La pièce "Deux merles blancs", écrite par Eugène Labiche en collaboration avec Alfred Delacour en 1858, est une comédie en un acte qui repose sur des quiproquos et une satire sociale. Elle traite de l’ambition, de la ruse et des illusions de grandeur, tout en explorant les travers des milieux artistiques et des aspirations bourgeoises de l’époque.
L’intrigue suit deux personnages, Pétillon et Gobillot, deux écrivains médiocres et désespérés de percer dans le monde du théâtre. Frustrés par leur manque de succès, ils décident de s’associer pour écrire une pièce. Pour la rendre plus attrayante et se démarquer, ils prétendent qu’il s’agit de l’œuvre d’un auteur étranger exceptionnel, un "merle blanc", une expression désignant une rareté extraordinaire. Ce subterfuge leur permet de susciter l’intérêt des directeurs de théâtre et du public.
Cependant, leur plan ingénieux se heurte à une série de complications et de malentendus. Ils doivent jongler avec des personnages secondaires, notamment des directeurs de théâtre, des critiques et des acteurs, qui compliquent la situation. Les deux "merles blancs" se retrouvent vite dépassés par leur propre supercherie et doivent faire face à des situations absurdes et comiques pour éviter que la vérité ne soit révélée.
Cette pièce, tout en étant une farce légère, offre une critique humoristique du monde artistique, où la réputation et l’apparence priment souvent sur le talent réel. Elle tourne également en dérision les ambitions démesurées et les impostures qui surgissent dans la quête de succès et de reconnaissance.
Le premier acte, en Bretagne, au château de Boismouchy. — Le deuxième, à Paris, chez madame de Saint-Albano. — Le troisième, à Trouville, chez William Track.Le théâtre représente un vieux salon gothique, ouvrant par trois portes sur un parc. —...
DEUX DOMESTIQUES, puis LA MARQUISE DE BOISMOUCHY.PREMIER DOMESTIQUE(assis à droite, regardant son camarade frotter les meubles avec acharnement.)Mais arrête-toi donc !… S'il n'a pas l'air d'une manivelle !DEUXIEME DOMESTIQUE(s'arrêtant.)C'est fini… Ah! j'ai chaud!PREMIER DOMESTIQUEPas moi !…DEUXIEME DOMESTIQUEJe crois bien! tu...
MOUILLEBECLA MARQUISE.LA MARQUISE(qui a pris un tricot et travaille.)Ah ! notre maître d'école !…MOUILLEBEC(saluant.)Permettez-moi, madame la marquise, de déposer mes très humbles et très respectueuses…LA MARQUISE(l'interrompant.)Vous venez donner à mon fils sa leçon de latin?MOUILLEBEC(tirant sa montre.)Il est neuf heures…...
MONTDESIR(saluant.)Madame la marquise, je vous présente mes devoirs…MOUILLEBEC(à part.)C'est un joli homme.MONTDESIRJe ne vous cache pas que je suis impatient de voir mon futur gendre… que je ne connais pas encore.LA MARQUISE(embarrassée.)On va servir le déjeuner… et je pense…MONTDESIRHier à...
MARIE(regardant autour d'elle.)Mais, mon père… je ne vois pas…MONTDESIRTon prétendu?… nous l'attendons…LA MARQUISEOui… je suis même étonnée… (A part.) Est-il insupportable avec sa chasse! pourvu qu'il ne lui soit rien arrivé! (On entend le son du cor.) Ah! je l'entends!…...
MONTDESIR(revenant à ALIDOR.)Mon cher ami, vous aboyez très gentiment… c'est une justice à vous rendre…ALIDOREt le mouton!… savez-vous faire le mouton?… (Il imite le cri du mouton.) Mè… mè…MONTDESIRAssez ! assez !… Je dois vous avouer franchement que vous n'avez...
MOUILLEBECVous avez désiré me parler?…MONTDESIR(s'asseyant sur le canapé.)Oui… asseyez-vous!… (MOUILLEBEC va prendre une chaise au fond et s'assied au milieu du théâtre.) Plus près… (MOUILLEBEC se rapproche.) Avec vous, on peut causer… vous êtes un vieux renard.MOUILLEBECUn renard?MONTDESIREnfin, vous avez...
MONTDESIR(seul.)Deux merles blancs!… sapristi! ça me contrarie!… pas le vieux… ça m'est égal!… il peut rester comme il est!… mais mon gendre!… je ne veux pas donner ma fille à un homme aussi… primitif!… c'est très dangereux!… J'ai connu à...
