pas étonnant, comme ancienne balayeuse !

SALMÈQUE
Oh ! mais je crois bien… tenez, vous allez voir… (il se met à balayer.)

FARLANE
Eh bien ! elle va faire l'appartement… (haut)
ah ! bravo ! bravo !…

SALMÈQUE
Hein ! voyez-vous quelle dextérité !…

FARLANE
Oh ! mais si vous me voyiez cirer les parquets… je suis inimitable… (à part)
je veux qu'elle ait une bonne opinion de moi… (haut)
Tenez, regardez un peu ! (il se met à frotter avec fureur, pendant que Farlane balaie tant qu'il peut.)

SALMÈQUE
Très bien, très bien ! (à part)
C'est bien malin, elle n'a fait que ça toute sa vie ! (haut)
Ah ! c'est très bien !… non mais, voyez… moi !

FARLANE
Oui oui ! mais moi… (frottant avec rage)
Et allez donc ! Et allez donc !… Ouf ! je n'en puis plus !

SALMÈQUE
Je suis moulu ! Ouf ! (ils tombent tous les deux, harassés, sur un fauteuil.)

FARLANE
Eh ! bien, quand nous nous ennuierons, nous pourrons faire des parties comme celle-là.

SALMÈQUE
Oui ! ça n'est pas coûteux et c'est très avantageux !

FARLANE
On n'a pas besoin de domestiques !

SALMÈQUE
N'importe ! je tenais à vous donner ce petit échantillon.

FARLANE
Et moi aussi.

SALMÈQUE
Enfin vous voyez que j'ai un cas de qualités !

FARLANE
Et moi donc ! je suis jeune, le cœur aimant,… bien doué de la nature… le mot fin et mordant. J'ai de l'esprit demandez aux plus bêtes !

SALMÈQUE (À PART.)
Diable ! il faut aller chercher si loin !

FARLANE
… Artiste dans l'âme, je compose de la musique savante… C'est très simple ! Vous prenez une partition d'opérette, vous la mettez la tête en bas, vous jouez à l'envers et vous transcrivez… C'est incompréhensible, mais les dilettantes vous comprennent. C'est faux comme un jeton, mais vous êtes désormais le musicien de l'avenir… et vous appartenez à la nouvelle école… Or vous voyez devant vous, citoyenne, un spécimen de ces musiciens de l'avenir.

SALMÈQUE (À PART.)
Ce qui ne veut pas dire musicien d'avenir !

FARLANE
Enfin, je chante quelque peu, mais sans accompagnement, parce que tous les instruments que l'on croit si perfectionnés, sont tous aussi faux les uns que les autres à côté de ma voix. J'ai le bon ton et les usages du monde. Enfin vous le voyez, je suis d'un High-life achevé !

SALMÈQUE
Oh ! je n'en doute pas… quant à moi je pourrais aussi vous en dire long sur mon compte… mais comme, précisément, j'en aurais trop long…

FARLANE
Et qu'en somme nous savons très bien que nous ne dirons jamais que des choses à notre avantage.

SALMÈQUE
J'aime autant ne pas me vanter et vous dire tout de suite simplement… que j'ai toutes les qualités.

FARLANE
Ah ! nous allons être bien heureux ensemble… Ah ! ma Marie !

SALMÈQUE (À PART.)
Décidément elle y tient ! (haut)
oui mon ange !

FARLANE
Et maintenant laissons l'amour de côté, l'amour comme disait mon père : "… omnia carnis qui facit opera ! " ce qui veut dire…

SALMÈQUE
C'est monsieur Garnier qui a bâti l'Opéra.

FARLANE
Mais non !… "l'amour qui par la chair, accomplit toutes ses œuvres."

SALMÈQUE
Ah ! parfaitement ; il était du midi, monsieur votre père, qu'il parlait patois ?

FARLANE
Ce n'est pas du patois, c'est du latin… mon père était Grec.

SALMÈQUE
Tricheur ?

FARLANE
Mais non, Grec de Grèce (à part.)
- Elle a par moment la compréhension difficile. (haut)
Mais parlons donc un peu de nos projets d'avenir… que ferons-nous ?

SALMÈQUE
Mais il n'y aura rien de changé… sinon un mari de plus ! Vous ferez comme vous faisiez autrefois… vous écrirez des discours,…

FARLANE
Ah ! permettez, c'est vous !

SALMÈQUE
Oh ! moi je ne sais pas les faire !

FARLANE
Comment vous ne… (à part.)
Eh ! bien, je m'en étais toujours douté que les discours n'étaient pas d'elle.

SALMÈQUE
Tandis que vous…

FARLANE
Oh ! permettez-moi, moi… c'est que, pour ça, il faut des capacités, du talent… il ne faut pas être bête !

