Désambois, Horace ; puis Magis
Désambois (seul)
Ce mariage n'est pas encore fait… Comme tuteur, j'ai le droit de dire mon petit mot !…
Horace (sortant de sa chambre.)
J'ai mis la cravate blanche…
Désambois (à part)
Le militaire !
Horace
Avez-vous vu ma tante ?
Désambois
Elle me quitte à l'instant.
Horace
Eh bien, j'espère que vous êtes content, n'est-ce pas ?
Désambois
Mais…
Horace
Hein ! vous ne vous attendiez pas à celle-là !… Moi non plus !
Désambois
Je vous avoue qu'un pareil revirement…
Horace
Voyez-vous, entre nous, votre bonhomme ne pouvait pas faire l'affaire.
Désambois
Qu'appelez-vous mon bonhomme ?
Horace
Eh bien… le petit !… Un monsieur qui consacre son existence à surveiller la reproduction des charançons !
Désambois
Monsieur, je goûte peu les plaisanteries quand elles s'adressent à la science.
Horace
Vous appelez ça la science, vous ?… Mon cher monsieur Désambois, laissez-moi vous dire que vous ne vous y connaissez pas.
Désambois (avec ironie)
Vraiment !
Horace
Pas le moins du monde… La science, voyez-vous, c'est comme la peinture à l'huile, permettez-moi cette comparaison…
Désambois (révolté)
S'il est possible !…
Horace
Pour que cela tienne, pour que cela soit solide… il faut trois couches !… c'est long à sécher, mais cela dure. Eh bien, nous avons de par le monde une bande de petits poseurs, sérieux ; graves, avec de grands mots dans la bouche… ça étonne les imbéciles !
Désambois (furieux)
Monsieur…
Horace
Ce n'est pas pour vous que je dis cela ! Mais frottez-les, ces petits messieurs… ils n'ont qu'une couche… leur science s'écaille sous l'ongle, ce n'est pas de la peinture, c'est du vernis.
Désambois (ironiquement)
Et peut-on vous demander, sans indiscrétion, combien vous avez reçu de couches… puisque couche il y a ?…
Horace
Oh ! moi, je ne me donne pas pour un savant… Cependant, je pourrais… par hasard… savoir des choses que d'autres ne savent pas.
Désambois
Vous ? Vous m'étonnez !
Horace (à part)
Pableu ! je suis curieux de la creuser, sa science ! Je vais lui poser un problème abracadabrant. (Haut.)
Monsieur Désambois, pourriez-vous me dire quelle est la force motrice d'un moulin à vent, dont le meunier serait très sourd… en pleine rotation, par un vent moyen, sur un angle de cinq degrés huit dixièmes ?… Allez…
Désambois (ébouriffé.)
Un moulin à vent… dont le meunier serait très sourd… sur un angle…
Horace
Vous voyez bien que vous ne le savez pas…
Désambois
Mais donnez-moi le temps ! je le sais peut-être.
Horace
Eh bien, si votre ami… le petit de Vierzon… trouve celui-là… je paye un punch.
Désambois
Un punch ? Je ne prends pas de punch.
Horace (apercevant Magis qui paraît au fond.)
Tenez, le voici, ce pauvre garçon ! je vous laisse avec lui ; accomplissez votre mission, faites-lui part de mon mariage… avec ménagement…
Désambois
C'est bien, monsieur ! (À part.)
Il m'exaspère, ce soldat !
Horace (au fond, saluant Magis)
Monsieur !…
Magis (saluant)
Monsieur !…
Horace
Je crois que M. Désambois a une petite communication à vous faire.
Magis
Je vous remercie, monsieur.
(Ils se saluent.)
Horace
Il n'y a pas de quoi !
(Il entre dans le bal.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
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