LA MARQUISE(entrant par la droite, éplorée.)Ah! monsieur de Montdésir… vous me voyez désolée…MONTDESIR(se levant.)Qu'y a-t-il donc, belle dame?…LA MARQUISEJe viens de causer avec votre fille… Elle refuse la main d'Alidor…MONTDESIR(à part.)Ah! diable!…LA MARQUISEUn si excellent garçon!… Mais que lui manque-t-il?MONTDESIRRien…...
MOUILLEBEC(paraissant au fond, venant de gauche.)Madame la marquise veut-elle autoriser le jardinier à me prêter une bêche?…LA MARQUISE(à elle-même.)Mouillebec ! voilà l'homme qu'il me faut!MOUILLEBECJe vais planter mes pommes de terre, et alors…LA MARQUISE(allant à MOUILLEBEC avec empressement.)Mon ami, voulez-vous...
Salon très élégant. — Une porte au fond. — Deux portes à droite et à gauche, troisième plan. —Une fenêtre à gauche, deuxième plan. — A droite, deuxième plan, une cheminée. — A gauche, un guéridon et deux sièges; sur...
(JUSTIN, en gilet de panne rouge à manches, finit d'arranger des fleurs dans le vase au-dessus du divan.)JUSTINC'est singulier… Madame est rentrée hier soir de son théâtre avec un nez long comme ça! elle avait cependant un bien beau rôle...
ALIDOR(tirant une pomme de sa poche et mordant à même.)Dites donc, père Mouillebec… c'est du beau monde ici…MOUILLEBEC(tirant de sa poche, enveloppé dans du papier, un gâteau dit chausson et mordant dedans.)Je crois bien!… une dame qui se lève à...
JUSTIN(entrant par la gauche.)Je viens de parler à madame Taupin…MOUILLEBECMadame Taupin?…JUSTINOui… la dame de compagnie de madame de Saint-Albano… on ne pourra pas vous recevoir avant midi.(Il passe près du guéridon.)MOUILLEBEC(tirant sa montre.)Neuf heures et demie… Qu'est-ce que nous allons...
JUSTIN(seul.)En voilà deux originaux !MADAME TAUPIN(entrant par la gauche.)Justin !JUSTINMadame Taupin?MADAME TAUPINIls sont partis, ces messieurs?JUSTINCe ne sont pas des messieurs… ce sont des paysans.MADAME TAUPINDes parents de madame sans doute…JUSTINOh! je ne crois pas… ils m'ont l'air de deux...
TRACK(seul, gesticulant avec la chaise dont il arrache successivement tous les barreaux.)En Amérique, vingt coups de bâton à l'un, vingt coups de bâton à l'autre… on les ferait parler… on saurait la vérité… mais ici… rien ! Sortie !… pas...
ROSA(seule.)Ah! il m'ennuie, ce Chinois-là… avec son Mississipi… et ses bateaux à vapeur… qui sautent en l'air! Ah! s'il ne devait pas m'épouser un jour!MADAME TAUPIN(entrant par la droite.)Madame… (Voyant les débris.) Ah!… Mademoiselle Minette est là qui vous attend.ROSAFais-la...
TRACKNe vous dérangez pas ! (Au domestique.) Pose tout cela et va-t'en ! (Le domestique met la potiche au-dessus du divan, puis donne la statuette à MADAME TAUPIN, qui la place sur l'étagère et sort par le fond avec le...
ROSA(écoutant.)Il descend l'escalier… (Se levant vivement et courant au fond.) Parti!… délivrons-les… (Par réflexion.) Bah! le vieux est bien là… laissons-le. (Ouvrant la porte de gauche et appelant.)Monsieur Alidor ! monsieur Alidor !MOUILLEBEC(entrouvraut la porte de droite.)Peut-on entrer?…(Il entre.)ROSA(contrariée.)L'autre!MOUILLEBEC(tenant une...
TRACK(s'approchant de ROSA.)C'est votre bouquet que j'avais oublié dans ma voiture…ROSADes fleurs! quand j'ai une migraine affreuse!MADAME TAUPIN(repoussant TRACK.)Pouah! Emportez ça!ROSAVous voulez donc ma mort?TRACKMais non! mais non! Comment allez-vous?ROSAPlus mal!MADAME TAUPINHorriblement mal!TRACKAllons! je vous laisse… à demain…ROSAA demain! (Elle...
