(SABOULEUX ; PUIS GOBERVAL ; PUIS PÉPINOIS.)
SABOULEUX(seul. )
Sont-ils embêtants avec leur robe ! Je n'ai, ici, en velours, qu'un vieux fauteuil… Je ne peux pourtant pas lui mettre le fauteuil ! Que le diable emporte les Claquepont !… J'aime bien mieux les parents de Toto, mon autre nourrisson ; ils me laissent tranquille, au moins, ceux-là… Voyons… si je pouvais ôter ma culotte, et en faire une robe… (Il est à droite et fait le mouvement de relever sa robe.)
GOBERVAL(entrant par le fond et s'adressant à gauche.)
Madame Sabouleux, s'il vous plaît ?
SABOULEUX
Oh ! (Il baisse vivement le bas de sa robe.)
Vélà ! vélà ! (Il passe à gauche.)
GOBERVAL(essuyant ses lunettes et s'adressant à droite.)
Est-ce à madame Sabouleux, nourrice, que j'ai l'honneur de présenter mes hommages… les plus empressés ?
SABOULEUX(à part.)
V'là un vieux poli avec le sexe. (Haut.)
C'est moi-même, monsieur.
GOBERVAL(se retournant du côté gauche.)
Sommes-nous seuls ?
SABOULEUX
Entièrement.
GOBERVAL
Deux mots vous diront qui je suis et l'objet qui m'amène…
SABOULEUX(à part, reculant. )
Ah çà, est-ce qu'il voudrait m'en conter ?… Je tape d'abord ! (Haut.)
Continuez.
GOBERVAL(mystérieusement.)
Voici ces deux mots : "Bon lait et mystère ! "
SABOULEUX(s'oubliant.)
Ah ! sacrédié ! la devise à Toto !…
GOBERVAL
Oui, le fruit blâmable d'un neveu… que j'aurais dû maudire…
SABOULEUX(avec indulgence.)
Oh ! pourquoi ça ?… pourquoi ça ?…
GOBERVAL
Il y quinze jours, je reçus une lettre de Batavia…
SABOULEUX
Au-dessus de Tonnerre
GOBERVAL
Cette missive contenait l'aveu de sa faute dans des termes si… si bien écrits, que mes entrailles s'émurent… Je viens tout réparer et payer les frais de nourrice…
SABOULEUX
Payer les frais ! (Vivement, et fouillant dans le tiroir de la table.)
Voici la note !… (À part.)
J'ai bien fait de la saler. (Il offre un papier à Goberval.)
GOBERVAL
Tout à l'heure… voyons d'abord l'enfant…
SABOULEUX(à part.)
Allons, bon ! il est aux foins ! (Haut.)
Commençons toujours par la note…
GOBERVAL(prenant la note.)
Je la vérifierai… Non !… commençons par l'enfant… Où est-il ?
SABOULEUX
Il étudie son piano…
GOBERVAL
Ah !… c'est très bien !
SABOULEUX(à part.)
À trois lieues d'ici.
GOBERVAL
Eh bien, allez le chercher !… allez !… (Il s'assied à droite.)
SABOULEUX
Oui. Il va venir… je l'attends… (À part.)
Où diable en pêcher un ?…
PÉPINOIS(en dehors.)
Père Sabouleux !…
SABOULEUX
Voilà !
GOBERVAL
Ah ! le voilà donc, ce cher enfant !… (Tout en essuyant ses lunettes.)
Approchez, jeune homme… (En se levant, il fait tomber sa chaise et la relève.)
SABOULEUX(à part.)
Jeune homme !… Il le prend pour Toto… (Vivement à Pépinois, qui entre par le fond en habits d'homme.)
Baisse-toi ! ( Il le fait baisser.)
GOBERVAL(sans voir Pépinois.)
Voltaire l'a dit : "Les fautes des pères ne doivent pas retomber sur la tête des enfants…"
PÉPINOIS(interloqué.)
Monsieur ?
SABOULEUX
Il l'a dit !
GOBERVAL
Je viens à toi sans amertume… cher enfant !… (Il se baisse et embrasse Pépinois sur le front.)
PÉPINOIS(toujours baissé.)
Monsieur… est bien bon ! (À Sabouleux.)
Qu'est-ce qu'y me veut ?
SABOULEUX(bas. )
Baisse-toi !
GOBERVAL
C'est le pardon sur les lèvres… que mon cœur te crie : Pauvre innocente créature !… (Il pose la main sur la tête de Pépinois, qui se relève de toute sa hauteur.)
Qu'est-ce que c'est que ça ?… Cet enfant a plus de huit ans !…
SABOULEUX
Baisse-toi !
PÉPINOIS
Vingt-sept aux betteraves !
GOBERVAL(outré.)
Femme Sabouleux !… Je conçois les plus étranges soupçons… Je vous somme péremptoirement de me livrer ce jeune adulte…
SABOULEUX
Voilà la chose… Le cousin Sabouleux m'ayant prêté son âne…
GOBERVAL
Si dans cinq minutes vous ne m'avez pas satisfait, j'irai déposer ma plainte aux pieds des autorités compétentes. (Il entre à droite.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...