Pour la vicomtesse d’Auchy


Beauté de qui la grâce étonne la nature,
Il faut donc que je cède à l’injure du sort,
Que je vous abandonne, et, loin de votre port,
M’en aille, au gré du vent, suivre mon avanture !

Il n’est ennuy si grand que celuy que j’endure ;
Et la seule raison qui m’empesche la mort,
C’est la doute que j’ay que ce dernier effort
Ne sust mal employé pour une ame si dure.

Caliste, où pensez-vous ? qu’avez-vous entrepris ?
Vous resoudrez-vous point à borner ce mépris
Qui de ma patience indignement se joue ?

Mais, ô de mon erreur l’étrange nouveauté !
Je vous souhaitte douce, et toutesfois j’avouë
Que je doy mon salut à vostre cruauté.


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