MOUILLEBEC
(paraissant au fond, venant de gauche.)
Madame la marquise veut-elle autoriser le jardinier à me prêter une bêche?…
LA MARQUISE
(à elle-même.)
Mouillebec ! voilà l'homme qu'il me faut!
MOUILLEBEC
Je vais planter mes pommes de terre, et alors…
LA MARQUISE
(allant à MOUILLEBEC avec empressement.)
Mon ami, voulez-vous me rendre un grand, un éminent service?…
MOUILLEBEC
Parlez, madame la marquise!
LA MARQUISE
Mon fils part dans un instant pour Paris… vous allez l'accompagner!
MOUILLEBEC
(stupéfait.)
Moi? aller à Paris!
MONTDESIR
(à part, montrant sa lettre.)
Tiens!… j'ai envie d'ajouter un post-scriptum pour le précepteur!
MOUILLEBEC
Et mes pommes de terre qui ne sont pas plantées! et mon école!
MONTDESIR
C'est demain dimanche, vous serez de retour lundi.
MOUILLEBEC
Mais, monsieur, partir dans ce négligé…
MONTDESIR
Vous vous habillerez en passant chez vous.
(LA MARQUISE va tirer un cordon de sonnette à gauche : deux domestiques arrivent par le fond à gauche; elle remonte et leur donne tout bas quelques ordres. — Les domestiques s'éloignent par où ils sont venus.)
MOUILLEBEC
C'est ça… Quelles sont mes instructions?…
MONTDESIR
Vous déposerez chez mon neveu… votre élève, cette lettre et ce portefeuille garni de billets de banque…
(Il lui donne un portefeuille et une lettre.)
MOUILLEBEC
Mais…
MONTDESIR
Vous n'avez pas besoin de comprendre!
MOUILLEBEC
Ça suffit… (A part.)
C'est une mission secrète!
(Il gagne la gauche.)
ALIDOR
(il est habillé et entre par la gauche.)
J'ai mis mon beau gilet à ramages!
LA MARQUISE
(courant à lui et l'embrassant.)
Ah! mon fils! mon enfant!
MOUILLEBEC
(s'essuyant les yeux.)
C'est déchirant!
ALIDOR
Qu'est-ce qui est mort?
LA MARQUISE
Personne! mais tu pars! tu vas me quitter!
ALIDOR
(tranquillement.)
Tiens! tiens! tiens!
LA MARQUISE
Heureusement que Mouillebec t'accompagne…
ALIDOR
Tiens! tiens! tiens! (A MOUILLEBEC.)
Et où allons-nous?…
MOUILLEBEC
(avec importance.)
Monsieur le marquis, je ne peux pas vous le dire, c'est mission secrète!
(Les deux domestiques rentrent par le fond à gauche et apportent plusieurs fioles et paquets. — LA MARQUISE les leur prend des mains et les donne à son fils, qui en met une partie dans ses poches et donne le reste à MOUILLEBEC.)
LA MARQUISE
Alidor, pas d'imprudence!… soigne-toi bien… Voilà du vulnéraire… du chocolat… des biscuits… des pruneaux!
ALIDOR
Des pruneaux! Pauvre mère! elle pense à tout!
MONTDESIR
Allons, allons, ne perdons pas de temps.
ALIDOR
(prenant la main de LA MARQUISE et avec expression.)
Adieu, maman!… je vous recommande mes chiens.
(Ils s'embrassent.)
MARIE
(qui est entrée par la droite, bas, à son père.)
Il part! mon mariage est donc rompu?
MONTDESIR
(bas.)
Nous en reparlerons dans quinze jours !
(ENSEMBLE AIR d'Haydée.)
LA MARQUISE
Quand à partir tout les engage,
Je dois ici réprimer ma douleur;
Soumettons-nous, si ce voyage
Peut à jamais assurer son bonheur.
MONTDESIR
Quand à partir tout les engage,
Il faut ici réprimer sa douleur;
Soumettez-vous, car ce voyage
- .
Doit à jamais assurer son bonheur.
ALIDOR et MOUILLEBEC
Puisqu'à partir on nous engage,
Pourquoi montrer ici de la douleur?
Je pressens que dans ce voyage
Nous trouverons et plaisir et bonheur.
MARIE
Puisqu'à partir on les engage,
Tout est rompu, sans doute… quel bonheur !
Ne disons rien, mais ce voyage
Me rend heureuse et réjouit mon cœur.
LES DEUX DOMESTIQUES.
Eh! quoi! pour un simple voyage,
Faut-il ici montrer tant de douleur!
Je croyais à son mariage;
Mais, je le vois, nous étions dans l'erreur.
(LA MARQUISE embrasse une dernière fois son fils. — Le rideau baisse.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...