JOCASTE, ÉGINE, ARASPE, le chœur.
Araspe
Oui, ce peuple expirant, dont je suis l'interprète,
D'une commune voix accuse Philoctète,
Madame ; et les destins, dans ce triste séjour,
Pour nous sauver, sans doute, ont permis son retour.
Jocaste
Qu'ai-je entendu, grands dieux !
Égine
Ma surprise est extrême !…
Jocaste
Qui ? Lui ! Qui ? Philoctète !
Araspe
Oui, madame, lui-même.
À quel autre, en effet, pourraient-ils imputer
Un meurtre qu'à nos yeux il sembla méditer ?
Il haïssait Laïus, on le sait ; et sa haine
Aux yeux de votre époux ne se cachait qu'à peine ;
La jeunesse imprudente aisément se trahit ;
Son front mal déguisé découvrait son dépit ;
J'ignore quel sujet animait sa colère ;
Mais au seul nom du roi, trop prompt et trop sincère,
Esclave d'un courroux qu'il ne pouvait dompter,
Jusques à la menace il osa s'emporter ;
Il partit ; et, depuis, sa destinée errante
Ramena sur nos bords sa fortune flottante.
Même il était dans Thèbe en ces temps malheureux
Que le ciel a marqués d'un parricide affreux ;
Depuis ce jour fatal, avec quelque apparence
De nos peuples sur lui tomba la défiance.
Que dis-je ? Assez longtemps les soupçons des thébains
Entre Phorbas et lui flottèrent incertains.
Cependant ce grand nom qu'il s'acquit dans la guerre,
Ce titre si fameux de vengeur de la terre,
Ce respect qu'aux héros nous portons malgré nous,
Fit taire nos soupçons, et suspendit nos coups.
Mais les temps sont changés : Thèbe, en ce jour funeste,
D'un respect dangereux dépouillera le reste ;
En vain sa gloire parle à ces cœurs agités ;
Les dieux veulent du sang, et sont seuls écoutés.
Premier personnage du chœur
Ô reine ! Ayez pitié d'un peuple qui vous aime ;
Imitez de ces dieux la justice suprême ;
Livrez-nous leur victime ; adressez-leur nos vœux ;
Qui peut mieux les toucher qu'un cœur si digne d'eux ?
Jocaste
Pour fléchir leur courroux s'il ne faut que ma vie,
Hélas ! C'est sans regret que je la sacrifie.
Thébains, qui me croyez encor quelques vertus,
Je vous offre mon sang : n'exigez rien de plus.
Allez.
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