Célimare
(seul)
Il ouvre le secrétaire au fond, à droite, et y prend un petit coffret très élégant.
Là… est ma petite collection les lettres de ces dames… Je ne le cache pas… j'ai aimé les dames (gracieusement)
et je les aime encore, et je les aimerai toujours ; mais, au moment de me marier, je ne puis garder chez moi ces souvenirs charmants… J'ai fait allumer le bûcher… et je vais consommer le sacrifice. Voyons… on dit que le feu purifie tout. (Prenant un paquet de lettres dans le coffre qu'il dépose sur la table, il s'assied.)
Ah ! les lettres de Ninette… ma dernière… une grande écriture rageuse… comme son caractère… (Il se lève.)
C'est égal ! c'est une femme qui avait de jolis détails ! D'abord elle avait un mari… J'ai toujours aimé les femmes mariées… Une femme qui a un mari… un ménage… cela vous fait un intérieur… et puis c'est rangé, et c'est honnête… et il est si difficile aujourd'hui d'avoir pour maîtresse une femme complètement honnête ! Quant à la dépense… des bouquets… quelques sacs de bonbons… rien du tout ! Par exemple, il y a le mari… une espèce de gêneur qui s'éprend pour vous d'une amitié furieuse… qui vous raconte ses affaires, vous demande conseil, vous charge de ses commissions… ça, c'est le revers ; moi, j'ai toujours soigné le mari… c'est mon système… Ainsi, celui de Ninette… Bocardon… un courtier en indigo… nous nous tutoyons… mais ces liaisons-là n'ont pas de racines… voilà ce qu'il y a de commode… ça se tranche comme avec un couteau… C'est pourtant un brave garçon, que ce Bocardon… très serviable… Ainsi, toutes ces lettres, c'est lui qui me les a apportées… dans son chapeau… Nous étions convenus d'un signal avec Ninette… quand Bocardon me disait : "Ah ! à propos ! ma femme m'a chargé de te demander ce que tu penses des Nord…" ça voulait dire : "Ma femme t'a écrit… regarde sous la coiffe de mon chapeau… à gauche…" Je regardais, et… (Montrant les lettres.)
Voilà. C'est une femme d'ordre… elle économisait les timbres-postes !… Pauvres gens ! je vais bien leur manquer… Je décidais tout dans la maison… j'étais leur intendant… côté du cœur. Allons ! brûlons ces souvenirs !… Came fait de la peine… mais bah ! (Il jette les lettres au feu.)
Adieu, Ninette !… Adieu, Bocardon. (Prenant une autre liasse dans le coffret.)
Passons à une autre !
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...