Acte II - SCÈNE IV

SUZANNE D'ÉGLOU (, seule.)
(Elle reste debout au milieu de l'appartement et pleure.)
Coulez, larmes… Avant que vous soyez taries,
Mes cheveux seront blancs et mes lèvres flétries.
(Elle se jette à genoux devant le grand Christ en sanglotant et tenant la tête dans ses mains.)
Fallait-il justement, mon Dieu, que ce fût lui !
(Elle pleure encore.)
Sitôt qu'on l'entrevoit, comme le bonheur fuit !
Comme ils sont payés chers, les espoirs qu'il accorde !
(Relevant la tête vers le Christ.)
Il n'est donc nulle part une Miséricorde
Quand le malheur aveugle a trop broyé quelqu'un ?
Oh ! tes parts ne sont pas égales pour chacun,
Fatalité ; le bras est injuste qui frappe.
(Se relevant en chancelant.)
Comme je me sens faible et comme tout m'échappe !


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