(ROSEMBERG , KALÉKAIRI .)
KALÉKAIRI(portant deux plats.)
Voilà le souper. Il y a des concombres et une salade de laitues.
ROSEMBERG
Bien obligé ! tu servais d'espion, te voilà geôlière à présent ! méchante Arabe que tu es ! Pourquoi as-tu pris mes sequins ?
KALÉKAIRI(mettant une bourse sur la table.)
Maintenant je puis vous les rendre.
ROSEMBERG
Hé ! je n'ai que faire d'argent en prison.(On entend le son des trompettes.)
Qui arrive là ? quel est ce bruit ? j'entends un fracas de chevaux dans la cour.
KALÉKAIRI
C'est la Reine qui vient ici.
ROSEMBERG
La reine, dis-tu ?
KALÉKAIRI
Et le comte Ulric aussi.
ROSEMBERG
Le comte Ulric ! la Reine ! ah ! je suis perdu. Kalékairi, fais-moi sortir d'ici.
KALÉKAIRI
Non, il faut que vous y restiez.
ROSEMBERG
Je te donnerai autant de sequins que tu voudras, mais, de grâce, laisse-moi sortir. Dis à la sentinelle de me laisser passer.
KALÉKAIRI
Non. — Pourquoi êtes-vous venu ?
ROSEMBERG
Ah ! tu as bien raison. Où est la comtesse ? Je veux lui demander grâce ou plutôt l'accuser ; oui, l'accuser devant la Reine elle-même, car on n'enferme pas les gens de cette façon-là. Où est ta maîtresse ?
KALÉKAIRI
Sur le pas de sa porte, pour recevoir la Reine.
ROSEMBERG
Et que diantre la Reine vient-elle faire ici ?
KALÉKAIRI
Kalékairi avait écrit.
ROSEMBERG
À la Reine ?
KALÉKAIRI
Non, au comte Ulric.
ROSEMBERG
Et à propos de quoi ?
KALÉKAIRI
Pour qu'on vienne ici.
ROSEMBERG
Et qu'on me trouve dans cette caverne ?
KALÉKAIRI
Non. — Kalékairi, quand elle a écrit, ne savait pas qu'on vous ferait filer.
ROSEMBERG
Ah ! c'est donc la comtesse toute seule, à qui est venue cette gracieuse idée ?
KALÉKAIRI
Oui, et la comtesse ne savait pas que Kalékairi avait écrit, car la comtesse a écrit aussi.
ROSEMBERG
Elle a écrit aussi ! c'est fort obligeant.
KALÉKAIRI
Oui, pendant que vous criiez si fort. Elle allait voir, et puis elle revenait. Mais Kalékairi avait écrit longtemps auparavant. Kalékairi avait écrit dès que vous lui aviez parlé.
ROSEMBERG
Ainsi, toi d'abord, et puis la comtesse ! Deux dénonciations pour une ! c'est à merveille ; j'étais en bonnes mains. Ensorcelé par deux démons femelles !(sur le pas de la porte.)
Seigneur, vous êtes libre. La Reine va venir.
ROSEMBERG
C'est fort heureux. Adieu, Kalékairi ! Dis à ta maîtresse, de ma part, que je ne lui pardonnerai de ma vie, et, quant à toi, puissent toutes tes salades…
KALÉKAIRI
Vous avez bien tort, car ma maîtresse a dit qu'elle vous trouvait très gentil ; oui, et que vous ne pouviez manquer de plaire à beaucoup de dames à la cour, mais que pour cette maison, ce n'était pas l'endroit.
ROSEMBERG
En vérité ! elle a dit cela ? Eh bien ! Kalékairi, je crois que je lui pardonne. Et pour toi, si tu veux être discrète…
KALÉKAIRI
Oh ! non.
ROSEMBERG
Comment ! tu te vantais ce matin…
KALÉKAIRI
C'était pour mieux savoir ce soir. Voici la Reine avec tout le monde.
ROSEMBERG
Ah ! je suis pris.
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