MOUILLEBEC(entrouvrant la porte de gauche.)Peut-on entrer?MADAME TAUPIN(très aimable.)Sans doute!(Elle va à lui. — ROSA va ouvrir la porte de droite.)MOUILLEBEC(à part, entrant.)Quelle drôle de manière de recevoir les gens!ALIDOR(entrant par la droite.)Là! j'ai fait ma barbe!… d'habitude, j'en donne l'étrenne...
ROSAEnfin… nous voilà seuls, monsieur Alidor…ALIDORMon Dieu, oui… Mais, si vous avez quelque chose à faire… du linge à raccommoder… ne vous gênez pas pour moi!…ROSAMais pas du tout!… je n'ai rien à raccommoder, je suis au contraire bien aise...
ALIDOR, puis MINETTE.ALIDOR(très agité.)O Vénus! ô Vénus!… fille de l'onde qui est ta mère!… Je sens que je suis pris dans ton carquois, comme un lapin dans un collet !… (Apercevant MINETTE, qui entre par le fond.) Une fâme.MINETTE(descendant à...
ROSA(entrant et apercevant ALIDOR.)Hein!MOUILLEBEC(courant à ALIDOR.)Que vois-je ! malheureux! (Il le relève.) Vous vous croyez donc sous Louis XV?… (Aux dames.)Mesdames, veuillez excuser…ROSACe n'est pas à lui qu'il faut s'en prendre… car, sans les coquetteries de madame…MINETTEMes coquetteries? parlez des...
MOUILLEBECUne comédienne! une femme de théâtre!… (A ALIDOR.) Vite, votre chapeau!ROSAQu'est-ce qui vous prend?MOUILLEBECEt moi qui viens d'écrire à madame de Boismouchy que nous étions chez une femme du monde.ROSAEh bien, je ne suis donc pas du monde?MOUILLEBECFi! madame, fi!...
TRACK(soupçonneux.)A table?… Ah! ah!… il paraît que votre migraine va mieux?ROSAOui, mon ami…MOUILLEBEC(très troublé.)Oui… mon ami…TRACK(se retournant.)Hein! quel est cet homme?MOUILLEBEC(à part.)Il m'a vu!…ROSAUn nouveau domestique, puisque vous avez renvoyé Justin…TRACKC'est juste!… (A MOUILLEBEC.) D'où es-tu!MOUILLEBEC(ému.)De Bretagne… Breton… de Bretagne…ROSA(à...
Un jardin. — A droite, premier plan, une cuisine avec une porte ouvrant sur le théâtre, et une fenêtre faisant face au public. — Devant la fenêtre un banc de pierre. — A gauche, au premier plan, un pavillon praticable...
MOUILLEBEC(seul; il est en groom et cire une paire de bottes.)Ça ne veut pas reluire!… (Il crache sur la brosse et frotte vivement.) Être dans l'enseignement et cirer des bottes!… fatalité!… anankê !… comme disent les Grecs… (Avec rage.) et...
ALIDOR(toujours en cuisinier, tenant un poulet non plumé à la main. — Il a l'air mélancolique, porte la main sur sou cœur et pousse un énorme soupir.)Heu!… que je l'aime! Bonté divine! que je l'aime!MADAME TAUPINPlus bas, donc !MOUILLEBECIl nous...
ALIDOR(assis sur le banc et à part.)Allons, plumons!… plumer pour elle, c'est encore du bonheur!(Il plume son poulet.)MOUILLEBEC(reprenant sa botte et venant s'asseoir à côté d'ALIDOR. — Il cire. — A part.)Pauvre garçon, il me fait de la peine!… (Haut.)...
ALIDOR(seul.)Il est parti… donnons bien vite le signal… (Il tire des pipeaux de son tablier.) Je me suis fabriqué ça avec mon couteau et deux roseaux… ça imite la guitare…(Il souffle dans ses pipeaux.)TRACK(en dehors.)Mille millions de cannes à sucre ...
ALIDOR(se levant et le regardant sortir, après avoir posé son poulet sur le banc.)Promène-toi, va, promène-toi… S'il pouvait marcher sur du persil!… on dit que ça porte malheur!ROSA(paraissant sur le seuil du pavillon.)Etes-vous seul?ALIDOROui, il vient de partir… l'homme des...
