ACTE II - Scène V

ARSENE
(entrant par le fond à droite. )
Monsieur a sonné?

TACAREL
(à part. )
Le domestique de la Champbaudet !… oïe !… oïe!…
(Il se détourne.)

MADEMOISELLE NINA
(à ARSENE. )
Allez dans ma chambre… vous ouvrirez l'armoire à glace… vous verrez une tapisserie enveloppée dans un journal… vous nous l'apporterez.

ARSENE
Bon, dans un journal…
(Il sort.)

TACAREL
(à part. )
Il s'est placé ici, cet animal !

LETRINQUIER
(à TACAREL. )
Vous allez voir… ça vous intéressera… car entre l'architecture et la tapisserie… il y a naturellement un lien… naturel !

TACAREL
Les arts sont frères.

LETRINQUIER
Comme vous dites… donc la tapisserie est frère… de l'architecture…
(Tous rient.)

TACAREL
Voilà ! (A part.)
Je donnerais quelque chose pour avoir son buste !

ARSENE
(rentrant. )
V'là un paquet!… C'est-y ça?
(Il en tire une longue natte de cheveux.)

TOUS
(jetant un cri d'étonnement. )
Hein ?

LETRINQUIER
(vivement. )
Ce n'est pas à ma fille ! c'est à ma sœur ! MADEMOISELLE

NINA
(jetant un cri désespéré. )
Ah !
(Elle arrache la natte des mains d'ARSENE et la fourre vivement dans sa poche.)

ARSENE
(obligeamment. )
Madame, il en passe !

MADEMOISELLE NINA
(outrée. )
Imbécile! butor! sortez!… retournez à votre cuisine ! (A part.)
Ah ! il me le payera !

ARSENE
(à part. )
Ah ! ben !… C'est-y ma faute si elles en portent toutes!…
(Il sort à droite au fond.)

MADEMOISELLE NINA
D'ailleurs, ce n'est pas à moi… c'est pour une de mes amies de province… qui a eu des chagrins.

LETRINQUIER
Oui… son mari la traînait par les cheveux, et alors…

TACAREL
Elle se les est fait couper… c'est tout naturel.

LETRINQUIER
(à part. )
Rompons les chiens !… (Haut.)
Pour en revenir à notre immeuble…(Bas, à TACAREL.)
Entre nous, la mèche est à elle.

TACAREL
(bas, riant. )
Je m'en doutais. (Haut et tenant le plan de Letrinquier.)
Pardon… vous n'auriez pas une règle et un compas?

LETRINQUIER
Si… là… dans mon cabinet… je vais vous accompagner…

TACAREL
Non ! je ne souffrirai pas ! vous avez du monde…

LETRINQUIER
Au moins, ne manquez pas de regarder au-dessus de mon bureau une tête de
Romulus aux deux crayons… ouvrage de ma fille !

TACAREL
(galamment à CAROLINE. )
Tous les talents… et toutes les grâces !

TOUS
(le complimentant de sa galanterie. )
Ah !

TACAREL
(saluant. )
Mesdames, messieurs… (A part.)
Ils ont de bonnes têtes, rue du Foin.
(Il sort par la droite, deuxième plan.)


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