(Salle des gardes d'un manoir breton au XIVe siècle. Grands sièges de bois, tables, armes diverses, dépouilles d'animaux, objets de chasse sur les murailles.)(On aperçoit la salle en perspective avec des fenêtres dans le fond. Au premier plan, portes à...
(LUC DE KERLEVAN, YVES DE BOISROSÉ, JACQUES DE VALDEROSE, ÉTIENNE DE LOURNYE)(Luc de Kerlevan, grand, maigre, aux traits accentués, joue aux dés avec Yves de Boisrosé. Ce dernier, fort gros, est étranglé dans un uniforme et porte à tout instant...
(LES MÊMES, plus PIERRE DE KERSAC)PIERRE DE KERSAC (, entrant vivement.)Messieurs, je vous apporte une triste nouvelle :Le duc est prisonnier !LUC DE KERLEVANCharles de Blois ?PIERRE DE KERSACMontfortL'emporte, et son soutien, l'Anglais, est le plus fort.Il est maître partout,...
(LES MÊMES, LA COMTESSE et SUZANNE D'ÉGLOU)LA COMTESSEMessieurs, je vous salue, ayant voulu moi-mêmeVoir tous les défenseurs demeurés avec moi ;Car le comte est parti joindre le camp du Roi.Nous restons seuls avec quatre-vingts hommes d'armes ;Mais votre grand courage...
(LA COMTESSE, PIERRE DE KERSAC, LUC DE KERLEVAN, YVES DE BOISROSÉ, JACQUES DE VALDEROSE, ÉTIENNE DE LOURNYE, SUZANNE D'ÉGLOU, UN SOLDAT CONDUIT PAR DEUX GARDES)PIERRE DE KERSACQuel est cet homme ?UN GARDEC'est un des soldats du comte.PIERRE DE KERSACComment est-il...
(LA COMTESSE, SUZANNE D'ÉGLOU)LA COMTESSEJe puis enfin rire à mon aise !Ah ! comme j'ai joué leur naïveté niaise !Comme une femme est forte et vaut mieux qu'un soldatComme la ruse est grande à côté du combat !C'est de moi...
(LES MÊMES. JACQUES DE VALDEROSE entre brusquement, puis s'arrête tout à coup en apercevant la comtesse et Suzanne d'Églou.)JACQUES DE VALDEROSE (, se retirant.)Pardon.LA COMTESSE (, lui faisant signe d'approcher.)Mais entrez. J'imagineQue vous n'avez point peur de ma belle cousine.Moi,...
(LA COMTESSE, JACQUES DE VALDEROSE)(Le théâtre représente une salle du château de Rhune qui sert d'oratoire à la Comtesse. Sorte de chapelle à gauche. Portes des deux cités de la scène ; fenêtres au fond.)(Valderose est aux genoux de la...
JACQUES DE VALDEROSE (, seul.)Oh ! quel coup, j'ai reçu de ce mot-là : baptêmeDe tendresse infinie ; aurore de ce jourOù je goûterai tous tes triomphes, Amour !Du baiser de sa main à celui de sa bouche,Et d'un "oui"...
(JACQUES DE VALDEROSE, SUZANNE D'ÉGLOU)SUZANNE D'ÉGLOU (, entrant à droite, l'apercevant.)Ah ! c'est vous ! vous pleurez ? Quelle ambre souffranceEmplit donc votre cœur ?JACQUES DE VALDEROSE (, très exalté.)Je pleure d'espérance.SUZANNE D'ÉGLOUL'espérance de quoi ?JACQUES DE VALDEROSEDu bonheur que...
SUZANNE D'ÉGLOU (, seule.)(Elle reste debout au milieu de l'appartement et pleure.)Coulez, larmes… Avant que vous soyez taries,Mes cheveux seront blancs et mes lèvres flétries.(Elle se jette à genoux devant le grand Christ en sanglotant et tenant la tête dans...
(LA COMTESSE, PIERRE DE KERSAC)(La comtesse apparaît subitement à la porte de gauche, pendant que Pierre de Kersac se précipite par celle de droite.)PIERRE DE KERSAC (, à la comtesse.)Madame, les Anglais sont autour du château,Et je crois qu'il l'instant...
(LES MÊMES, plus YVES DE BOISROSÉ avec une barrique sur l'épaule.)YVES DE BOISROSÉ (, soufflant.)Me voici.PIERRE DE KERSACQu'est cela ?YVES DE BOISROSÉCela, c'est du genièvre.PIERRE DE KERSACOù vas-tu le porter ?YVES DE BOISROSÉOh ! d'abord à ma lèvre,Puis à ces...
(LA COMTESSE, SUZANNE D'ÉGLOU)LA COMTESSE (, avec une joie folle.)Je l'ai vu ! je l'ai vu de ma chambre. Il est là.Mon amour à travers l'espace l'appela,Et l'appel de mon corps l'a fait venir plus viteQu'un messager portant une lettre....
(LES MÊMES, UN SOLDAT)LE SOLDATMadame, un prisonnier anglais prétend avoirUn secret à vous dire.LA COMTESSEA moi ? Je veux le voir.Qu'il vienne.(Le prisonnier entre, gardé par deux soldats.)Que sais-tu ?LE PRISONNIERJe n'oserais le direQu'à vous.(Les soldats s'éloignent sur un geste...
(LA COMTESSE, SUZANNE D'ÉGLOU)LA COMTESSE (, baisant la lettre passionnément.)Sa lèvre s'est posée où ma bouche se pose.Oh ! tu ne comprends pas cela, toi, qu'une choseQu'il a vue et touchée est douce à regarder,Et qu'aux plis du papier sa...