SALMÈQUE (VOULANT FAIRE L'AIMABLE.)
Oh ! vous êtes la preuve du contraire !

FARLANE
Vous êtes trop aimable ! Mon Dieu… je verrai… oui… je… non mais, maintenant, autre chose… nous fondons un cercle.

SALMÈQUE
Ne faites pas cela, on nous fermerait !

FARLANE
Mais non, un cercle politique, où se regrouperont tous nos partisans, un noyau composé des disciples de nos idées qui s'étendra chaque jour et nous mènera bientôt jusqu'au trône.

SALMÈQUE
Comment, au trône ? Nous, les libéraux !

FARLANE
Nous en ferons un trône républicain, voilà tout !

SALMÈQUE
Eh ! bien, et nos principes anarchiques"

FARLANE
Mais justement ! est-ce que les rois : ne sont pas les plus grands anarchistes puisqu'ils n'ont pas de pouvoir au-dessus d'eux ?

SALMÈQUE
C'est vrai ! et comme cela, tous les royalistes seront pour nous. Oui mais les républicains ?

FARLANE
S'ils ne sont pas contents, on les bloquera.

SALMÈQUE
Et la grande formule : "Liberté - Egalité - Fraternité" ?

FARLANE
Peuh ! une dérision, puisque cela s'écrit sur les murs des prisons… et puis, d'ailleurs, de quoi se plaindront ces messieurs ? N'aurons-nous pas pris la liberté de les fourrer en prison, tous avec la plus grande égalité. Quant à la fraternité, eh ! bien ils s'arrangeront entre eux.

SALMÈQUE
C'est évident ! On ne peut pas leur donner tout à la fois !

FARLANE
Et maintenant nous renversons toutes les institutions actuellement en honneur… nous détruirons tout… d'abord la Légion d'honneur… c'est contre l'égalité.

SALMÈQUE
L'insigne du mérite !… et ça ne se donne qu'aux gens de valeur.

FARLANE
Les gens à qui cela ne sert à rien.

SALMÈQUE
Ouche ! détruisons !

FARLANE
Et les musées, à présent, voilà une chose qu'il faut supprimer ! cet étalage indécent !

SALMÈQUE
Une façon de vous dire : "hein ! vous n'en avez pas autant que cela chez vous ? "

FARLANE
Sans compter qu'ils sont beaux les musées en France ! Quand on pense que l'État ne peut même pas voter une subvention au Louvre pour remplacer de temps en temps tous les vieux tableaux par des neufs !

SALMÈQUE
Et franchement, garder de si grands monuments pour des vieux rossignols…

FARLANE
Maintenant, j'ai un autre grand projet… voilà le divorce que l'on a établi… Eh ! bien moi, je veux le supprimer ! Je n'admets pas qu'on ne puisse avoir qu'une femme à la fois !… je veux la polygamie !

SALMÈQUE
Hein !

FARLANE
Oui la polygamie ! (à part.)
Sans compter que si je l'épouse, je ne serai peut-être pas fâché un jour… (haut)
En somme la polygamie ne fera que régulariser une situation qui existe dans beaucoup de ménages… et ses résultats seront du plus grand avantage à tous les points de vue… Comprenez-moi bien… prenons un homme quelconque : voilà Monsieur X, par exemple, épicier, qui veut épouser Mademoiselle Z.

SALMÈQUE
Je vois ça.

FARLANE
Mais d'abord, mettons bien en regard les deux cas… Le divorce, c'est Monsieur Naquet, bon !… moi… ou plutôt, non ! je ne veux pas mêler ma personnalité à ce débat… prenons n'importe quel nom… celui du premier venu… Victor Hugo !… Donc, M. Naquet est pour Divorce, Victor Hugo, polygamie. C'est un point établi… voilà donc l'épicier…

SALMÈQUE
Pardon ! quel est l'épicier des deux ? Monsieur Naquet ? ou bien…

FARLANE
Mais non ! pas Monsieur Naquet !

SALMÈQUE
Ah ! Victor Hugo ! Tiens je croyais qu'il faisait des vers.

FARLANE
Mais oui parbleu ! Je vous parle d'un épicier quelconque ! Cet épicier aime Mademoiselle Z… N'oubliez pas que le divorce, c'est Naquet. Polygamie, Victor Hugo… Donc voilà l'épicier qui l'épouse…

SALMÈQUE (RÉCAPITULANT)
L'épicier épouse Victor Hugo.

FARLANE
Mais non, c'est l'autre !

SALMÈQUE
C'est Victor Hugo qui épouse l'épicier !… ça revient au même !

FARLANE
Mais non, l'autre, la femme !

SALMÈQUE
Ah ! la femme épouse Victor Hugo ! C'est plus logique !

