(LA COMTESSE, SUZANNE D'ÉGLOU)
LA COMTESSE (, baisant la lettre passionnément.)
Sa lèvre s'est posée où ma bouche se pose.
Oh ! tu ne comprends pas cela, toi, qu'une chose
Qu'il a vue et touchée est douce à regarder,
Et qu'aux plis du papier sa lettre doit garder
Chaque baiser d'amour dont il l'a caressée,
Ainsi que l'écriture a gardé sa pensée.
(Elle ouvre et lit le billet.)
"Ma douce bien aimée, après l'assaut du jour,
Si je n'ai pu franchir les fossés ni la tour,
Au milieu de la nuit, ouvre la porte basse.
J'y serai seul, viens seule, il faut que je t'embrasse
Sur les mains et les yeux et les lèvres d'abord.
J'irai chercher mes gens après, ô cher Trésor,
Car, avant ce château, c'est toi que je viens prendre.
Mon amour n'attend pas et mon Roi peut attendre."
(Embrassant encore le billet.)
Ce soir, ce soir ! avant l'aurore de demain
J'aurai donc ce bonheur d'avoir tenu sa main,
Ce frisson convulsif de la chair et de l'âme
Qui jaillit du baiser d'un homme et d'une femme.
(Elle regarde à la fenêtre.)
Oh ! j'ai beau regarder, je vois le ciel tout blond,
Et sa splendeur grandit. Comme ce jour est long !
Comme il est bon d'aimer, mais qu'il est dur d'attendre !
Dieu clément, laisse donc les ténèbres descendre !
Mais en moi tant d'espoir monte et de soleil luit
Que je ne verrai pas quand tombera la nuit.
(Un cri éclatant est poussé par les soldats. On entend un tumulte effroyable, des gens qui courent en se bousculant ; des trompettes sonnent.)
SUZANNE D'ÉGLOU
Les murs ont tressailli d'une horrible secousse.
LA COMTESSE (, les deux mains sur son cœur.)
Il est vainqueur.
VOIX AU DEHORS
Montfort ! Penthièvre à la rescousse
SUZANNE D'ÉGLOU (, tombant à genoux.)
Mon Dieu, protégez-nous.
(Un soldat entre, effaré.)
LA COMTESSE
Qu'est-ce donc ?
LE SOLDAT
Un renfort.
LA COMTESSE
Pour qui ? Pour les Anglais ?
LE SOLDAT
On entre dans le fort.
(On entend des voix qui s'approchent ; le soldat sort en courant.)
LA COMTESSE
Il est vainqueur, vainqueur ! Embrasse-moi, cousine.
SUZANNE D'ÉGLOU (, abattue.)
Les Anglais ! Je me sens un poids sur la poitrine.
LA COMTESSE
Écoute donc. Voici que le combat finit.
VOIX AU DEHORS
Victoire !
LA COMTESSE
On dit : "Victoire !" Oh ! le ciel soit béni.
Entends-tu ce grand bruit ainsi qu'un flot qui monte ?
Il est vainqueur. Il vient. Oh !j'étouffe.
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