MAURICE, MADAME PÉRUGIX; puis LUCIE.
MADAME PERUGIN(à part.)
Et Lucie qui ne vient pas! (Haut.)
Quelle charmante jeune fille que Berthe!
MAURICE
Une délicieuse personne, en effet… Madame la connaît depuis longtemps?
MADAME PERUGIN
Oh! depuis son enfance! je l'ai vue naître!… aussi j'ai pour elle une amitié…
MAURICE
Qu'elle vous rend, j'en suis sûr… car mademoiselle Berthe paraît avoir un cœur…
MADAME PERUGIN
Un cœur d'or!… ça se voit sur sa figure… En contemplant ces beaux yeux dont l'expression sommeille toujours, cette bouche gracieuse et immobile… on croit voir…
MAURICE
Une statue?
MADAME PERUGIN
La sérénité d'un beau lac… Et pourtant elle est gaie.
MAURICE
Ah! tant mieux!
MADAME PERUGIN
Elle sourit continuellement… même de choses qui ne sont pas plaisantes… Avant-hier, son maître de piano est tombé dans l'escalier… elle a souri… Quel heureux caractère!
MAURICE
Oui. (A part.)
Est-ce qu'elle serait bête?
MADAME PERUGIN
Et puis elle a un esprit d'ordre! Croyez-vous qu'elle ne peut jamais parvenir à dépenser l'argent qu'on lui donne pour sa toilette… Elle place, cette chère petite, elle met à la caisse d'épargne…
MAURICE(à part.)
Elle est intéressée!
MADAME PERUGIN
Ah! c'est une adorable enfant!
MAURICE
Oui… adorable…
MADAME PERUGIN
Je donnerais tout au monde pour que ma fille lui ressemblât!…
MAURICE
Ah! Madame a une fille?
MADAME PERUGIN
Oui… du même âge que Berthe, elles ont été élevées dans la même pension.
MAURICE
Est-ce qu'elles se ressemblent?
MADAME PERUGIN
Oh! du tout!… le jour et la nuit… D'abord Lucie n'est pas jolie… elle est brune.
MAURICE
Mais je vous assure qu'il y a des brunes…
MADAME PERUGIN
Elle a de l'expression… voilà tout!
MAURICE(à part.)
Connu! c'est une petite laideron!
LUCIE(entrant.)
Tu m'as fait demander, maman?
MADAME PERUGIN(à part.)
Enfin!… (Haut.)
Oui, mon enfant.
MAURICE(poussant un cri de surprise en apercevant LUCIE.)
Ah !
MADAME PERUGIN(présentant.)
Ma fille… M. Maurice Duplan… le fils d'un de nos bons amis…
MAURICE(saluant.)
Mademoiselle… (A part.)
Les yeux de Barbara! et elle dit qu'elle n'est pas jolie!
LUCIE
Papa vient de me gronder parce qu'en valsant avec M. Jules j'ai déchiré mon volant de dentelles…
MADAME PERUGIN
Il a raison, tu ne fais attention à rien.
MAURICE
Le mal n'est pas bien grand…
MADAME PERUGIN(l'embrassant.)
Tu n'es qu'une petite gaspilleuse.
LUCIE
Je ne le ferai plus, maman.
MAURICE(à part.)
Pauvre enfant ! est-elle gentille !
LUCIE(changeant de ton.)
Avec tout ça, j'ai perdu mon danseur!
MAURICE(riant.)
Oh! charmant! Mademoiselle voulez-vous me permettre de le remplacer?
LUCIE
Volontiers, monsieur; mais vous prendrez bien garde de marcher sur ma robe…
MAURICE(à MADAME PERUGIN)
Et vous dites qu'elle n'a pas de soin!… Soyez tranquille, mademoiselle, je resterai en l'air le plus que je pourrai.
(Il sort avec LUCIE.)
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Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
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