FARLANE
Mais je ne vous parle pas de Victor Hugo ! C'est l'épicier qui épouse la femme !

SALMÈQUE
Ah ! bien !

FARLANE
Vous y êtes ? Bon ! Donc les voilà mariés… mais voilà qu'après le mariage, l'épicier n'aime plus sa femme et en aime une autre… Que ferons-nous ?

SALMÈQUE
Oui, que ferons-nous ?

FARLANE
Deux solutions se présentent : le Divorce ?… Mais le mari a tous les torts, par conséquent le divorce sera prononcé contre lui et voilà où nous mène Monsieur Naquet : il tue sa femme pour s'en débarrasser !

SALMÈQUE
C'est affreux ! et je pense bien, que, s'il est vrai, comme vous le dites, que M. Naquet a tué sa femme, on le condamne à mort.

FARLANE
Mais Monsieur Naquet, n'a pas tué la femme, c'est l'épicier !

SALMÈQUE
Peu importe que ce soit la femme ou l'épicier. Du moment qu'il a tué quelqu'un il est coupable.

FARLANE (À PART.)
Dieu ! qu'elle est bête (haut.)
Mais vous n'y êtes pas du tout… Monsieur Naquet n'a pas tué l'épicier, puisque c'est au contraire l'épicier…

SALMÈQUE
Qui a tué M. Naquet ? Ah ! c'est abominable ! le pauvre homme !

FARLANE (À PART.)
Il n'y a pas moyen de lui faire comprendre. (haut)
C'est l'épicier qui a tué la femme, là !

SALMÈQUE
Eh ! bien, pourquoi me parlez-vous tout le temps de M. Naquet alors ?

FARLANE
Mais c'est vous qui m'en parlez !: Enfin, voyons la seconde solution… L'épicier aime donc une autre femme : mais il est marié… Eh ! bien, voyez comme c'est simple ! avec la polygamie, pas de dispute, pas de jalousie ! Chacun sa part !… Voilà la solution ! Le mariage ! Naquet dira : "non ! " Victor Hugo dira : "oui ! Il faut les marier ! "

SALMÈQUE
Vous croyez ! mais comment voulez-vous marier Victor Hugo avec Monsieur Naquet ?

FARLANE (ÉCLATANT.)
Mais c'est de l'épicier dont je vous parle ! (à part)
Non, cette femme est bouchée comme on ne l'est pas. (haut)
Enfin, vous n'avez pas besoin de comprendre : nous sommes tous les deux pour la polygamie, voilà tout !

SALMÈQUE
Je crois que cette femme n'est pas très bien équilibrée !

FARLANE
Allons ! c'est égal, pour commencer, voilà un assez joli programme… mais si vous le voulez bien, pour plus de garantie… afin qu'avant le mariage, il ne vous prenne pas fantaisie de changer d'avis… nous allons rédiger un petit traité en double… faire un petit engagement.

SALMÈQUE
Comment donc ! Je n'osais pas vous le demander (prenant des plumes et ce qu'il faut pour écrire sur la table)
Tenez, voici des plumes, du papier.

FARLANE
Ecrivez !

SALMÈQUE
Voilà (il s'installe et écrit.)
Je soussignée la citoyenne Marie m'engage à épouser le citoyen Salmèque…

FARLANE
Non ! Farlane !

SALMÈQUE
Comment Farlane ? Non, Salmèque, S-a-l-m-e-q-u-e.

FARLANE
Jamais de la vie, voyons ! Ça s'écrit comme ça se prononce !

SALMÈQUE
Eh ! bien oui !

FARLANE
Eh ! bien, vous ne voyez pas que vous écrivez Farlane, S-a-l-m-e-q-u-e ? Avec la meilleure volonté du monde, ça n'est pas possible.

SALMÈQUE
Mais je ne m'appelle pas Farlane !

FARLANE
Vous, je sais bien ! mais vous vous appellerez comme cela !

SALMÈQUE
Ah ! bon, vous voulez que je prenne un pseudonyme ?

FARLANE
Comment un pseudonyme ! (à part)
non mais c'est qu'il n'y a rien moyen de lui faire comprendre(haut)
puisque c'est mon nom !

SALMÈQUE
Ah ! parfaitement ! c'est que vous n'êtes pas si connue par votre nom de famille.

FARLANE (À PART.)
Elle bêche mon nom à présent !

SALMÈQUE
Mais permettez,. il me semble tout de même, quand j'y réfléchis, que c'est à la femme à prendre le nom de son mari…

FARLANE
Eh ! bien, c'est ce que je vous dis !

SALMÈQUE
Ah bien ! alors nous sommes d'accord ! Ainsi, comme cela, vous vous appelez Marie Farlane ?

FARLANE
Jamais de la vie ! je m'appelle Thomas Célestin Farlane !

