Le Legs, comédie en un acte de Marivaux créée en 1736, met en scène les jeux subtils de l'amour et de l'intérêt matériel. L'intrigue se déroule autour du chevalier, un jeune homme amoureux de la comtesse, mais hésitant à déclarer ses sentiments par crainte d'être rejeté. Cette situation est compliquée par un legs inattendu : un riche parent du chevalier lui a laissé une importante somme d'argent, à condition qu'il épouse la comtesse. Si celle-ci refuse, l'héritage reviendra à une autre prétendante, Hortense.
Cette condition embarrasse le chevalier, qui craint que la comtesse, en acceptant sa demande, ne soit davantage attirée par l'argent que par l'amour. De son côté, la comtesse, bien qu'amoureuse, dissimule ses sentiments, blessée par le manque d'assurance du chevalier et par son apparente préoccupation pour le legs. Entre eux, les domestiques Lisette et Lepine, avec leurs dialogues pleins d'esprit, agissent comme des miroirs et des catalyseurs des émotions des maîtres.
À travers des échanges piquants et des malentendus, la vérité des sentiments émerge progressivement. L'amour sincère finit par triompher de l'intérêt matériel, révélant la profondeur des personnages au-delà des apparences. Avec cette comédie brillante, Marivaux mêle légèreté et finesse psychologique pour interroger les rapports entre amour, orgueil et argent.
(LE CHEVALIER, HORTENSE.)Le ChevalierLa démarche que vous allez faire auprès du marquis m'alarme.HortenseJe ne risque rien, vous dis-je. Raisonnons. Défunt son parent et le mien lui laisse six cent mille francs, à la charge, il est vrai, de m'épouser, ou...
(LISETTE, LÉPINE, HORTENSE.)HortenseVenez, Lisette ; approchez.LisetteQue souhaitez-vous de nous, Madame ?HortenseRien que vous ne puissiez me dire sans blesser la fidélité que vous devez, vous au marquis, et vous à la comtesse.LisetteTant mieux, Madame.LépineCe début encourage. Nos services vous sont...
(LÉPINE, LISETTE.)LisetteNous n'avons rien à nous dire, monsieur de Lépine. J'ai affaire, et je vous laisse.LépineDoucement, mademoiselle, retardez d'un moment ; je trouve à propos de vous informer d'un petit accident qui m'arrive.LisetteVoyons.LépineD'homme d'honneur, je n'avais pas envisagé vos grâces ...
(LE MARQUIS, LÉPINE, LISETTE.)Le MarquisAh ! vous voici, Lisette ! je suis bien aise de vous trouver.LisetteJe vous suis obligée, monsieur ; mais je m'en allais.Le MarquisVous vous en alliez ? J'avais pourtant quelque chose à vous dire. Êtes-vous un...
(LÉPINE, LISETTE.)LépineSoyons galamment ennemis déclarés ; faisons-nous du mal en toute franchise. Adieu, gentille personne, je vous chéris ni plus ni moins ; gardez-moi votre cœur, c'est un dépôt que je vous laisse.LisetteAdieu, mon pauvre Lépine ; vous êtes peut-être...
(LA COMTESSE, LISETTE.)LisetteVoici ma maîtresse. De l'humeur dont elle est, je crois que cet amour-ci ne la divertira guère. Gare que le marquis ne soit bientôt congédié !La comtesse ( tenant une lettre.)Tenez, Lisette, dites qu'on porte cette lettre à...
La comtesse (, seule.)Elle avait la fureur de rester. Les domestiques sont haïssables ; il n'y a pas jusqu'à leur zèle qui ne vous désoblige. C'est toujours de travers qu'ils vous servent.
(LA COMTESSE, LÉPINE.)LépineMadame, monsieur le marquis vous a vue de loin avec Lisette. Il demande s'il n'y a point de mal qu'il approche ; il a le désir de vous consulter, mais il se fait le scrupule de vous être...
(LA COMTESSE, LÉPINE, LE MARQUIS.)Lépine (appelant le marquis.)Monsieur, venez prendre audience ; madame l'accorde. (À part, au marquis :) Courage, monsieur ; l'accueil est gracieux, presque tendre ; c'est un cœur qui demande qu'on le prenne. (Il sort.)
(LA COMTESSE, LE MARQUIS.)La comtesseEh ! d'où vient donc la cérémonie que vous faites, marquis ? Vous n'y songez pas.Le MarquisMadame, vous avez bien de la bonté ; c'est que j'ai bien des choses à vous dire.La comtesseEffectivement, vous me...
(HORTENSE, LA COMTESSE, LE MARQUIS.)Hortense ( arrêtant le marquis prêt à s'en aller.)Monsieur le marquis, je vous prie, ne vous en allez pas ; nous avons à nous parler, et madame peut être présente.Le MarquisComme vous voudrez, madame.HortenseVous savez ce...
(LE CHEVALIER, HORTENSE, LE MARQUIS, LA COMTESSE.)Hortense (bas au chevalier.)Il accepte ma main, mais de mauvaise grâce ; ce n'est qu'une ruse, ne vous effrayez pas.Le Chevalier (à part.)Vous m'inquiétez. (Haut.) Eh bien, madame, il ne me reste plus d'espérance,...
(LA COMTESSE, HORTENSE, LE CHEVALIER, LE MARQUIS, LISETTE.)HortenseVoici Lisette qui entre ; je vais lui dire de nous l'aller chercher. Lisette, on doit passer ce soir un contrat de mariage entre M. le marquis et moi ; il veut tout...
