(CARMOSINE ET PERILLO VIENNENT DU FOND .)
CARMOSINE
Il faut me le promettre, Antoine. Songez à ce que deviendrait mon père si Dieu me retirait de ce monde.
PERILLO
Pourquoi ces cruelles pensées ? vous ne parliez pas ainsi tout à l'heure.
CARMOSINE
Songez que je suis ce qu'il aime le mieux, presque sa seule joie sur la terre. S'il venait à me perdre, je ne sais vraiment pas comment il supporterait ce malheur. S'il est vrai que vous m'avez aimée, vous prendrez ma place après moi.
PERILLO
Rien après vous !
CARMOSINE
Vous la prendrez, si vous êtes honnête homme… Je vous lègue mon père.
PERILLO
Carmosine !… Vous me parlez, en vérité, comme si vous aviez un pied dans la tombe. Cette romance que, tout à l'heure, vous vous plaisiez à répéter, je ne m'y suis pas trompé, j'en suis sûr, c'est votre histoire, c'est pour vous qu'elle est faite, c'est votre secret : vous voulez mourir.
CARMOSINE
Prends garde ! Ne parle pas si haut.
PERILLO
Vous me recommandiez votre père… Vous ne voudriez pas tuer sa fille !
CARMOSINE
Ce n'est pas la peine, mon ami ; la mort n'a que faire d'une main si faible.
PERILLO
Mais vous souhaitez donc qu'elle vienne ? Pourquoi trompez-vous votre père ? Pourquoi affectez- vous devant lui ce repos, cet espoir que vous n'avez pas, cette sorte de joie qui est si loin de vous ?
CARMOSINE
Non, pas si loin que tu peux le croire. Lorsque Dieu nous appelle à lui, il nous envoie, n'en doute point, des messagers secrets qui nous avertissent. J'espère, j'espère être heureuse. J'en ai déjà de charmants présages.
PERILLO
Vous l'aimez beaucoup, Carmosine.
CARMOSINE
De qui parles-tu ?
PERILLO
Je n'en sais rien ; mais la mort seule n'a point tant d'attraits.
CARMOSINE
Écoute. Ne fais pas de vaines conjectures, et ne cherche pas à pénétrer un secret qui ne saurait être bon à personne ; tu l'apprendras quand je ne serai plus. Tu vas maintenant aller dans ma chambre ; voici une clef, tu ouvriras un coffre qui est derrière le chevet de mon lit, tu y trouveras une robe de fête… je ne la porterai plus, celle-là, je l'ai portée aux fêtes de la reine, lorsque pour la première fois… Il y a dessous un papier écrit, que tu prendras et que tu garderas ; je te le confie… à toi seul, n'est-ce pas ?
PERILLO
Votre testament, Carmosine ?
CARMOSINE
Oh ! cela ne mérite pas d'être appelé ainsi. De quoi puis-je disposer au monde ? C'est bien peu de chose que ces adieux qu'on laisse malgré soi à la vie, et qu'on nomme dernières volontés ! Tu y trouveras ta part, Perillo.
PERILLO
Ma part ! Dieu juste, quelle horreur !… Et vous pensez qu'il est possible…
CARMOSINE
Épargne-moi, épargne-moi. Nous en reparlerons tout à l'heure, il se fait tard. Va, mon ami, fais ce que je t'ai dit.
PERILLO(en sortant.)
Ah ! cela est horrible !
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