SALMÈQUE
Comment, "Thomas, Célestin" ? Ce sont des noms d'homme, cela !

FARLANE
Dame ! on ne pouvait pas me donner des noms d'animaux cependant !

SALMÈQUE
Eh ! bien, et "Marie" ?

FARLANE
Oh ! celui-là, je m'en passe !

SALMÈQUE
Comment ! mais pourquoi ?

FARLANE
Pourquoi ? Eh ! bien pourquoi pas aussi Joséphine, Amanda,… tout le calendrier alors !

SALMÈQUE
Mais alors, qu'est-ce que vous me chantez donc ? Vous n'êtes pas la citoyenne Marie ?

FARLANE
Tiens ! à qui le dites-vous !

SALMÈQUE
Hein ? Qu'est-ce que vous avez dit ?…

FARLANE
Je dis que je suis le citoyen Farlane !

SALMÈQUE
Un citoyen ! Ah ! mon Dieu… Comment, vous n'êtes pas ! mais c'est une infamie… mais alors, Monsieur, de quel droit vous mettez-vous en travesti ?

FARLANE
Qu'est-ce qu'elle dit ?

SALMÈQUE (FURIEUX.)
Oui enfin, de quel droit vous mettez-vous en homme pour vous faire passer pour une femme ?

FARLANE
Enfin voyons ! vous n'avez pas fini ? Qu'est-ce que vous me racontez là ? Puisque c'est vous…

SALMÈQUE
Moi qui quoi ?

FARLANE
Qui êtes la citoyenne Marie…

SALMÈQUE
Allons ! Bon ! en voilà d'une autre !…

FARLANE
Dame…

SALMÈQUE
Non mais, moquez-vous de moi par-dessus le marché !

FARLANE
Hein ! comment, alors quoi ? vous n'êtes pas… Mais alors, qui êtes-vous, Madame ?

SALMÈQUE
Je suis Monsieur Salmèque !

FARLANE
Hein ! un homme !

SALMÈQUE
Dame ! est-ce que j'ai l'air d'une femme ?…

FARLANE
Quelle impudence ! Et vous ne pouviez pas me le dire depuis le temps… vous me laissez vous raconter mes affaires… C'est de l'indiscrétion…

SALMÈQUE
C'est bien à vous à vous plaindre… Comment, voilà une heure que vous me parlez et que je ne vous connais pas !

FARLANE
C'est votre faute !… d'abord, de quel droit changez-vous de sexe comme cela… Vous savez que cela ne se fait pas sans une autorisation de la préfecture de police !… Non mais… où est-elle, la citoyenne, où est-elle ?

SALMÈQUE
C'est vrai, au fait… C'est pourtant ici qu'elle demeure… tous les journaux d'hier donnaient son adresse.

FARLANE
Mais oui (prenant un journal sur la table.)
Tenez, voici justement un journal… Ah ! mais il est d'aujourd'hui celui-là… Oh ! il doit, bien sûr, y avoir quelque chose… la question du jour… Ah !(lisant)
"Affaire Citoyenne Marie" (parlé.)
Qu'est-ce que je vous disais !

SALMÈQUE
Voyons !

FARLANE (LISANT.)
"Et d'abord rectifions l'erreur commise hier par la plupart de nos confrères… Ce n'est pas 6 rue Bréda mais 6 cité Bréda que demeure la grande citoyenne" (parlé)
Allons donc !

SALMÈQUE
Tout s'explique !

FARLANE (LISANT.)
"Enfin, nous sommes heureux d'annoncer les premiers à nos lecteurs que la grande citoyenne épouse dans quinze jours M. d'Eczéma, le sympathique directeur d'un de nos journaux légitimistes." (Parlé)
Horreur !

SALMÈQUE
Mais c'est une trahison

FARLANE (NAVRÉ, À SALMÈQUE.)
Quel coup ! ah !… citoyenne… non citoyen !

SALMÈQUE
Tiens ! vous n'avez plus d'accent (lui serrant les mains)
Ah ! citoyen !

FARLANE
Tiens ! ni vous non plus !

SALMÈQUE
Mais alors, où sommes-nous ici ?

FARLANE
Ah ! ma foi, je ne sais pas… rue Bréda ?…

SALMÈQUE
Nous ne devons pas être dans le grand monde.

FARLANE
Alors, filons !… (avec un soupir.)
Et adieu la gloire !

SALMÈQUE
Adieu les honneurs !

FARLANE
Non ! quand je pense que j'aurais pu devenir votre époux !

SALMÈQUE
Sapristi, quelle affaire'…. Et vous qui ne vouliez pas du divorce !

FARLANE
Dorénavant, je vote pour M. Naquet !

SALMÈQUE
Et nous devenons légitimistes
(RIDEAU)

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