MOUILLEBECEh bien!… ils dansent!…ROSAOh ! le vieux !MOUILLEBEC(prêchant, sa hotte sur le dos, et à ROSA.)Ah! madame! voilà donc où nous conduit l'entraînement des passions ! Sénèque a bien raison lorsqu'il dit Nihil non longa demolitur…ROSADu latin! je file! (Elle...
TRACK(entrant par la gauche au fond.)Thomas !MOUILLEBECAh! c'est vous, monsieur?…TRACKJe viens de faire le tour des murs… je n'ai rencontré personne… qu'un cantonnier… Je lui ai essayé le chapeau… il ne lui va pas…MOUILLEBECParbleu !TRACK(soupçonneux.)Pourquoi dis-tu : "Parbleu?"MOUILLEBECMoi?… je dis ...
MOUILLEBEC(seul, revenant en scène.)Des pièges à loup, maintenant!… Ah! il me tarde de voir arriver le beau-père avec son moyen ingénieux!ALIDOR(sortant du pavillon.)L'omelette de monsieur!(Il remet le plat à MADAME TAUPIN, qui paraît à la porte du pavillon, et il...
TOUS(se retournant.)Quel est ce bruit?MADAME TAUPIN(sortant du pavillon.)Ah! mon Dieu! quel homme!ROSAQuoi?MADAME TAUPINC'est encore votre sauvage!… je ne sais ce qu'il a… A peine a-t-il eu goûté à l'omelette, qu'il a renversé la table…ALIDORJ'aurai peut-être oublié d'y mettre du sel!(MADAME...
(MONTDESIR entre par le fond à droite; il est en nègre. — Livrée de domestique.)TRACK(apercevant MONTDESIR.)Ah! enfin! Voilà Un nègre! (Le prenant par le bras, et lui donnant des coups de cravache.)Tiens! tiens! tiens!…MONTDESIR(sautant sous les coups.)Oye! oye! oye!(Il se...
MOUILLEBEC(qui a posé des arrosoirs près du puits.)Ah! ah! nous allons voir!ALIDORNous allons manger de l'Américain !MONTDESIRIl ne s'agit pas de ça… cachez-moi quelque part!TOUSHein?ALIDORIl canne !TRACK(en dehors.)Ne vous impatientez pas !MONTDESIRJe l'entends!… je file!…(Il sort vivement parle fond à...
TRACK(sortant du pavillon, furieux, avec une boite à pistolets.)Monsieur, je suis à vos ordres… Comment ! parti?…ROSAIl vous attend.TRACKOù ça?ROSA(à part.)Je vais te faire voyager. (Haut.) A l'hôtel des Trois-Pistolets, à Bruxelles…ALIDOREn Sardaigne !MOUILLEBEC(criant.)En Belgique !TRACKJe n'irai pas !ROSA(à part.)C'est...
ROSA(se mettant à danser en chantant.)Part pour BruxellesMonsieur de Frambroisy !TOUS(l'imitant.)Part pour Bruxelles,Et nous restons ici !Tra la, la, la,Etc.(Tous descendent en chantant et en dansant.)ROSA et MADAME TAUPINParti !MOUILLEBECPlus de bottes à cirer !ROSANous voilà seuls !ALIDOREt pour trois...
TRACK(entrant par le fond à droite et les voyant à l'ouvrage.)Tous à la besogne… c'est bien !ROSA(à TRACK.)Vous ! qui vous ramène ?(Elle pose son arrosoir.)TRACKJ'ai fait une réflexion… Avant de m'engager dans ce duel… dont les chances sont inconnues…...
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...
(Le théâtre représente une chambre à coucher. — Au fond, au milieu, un lit avec des rideaux. À côté, une table de nuit. À droite et à gauche du lit,...
Le théâtre représente une salle à manger. — Porte au fond. — Deux portes latérales au premier plan. — Sur le deuxième plan, à la droite du public, une porte...
(Invités des deux sexes. - Gens de la noce.)(La scène est à Paris.)(Chez Fadinard)(Un salon octogone. — Au fond, porte à deux battants s'ouvrant sur la scène. — Une porte...
(Une place. — Un café avec une tente et des tables à gauche. — Une maison à droite, portant le numéro 7 et dont la porte est surmontée d'une enseigne...
(Un salon. — Porte principale au fond. — Portes latérales. — Dans les deux pans coupés, deux autres portes, vitrées et garnies de rideaux blancs : celle de gauche conduit...