(LES PRÉCÉDENTS , SER VESPASIANO .)
SER VESPASIANO
Bonsoir, chère dame. — Salut, maître Bernard.
MAÎTRE BERNARD
Bonjour ; ne parlez pas si haut.
SER VESPASIANO
Que vois-je ! la perle de mon âme à demi privée de sentiment ! Ses yeux d'azur presque fermés à la lumière, et les lis remplaçant les roses !
DAME PÂQUE
C'est le troisième accès depuis deux jours.
SER VESPASIANO
Père infortuné ! tendre mère ! combien je sympathise avec votre douleur !
CARMOSINE(à Bernard qui veut sortir.)
Mon père, ne vous éloignez pas !
SER VESPASIANO(à Bernard.)
Votre aimable fille vous rappelle, maître Bernard.
MAÎTRE BERNARD
Allez au diable, monsieur, et laissez-nous en repos chez nous !
(On apporte le souper.)
CARMOSINE(à son père.)
Ne soyez donc pas triste ; venez près de moi. Je veux vous verser un verre de vin.
MAÎTRE BERNARD(assis près d'elle.)
Ô mon enfant ! que ne puis-je t'offrir ainsi tout le sang que la vieillesse a laissé dans mes veines, pour ajouter un jour à tes jours !
SER VESPASIANO(s'asseyant près de dame Pâque.)
Après ce que votre mari vient de me dire, je ne sais trop si je dois rester.
DAME PÂQUE
Plaisantez-vous ? est-ce qu'un homme de votre mérite fait attention à de pareilles choses ?
SER VESPASIANO
Il est vrai. — Voilà un rôti qui a une terrible mine.
CARMOSINE(à son père.)
Dites-moi, qu'est-ce qu'il faut que je mange ? Conseillez-moi, donnez-moi votre avis.
MAÎTRE BERNARD
Pas de cela, ma chère, prends ceci, oui, je crois du moins ; … hélas ! je ne sais pas.
SER VESPASIANO
Elle détourne les yeux quand je la regarde. Croyez-vous que je réussisse ?
DAME PÂQUE
Hélas ! peut-on vous résister ?
SER VESPASIANO
Que ne m'est-il permis de fendre mon cœur en deux avec ce poignard, et d'en offrir la moitié à une personne que je respecte… Il m'est impossible de m'expliquer.
DAME PÂQUE
Et il m'est défendu de vous entendre.
(On entend chanter dans la rue.)
CARMOSINE
N'est-ce pas la voix de Minuccio ?
SER VESPASIANO
Oui, ma reine toute belle ; c'est Minuccio d'Arezzo lui-même. Il sautille sous ces fenêtres.
CARMOSINE
Priez-le de monter ici, mon père ; il égaiera notre souper.
MAÎTRE BERNARD(à la fenêtre.)
Holà ! Minuccio, mon ami, viens ici souper avec nous. Le voilà qui monte, il me fait signe de la tête.
SER VESPASIANO
C'est un musicien remarquable, fort bon chanteur et joueur d'instruments. Le roi l'écoute volontiers, et il a su, avec ses aubades, s'attirer la protection des gens de cour. Il nous sonna fort doucement l'autre soir d'une guitare qu'il avait apportée, avec certaines amoureuses et tout à fait gracieuses ariettes ; nous sommes là une demi-douzaine qui avons des bontés pour lui.
Un caprice, comédie en un acte écrite par Alfred de Musset en 1837, explore les subtilités des sentiments et les jeux d’amour dans un cadre bourgeois. L’histoire met en scène...
On ne saurait penser à tout, comédie en un acte écrite par Alfred de Musset en 1849, explore les petites absurdités de la vie conjugale et les quiproquos liés aux...
On ne badine pas avec l’amour, drame en trois actes écrit par Alfred de Musset en 1834, raconte une histoire d'amour tragique où les jeux de séduction et de fierté...
Louison, comédie en un acte écrite par Alfred de Musset en 1849, met en scène une situation légère et pleine de malice autour des thèmes de l’amour, de la jalousie...
Lorenzaccio, drame romantique écrit par Alfred de Musset en 1834, raconte l’histoire de Lorenzo de Médicis, surnommé Lorenzaccio, un jeune homme partagé entre ses idéaux de liberté et le cynisme...