(Dom Sanche, Dom Alvar)
Dom Sanche
Un bruit sourd vers la porte entendu,
Dans l'attente d'un fils à mes souhaits si chère…
Mais ne le vois-je pas ? Ah, mon fils !
Dom Alvar
Ah, mon père.
Dom Sanche
Je puis donc te revoir ?
Dom Alvar
C'est donc vous que je vois ?
Dom Sanche
Ah, qu'avec que raison tu doutes si c'est moi !
Dans l'affront que je pleure et qui me désespère,
Tu peux, tu peux, mon fils, méconnoître ton père.
La rougeur de mon front t'empêche d'y trouver
Ces traits que la Nature y sut jadis graver,
Tu les cherches en vain, mais sûr de ma vengeance,
Si je dois aujourd'hui t'expliquer mon offense,
J'ai l'avantage au moins qu'en ton ressentiment
Tu n'auras de ma honte à rougir qu'un moment.
Dom Alvar
Ce moment est trop long, hâtez-vous de m'apprendre
Quel sang pour l'effacer il faut aller répandre.
Dom Sanche
Te dirai-je, mon fils, que l'affront est si bas,
Qu'il seroit trop vengé, s'il l'étoit par ton bras ?
Pour un lâche ennemi capable de surprise
La générosité n'est pas même permise,
Ne t'inquiète point de mon honneur perdu,
S'il lui faut une vie, on m'en a répondu,
Il périra, le traître.
Dom Alvar
Ah, que voulez-vous faire ?
Dom Sanche
Te remettre en état de m'avouer pour père.
Dom Alvar
Me réserveriez-vous à cette lâcheté,
De souffrir…
Dom Sanche
Il aura ce qu'il a mérité.
Où l'offense est indigne et basse et lâche et noire
Tout ce qui la répare est toujours plein de gloire,
Fer, poison, tout est beau, quand il n'est point douteux,
Et pourvu qu'on se venge il n'est rien de honteux.
Dom Alvar
Expliquez-vous enfin, et sachons cette offense.
Dom Sanche
Elle est…Ah, tout mon sang en frémit quand j'y pense,
Il se trouble, il s'indigne au nom de l'offenseur,
Si tu le veux savoir, apprends-le de ta sœur.
Dom Alvar
Où courez vous, mon père ?
Dom Sanche
Il faut que je l'appelle.
Dom Alvar
Pensez vous…
Dom Sanche
Oui, mon fils, tu sauras mieux tout d'elle.
Dom Alvar
Peut-être…
Dom Sanche
Je l'amène ici dans un moment.
Dom Alvar
( Seul.)
Puis-je encore me connoître en cet événement ?
Dom Lope aime ma sœur, et moi-même à ma honte
J'assure un rendez-vous au feu qui le surmonte.
Ah, suivons…mais hélas ! ne précipitons rien,
S'il offense mon sang, j'ai répandu le sien,
Et lors qu'avec que lui ma parole m'engage,
Consentir à sa perte est manquer de courage ;
Et puis, si ce point seul nous rendoit ennemis,
Que lui puis-je imputer que je n'ai point commis ?
Il brûle pour Jacinte, et j'adore Cassandre.
Mais qu'il tarde à venir ! L'auroit-on pu surprendre ?
Si j'ai bien entendu d'un et d'autre côté
Une porte au besoin le met en sûreté.
Puisqu'il peut s'échapper, quel obstacle l'arrête ?
La pièce "Stilicon" de Thomas Corneille est une tragédie historique en cinq actes qui se déroule dans la Rome antique et met en scène des intrigues politiques, des trahisons, des...
La pièce "Persée et Démétrius" de Thomas Corneille est une tragédie en cinq actes qui explore les thèmes de la rivalité familiale, de l’ambition politique, de la jalousie et des...
La pièce "L'Inconnu" de Thomas Corneille est une comédie en cinq actes où les thèmes de l'amour, des stratagèmes et des quiproquos sont centraux. L'histoire met en scène une veuve,...
La pièce "Le Galant doublé" de Thomas Corneille est une comédie qui repose sur des quiproquos, des déguisements et des intrigues amoureuses. L’histoire tourne autour de Dom Fernand, un jeune...
La pièce "Le Festin de pierre", écrite par Thomas Corneille et créée en 1677, est une adaptation en vers de la célèbre comédie "Dom Juan" de Molière (1665). Elle raconte...