Madame de Guy, Désambois
Madame de Guy
Ah ! monsieur Désambois… je vous cherchais…
Désambois
M. votre neveu m'a dit que vous aviez une communication à me faire.
Madame de Guy
Oui… Ah ! je suis bien heureuse, allez ! tout est changé.
Désambois
Quoi ?
Madame de Guy
Horace aime Lucile… et Lucile aime Horace.
Désambois
Comment ! Et bien, et M. Magis ?
Madame de Guy
Voilà justement la difficulté… Mais j'ai compté sur vous pour lui faire entendre qu'il ne doit plus songer à cette union.
Désambois
Sur moi ? Permettez, madame… ceci est grave, ceci est très grave…
Madame de Guy
Cela arrive tous les jours : on remercie un prétendu, un autre le remplace.
Désambois
Ma réponse sera courte… Votre proposition m'étonne et me surprend… Je suis un homme sérieux, madame ; le candidat que je vous ai présenté… et que vous avez agréé… est un homme sérieux aussi… et vous voulez que j'aille me faire près de lui le complice de vos variations… je dirai même de vos caprices… si je ne craignais de manquer à une femme que je respecte et que j'honore !
Madame de Guy
Mais je vous répète, monsieur, que mon neveu et ma nièce s'aiment.
Désambois
Ceci me touche peu.
Madame de Guy
Comment !
Désambois
Moi aussi, madame, j'ai aimé… l'année dernière.
Madame de Guy
Vous ? Ah ! par exemple !
Désambois
C'était une maîtresse de pension, une femme considérable par l'esprit et le savoir…. munie de ses diplômes, car elle avait passé tous ses examens en séance publique à l'Hôtel de Ville. Je lui fus présenté par un professeur de grammaire… un philologue éminent. Cette dame m'accueillit favorablement d'abord… je lui fis trois visites… un peu longues, peut-être… dans lesquelles nous traitâmes différentes questions scientifiques ou morales… À la troisième, elle me fit entendre que la présence assidue d'un homme, jeune encore, pouvait nuire à la considération de son pensionnat… J'appréciai cette raison de haute convenance… je cessai mes visites pendant un mois !
Madame de Guy
Et au bout d'un mois ?
Désambois
J'appris qu'elle venait de se marier avec le maître à danser de son établissement.
Madame de Guy
Oh ! pauvre monsieur Désambois ! Et que fîtes-vous ?
Désambois (avec orgueil.)
J'appris le grec, madame… et je fus guéri !
Madame de Guy (riant)
C'est un remède héroïque !…
Désambois
Pourquoi M. votre neveu ne suivrait-il pas mon exemple ?
Madame de Guy
Comment ! vous voulez qu'Horace apprenne le grec ?
Désambois
C'est une langue mère.
Madame de Guy
Il ne s'agit pas de cela… Voyons, rendez-moi le service que je vous demande… M. Magis va venir.
Désambois
Non, madame… ne comptez pas sur moi !
Madame de Guy
Une fois, deux fois… vous ne voulez pas ?
Désambois
Non, madame…
Madame de Guy
Eh bien, c'est moi qui le préviendrai… mais vous n'êtes pas aimable… (Apercevant des invités qui passent.)
Ah ! on arrive… je vous quitte… mais je voudrais pouvoir vous dire en grec… que vous êtes un homme affreux !… (De la porte.)
Affreux !
(Elle rentre dans le bal.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...