Présentation de l'oeuvre
Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau, publiées en 1782, sont une œuvre autobiographique qui marque une rupture avec les conventions littéraires de son époque. Rousseau y explore sa vie de manière intimiste, révélant ses pensées les plus profondes ainsi que ses expériences personnelles, souvent marquées par des passions vives et des conflits intérieurs. L’auteur se présente comme un être en quête de vérité et d’authenticité, cherchant à dépeindre son parcours avec honnêteté et introspection.
Dans cette œuvre, Rousseau évoque son enfance en Suisse, son rapport à la nature et aux êtres humains, ainsi que ses relations tumultueuses. Il aborde ses amitiés, ses amours et ses ressentiments, tout en analysant les effets que ces expériences ont eu sur sa personnalité. Les Confessions ne se contentent pas de relater des événements biographiques, elles offrent également une réflexion sur la condition humaine, la société et la place de l’individu dans le monde. Rousseau s'interroge sur l'authenticité de ses sentiments et la construction de son identité, tout en cherchant à comprendre sa position en tant qu'écrivain et penseur.
L'œuvre se distingue par son style franc et direct, où Rousseau n'hésite pas à exposer ses failles et ses contradictions. Il se montre à la fois vulnérable et critique, exprimant ses doutes et ses tourments, mais aussi ses aspirations et ses idéaux. Les Confessions deviennent ainsi un miroir de son âme, un récit où se mêlent joie et souffrance, émerveillement et déception. Rousseau aborde des thèmes universels tels que la solitude, la quête de reconnaissance et le désir de connexion, tout en inscrivant sa réflexion dans le contexte de son époque, marqué par les bouleversements politiques et sociaux.
Les Confessions représentent une exploration profonde de soi, à travers laquelle Rousseau tente d'éclairer non seulement sa propre vie, mais également les principes qui régissent la nature humaine. C'est une œuvre qui a ouvert la voie à l'autobiographie moderne, posant la question du sujet et de l'identité, tout en offrant un aperçu fascinant de l’esprit d’un homme qui s'est sans cesse interrogé sur sa place dans le monde.
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Livre I : 1712-1728
Extrait
Je forme une entreprise qui n’eut jamais d’exemple, et dont l’exécution n’aura point d’imitateur. Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature, et cet homme, ce sera moi.Moi seul. Je sens mon cœur,...
Livre II : 1728-1731
Extrait
Autant le moment où l’effroi me suggéra le projet de fuir m’avait paru triste, autant celui où je l’exécutai me parut charmant. Encore enfant, quitter mon pays, mes parents, mes appuis, mes ressources ; laisser un apprentissage à moitié fait...
Livre III : 1728-1731
Extrait
Sorti de chez madame de Vercellis à peu près comme j’y étais entré, je retournai chez mon ancienne hôtesse, et j’y restai cinq ou six semaines, durant lesquelles la santé, la jeunesse et l’oisiveté me rendirent souvent mon tempérament importun....
Livre IV : 1731-1732
Extrait
J'arrive, et je ne la trouve plus. Qu’on juge de ma surprise et de ma douleur ! C’est alors que le regret d’avoir lâchement abandonné M. le Maître commença de se faire sentir. Il fut plus vif encore quand j’appris...
Livre V : 1732-1736
Extrait
Ce fut, ce me semble, en 1732 que j’arrivai à Chambéri, comme je viens de le dire, et que je commençai d’être employé au cadastre pour le service du roi. J’avais vingt ans passés, près de vingt et un. J’étais...
Livre VI :1736
Extrait
Hoc erat in votis : modus agri non ita magnus,Hortus ubi, et tecto vicinus jugis aquae fons ;Et paulum sylvae super his foret…Je ne puis pas ajouter :Auctius atqueDi melius fecere : ;mais n’importe, il ne m’en fallait pas davantage...
Livre VII : 1741
Extrait
Après deux ans de silence et de patience, malgré mes résolutions, je reprends la plume. Lecteur, suspendez votre jugement sur les raisons qui m’y forcent : vous n’en pouvez juger qu’après m’avoir lu.On a vu s’écouler ma paisible jeunesse dans...
Livre VIII : 1749
Extrait
J’ai dû faire une pause à la fin du précédent Livre. Avec celui-ci commence, dans sa première origine, la longue chaîne de mes malheurs.Ayant vécu dans deux des plus brillantes maisons de Paris, je n’avais pas laissé, malgré mon peu...
Livre IX : 1756
Extrait
L’impatience d’habiter l’Ermitage ne me permit pas d’attendre le retour de la belle saison ; et sitôt que mon logement fut prêt, je me hâtai de m’y rendre, aux grandes huées de la coterie holbachique, qui prédisait hautement que je...
Livre X : 1758
Extrait
La force extraordinaire qu’une effervescence passagère m’avait donnée pour quitter l’Ermitage m’abandonna sitôt que j’en fus dehors. À peine fus-je établi dans ma nouvelle demeure, que de vives et fréquentes attaques de mes rétentions se compliquèrent avec l’incommodité nouvelle d’une...
Livre XI : 1761
Extrait
Quoique la Julie, qui depuis longtemps était sous presse, ne parût point encore à la fin de 1760, elle commençait à faire grand bruit. Madame de Luxembourg en avait parlé à la cour, madame d’Houdetot à Paris. Cette dernière avait...
Livre XII : 1762
Extrait
Ici commence l’œuvre de ténèbres dans lequel, depuis huit ans, je me trouve enseveli, sans que, de quelque façon que je m’y sois pu prendre, il m’ait été possible d’en percer l’effrayante obscurité. Dans l’abîme de maux où je suis...
