Courtin ; puis Amélie ; puis Un Tapissier ; puis Vatinelle
Courtin
Il me plaît, ce gaillard-là !… il est actif… Il ne m'a pas même remercié !… Mais, dans les affaires, On ne se remercie pas… on se paye !
Amélie (entrant)
Georges n'est pas rentré ?
Courtin
Non… il flâne, il promène ses petites mains sur le boulevard !
Anna
Mon père, vous êtes cruel pour lui… qui est si bon !
Courtin
Ma fille, l'oisiveté est la mère de tous les vices ; je ne sors pas de là !
Amélie (riant.)
Oh ! c'est bien ancien, ce que vous dites là !
Courtin
J'y vois clair… Cela finira mal. Ton mari estdans une mauvaise voie, et… (Un tapissier paraît au fond.)
Qu'est-ce ?
Le Tapissier
M. Vatinelle ?
Courtin
C'est ici.
Le Tapissier
Je viens pour une petite note… une fourniture de meubles.
Anna
Nous n'avons pas commandé de meubles.
Courtin (prenant la note)
Voyons ? (Lisant.)
"Meubles fournis pour le compte de M. de Vatinelle, à mademoiselle Coralie, danseuse…"
Anna
Hein ?
Courtin
"À l'Académie impériale de musique, rue Tronchet, 24. "
Anna
Une danseuse !
Courtin (au tapissier.)
C'est bien… On passera.
(Le tapissier sort.)
Anna
Non !… ce n'est pas possible !
Courtin (parcourant la facture.)
"Un canapé Soubise, six chaises Cupidon… etc. etc. Total : Trois mille huit cents francs. "
Anna
Une danseuse !… Il me trompait ! Ah !
(Elle se jette dans un fauteuil et pleure.)
Courtin
Je te le disais bien… L'oisiveté est la mère de toutes les danseuses… Non !… de tous les vices !…
Vatinelle (entrant gaiement.)
J'ai la loge !… mais ça n'a pas été sans peine ! (Apercevant Amélie qui pleure.)
Amélie !… ma femme !…
Courtin (l'arrêtant.)
Elle sait tout, monsieur !
Vatinelle
Quoi ?
Courtin
Trois mille huit cents francs.
(Il lui donne la note.)
Vatinelle
Qu'est-ce que c'est que ça ?
Courtin (le repoussant.)
Six chaises Cupidon !… Une danseuse !… Vous me faites horreur !
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