(LA COMTESSE, LE COMTE DE RHUNE, JEANNE DE BLOIS)(La porte de droite s'ouvre, toute grande, livrant passage au comte de Rhune donnant la main à Jeanne de Penthièvre entourée de gentilshommes.)LA COMTESSE (, reculant avec un cri terrible.)Le comte,Mon mari ...
(VALDEROSE, SUZANNE D'ÉGLOU)JACQUES DE VALDEROSEVoilà donc ce qui reste après tant d'espérances !Le bonheur le plus court est suivi de souffrancesOù tout ce qu'on rêvait s'abîme et disparaît.Oh ! que faire ? que faire ?… Un crime… je suis prêt.J'ai...
(Le théâtre représente la chambre à coucher du comte et de la comtesse de Rhune. Elle est située dans une des cours du château. Au fond, sur une grande estrade, deux énormes lits en chêne, entre lesquels un intervalle de...
(LA COMTESSE, SUZANNE D'ÉGLOU)LA COMTESSEValderose à présent, m'aime assez. Quand j'auraiTendu l'ardeur de son désir exaspéré,Il ne craindra plus rien et frappera le comteComme on tue une bête.SUZANNE D'ÉGLOUEt vous n'avez point honte ?LA COMTESSELa honte n'entre pas aux cœurs...
(LA COMTESSE, JACQUES DE VALDEROSE)(Valderose, très pâle, s'arrête à un pas de la comtesse et reste debout, immobile, devant elle.)LA COMTESSEVoilà comme en ton cœur la tendresse s'efface.Tu n'oses déjà plus me regarder en face.JACQUES DE VALDEROSEHélas ! c'est mon...
(LE COMTE, LA COMTESSE, SUZANNE D'ÉGLOU, PIERRE DE KERSAC dans la coulisse.)LE COMTE (, à PIERRE DE KERSAC, resté dans la coulisse.)Oui. Demeurez ici(à SUZANNE D'ÉGLOU)Maintenant laissez-nous, ma chère enfant. Merci.(Elle sort.)
(LE COMTE, LA COMTESSE)LA COMTESSE (, lui passant ses bras autour du cou.)Enfin, nous sommes seuls, mon doux Seigneur et Maître,Votre amour avec vous m'est-il rendu ?LE COMTE (, grave.)Peut-être.LA COMTESSE (, avec inquiétude.)Quoi ? Qu'avez-vous ?LE COMTE (, tendrement,...
(LA COMTESSE, JACQUES DE VALDEROSE)JACQUES DE VALDEROSE (, s'avançant péniblement jusqu'au pied du lit de la comtesse.)J'ai peur, j'ai peur, madame !Je sens comme une griffe enfoncée en mon âme.LA COMTESSE (, violemment.)Va donc !JACQUES DE VALDEROSEJe n'ose pas le...
(LA COMTESSE DE BLOIS, SUZANNE D'ÉGLOU, PIERRE DE KERSAC, YVES DE BOISROSÉ, LUC DE KERLEVAN, NOBLES, BRETONS ET FRANÇAIS.)(Ils entrent précipitamment par la porte de droite. La duchesse tient contre son cœur Suzanne d'Églou qui sanglote.)LE COMTE (DE RHUNE)(, à...
IÀ Georges Pouchet.Je n’étais point revenu à Virelogne depuis quinze ans. J’y retournai chasser, à l’automne, chez mon ami Serval, qui avait enfin fait reconstruire son château, détruit par les...
IÀ Gustave Toudouze.Le wagon était au complet depuis Cannes ; on causait, tout le monde se connaissait. Lorsqu’on passa Tarascon, quelqu’un dit : « C’est ici qu’on assassine. » Et...
À M. Achille Bénouville.Un vieux pauvre, à barbe blanche, nous demanda l’aumône. Mon camarade Joseph Davranche lui donna cent sous. Je fus surpris. Il me dit :— Ce misérable m’a...
À Léon Dierx.M. Saval, qu’on appelle dans Mantes « le père Saval », vient de se lever. Il pleut. C’est un triste jour d’automne ; les feuilles tombent. Elles tombent...
À Guillemet,Devant la porte de la ferme, les hommes endimanchés attendaient. Le soleil de mai versait sa claire lumière sur les pommiers épanouis, ronds comme d’immenses bouquets blancs, roses et...
À José Maria de Heredia.Pourquoi suis-je entré, ce soir-là, dans cette brasserie ? Je n’en sais rien. Il faisait froid. Une fine pluie, une poussière d’eau voltigeait, voilait les becs...
À Harry Alis.Sur toutes les routes autour de Goderville, les paysans et leurs femmes s’en venaient vers le bourg ; car c’était jour de marché. Les mâles allaient, à pas...
À Maurice Leloir,Le train venait de quitter Gênes, allant vers Marseille et suivant les longues ondulations de la côte rocheuse, glissant comme un serpent de fer entre la mer et...
À Louis Le Poittevin.Aucun souffle d’air ne passait dans la brume épaisse endormie sur le fleuve. C’était comme un nuage de coton terne posé sur l’eau. Les berges elles-mêmes restaient...
IÀ Léon Chapron.M. Marambot ouvrit la lettre que lui remettait Denis, son serviteur, et il sourit.Denis, depuis vingt ans dans la maison, petit homme trapu et jovial, qu’on citait dans...