(LE MARQUIS, LA COMTESSE, LE CHEVALIER, HORTENSE, LÉPINE, LISETTE.)LépineQui est-ce qui m'appelle ?LisetteVite, vite, à cheval. Il s'agit d'un contrat de mariage entre madame et votre maître, et il faut aller à Paris chercher le notaire de M. le marquis.Lépine...
(HORTENSE, LE MARQUIS, LA COMTESSE, LE CHEVALIER.)HortenseAh çà, vous allez faire votre billet ; j'en vais écrire un qu'on laissera chez moi en passant.Le MarquisOui-da ; mais consultez-vous ; si par hasard vous ne m'aimiez pas, tant pis ; car...
(LE MARQUIS, LA COMTESSE.)Le MarquisJe n'en reviens point ! C'est le diable qui m'en veut. Vous voulez que cette fille-là m'aime.La comtesseNon ; mais elle est assez mutine pour vous épouser. Croyez-moi, terminez avec elle.Le MarquisSi je lui offrais cent...
(LE CHEVALIER, HORTENSE, LE MARQUIS, LA COMTESSE.)Le MarquisVoulez-vous bien revenir ? J'ai un petit mot à vous communiquer.HortenseDe quoi s'agit-il donc ?Le ChevalierVous me rappelez aussi ; dois-je en tirer un bon augure ?HortenseJe croyais que vous alliez écrire.Le MarquisRien...
(LA COMTESSE, LE MARQUIS, LE CHEVALIER.)Le Chevalier (à part.)À tout ce que je vois, mon espérance renaît un peu.(Il va pour sortir.)La comtesse (l'arrêtant.)Restez, chevalier ; parlons un peu de ceci. Y eut-il jamais rien de pareil ? Qu'en pensez-vous,...
(LE MARQUIS, LA COMTESSE.)Le MarquisEh bien ! suis-je assez à plaindre ?La comtesseEh ! monsieur, délivrez-vous d'elle, et donnez-lui les deux cent mille francs.Le MarquisDeux cent mille francs plutôt que de l'épouser ! Non, parbleu ! je n'irai pas m'incommoder...
La comtesse (, seule.)Qu'on me dise en vertu de quoi cet homme-là s'est mis dans la tête que je ne l'aime point ! Je suis quelquefois, par impatience, tentée de lui dire que je l'aime, pour lui montrer qu'il n'est...
(LÉPINE, LA COMTESSE.)LépinePuis-je prendre la licence de m'approcher de madame la comtesse ?La comtesseQu'as-tu à me dire ?LépineDe nous rendre réconciliés, M. le marquis et moi.La comtesseIl est vrai qu'avec l'esprit tourné comme il l'a, il est homme à te...
(LISETTE, LA COMTESSE, LÉPINE.)Lépine (à Lisette.)Mademoiselle, vous allez trouver le temps orageux ; mais ce n'est qu'une gentillesse de ma façon pour obtenir votre cœur.
(LISETTE, LA COMTESSE.)LisetteQue veut-il dire ?La comtesseAh ! c'est donc vous ?LisetteOui, madame ; et la poste n'était point partie. Eh bien ! que vous a dit le marquis ?La comtesseVous méritez bien que je l'épouse !LisetteJe ne sais pas...
(LE MARQUIS, LA COMTESSE.)Le MarquisVoici cette lettre que je viens de faire pour le notaire, mais je ne sais pas si elle partira ; je ne suis pas d'accord avec moi-même. On dit que vous souhaitez me parler, comtesse ?La...
(LA COMTESSE, LE MARQUIS, HORTENSE, LE CHEVALIER, LISETTE, LÉPINE.)HortenseVotre billet est-il prêt, marquis ? Mais vous baisez la main de la comtesse, ce me semble ?Le MarquisOui ; c'est pour la remercier du peu de regret que j'ai aux deux...
L'Île des esclaves, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1725, se déroule sur une île utopique où les rapports sociaux sont inversés pour rétablir la justice. L'intrigue débute...
L'Île de la raison, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1727, se déroule sur une île imaginaire gouvernée par la raison et la vérité, où les habitants vivent...
L'Heureux Stratagème, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1733, raconte les manœuvres subtiles de deux amants pour raviver leur amour mis à l'épreuve. La marquise et le chevalier,...
L'Héritier de village, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1725, raconte les mésaventures d’un jeune homme naïf, Eraste, nouvellement désigné comme héritier d’un riche villageois. L’histoire se déroule...
Les Serments indiscrets, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1732, explore les contradictions de l’amour et de la parole donnée. L’intrigue tourne autour de Lucile et Damis, deux...
Les Fausses Confidences, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1737, met en scène les stratagèmes de l’amour et les jeux de manipulation pour conquérir un cœur. L’histoire suit...
Les Acteurs de bonne foi, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1748, joue sur la frontière entre réalité et fiction en mettant en scène une troupe de comédiens...
L'Épreuve, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1740, explore les jeux de la séduction et la sincérité des sentiments à travers une intrigue délicate et malicieuse. Lucidor, un...
L'École des mères, comédie en un acte écrite par Marivaux en 1732, explore les relations complexes entre une mère autoritaire et sa fille en quête d’autonomie. Madame Argante, une veuve...
Le Triomphe de l’amour, comédie en trois actes écrite par Marivaux en 1732, explore les jeux de manipulation et de déguisement orchestrés par l’amour. L’histoire met en scène Léonide, une...