(BARBERINE , KALÉKAIRI .)
BARBERINE
Que penses-tu de ce jeune homme, ma chère ?
KALÉKAIRI
Kalékairi ne l'aime point.
BARBERINE
Il te déplaît ! Pourquoi cela ?(Elle s'assoit.)
Il me semble qu'il n'est pas mal tourné.
KALÉKAIRI
Certainement.
BARBERINE
Qu'est-ce donc qui te choque ? Il ne s'exprime pas mal, un peu en courtisan, mais c'est la faute de sa jeunesse, et il apporte de bonnes nouvelles.
KALÉKAIRI
Je ne crois pas.
BARBERINE
Comment, tu ne crois pas ? Voici la lettre de mon mari qui est toute pleine de tendresse pour moi et d'amitié pour son ambassadeur.(Kalékairi secoue la tête.)
Que t'a donc fait ce monsieur de Rosemberg ?
KALÉKAIRI
Il a donné de l'or à Kalékairi.
BARBERINE(riant.)
C'est là ce qui t'a offensée ? Eh bien ! il n'y a qu'à le lui rendre.
KALÉKAIRI
Je suis esclave.
BARBERINE
Non pas ici. — Tu es ma compagne et mon amie.
KALÉKAIRI
Si on rendait l'or, il se défierait.
BARBERINE
Que veux-tu dire ? explique-toi. Tu le traites comme un conspirateur.
KALÉKAIRI
Kalékairi n'avait rien fait pour lui. Elle n'avait pas ouvert la porte, elle n'avait pas arrangé une chambre, elle n'avait point préparé un repas. Il a voulu tromper Kalékairi.
BARBERINE
Mais Kalékairi prend bien vite la mouche. Est-ce qu'il a essayé de te faire la cour ?
KALÉKAIRI
Oh ! non.
BARBERINE
Eh bien ! quoi de si surprenant ? Il est nouveau venu dans ce château. N'est-il pas assez naturel qu'il cherche à s'y gagner quelque bienveillance ? Il est riche, d'ailleurs, à ce qu'il paraît, et assez content qu'on le sache ; c'est une petite façon de grand seigneur.
KALÉKAIRI
Il ne connaît pas le comte Ulric.
BARBERINE
Comment ! il ne le connaît pas ?
KALÉKAIRI
Non. Il a parlé au portier L'Uscoque, et il lui a demandé s'il aimait son maître. Il m'a demandé aussi si je vous aimais. Il ne nous connaît pas.
BARBERINE
Que tu es folle ! voilà les belles preuves qui te donnent sur lui des soupçons ! et quel grand crime penses-tu donc qu'il médite ?
KALÉKAIRI
Quand j'ai été à Janina, un chrétien est venu qui aimait ma maîtresse ; il a donné aussi beaucoup d'or aux esclaves, et on l'a coupé en morceaux.
BARBERINE
Miséricorde ! comme tu y vas ! voyez-vous la petite lionne ! et tu te figures apparemment que ce jeune homme vient tenter ma conquête ? N'est-ce pas là le fond de ta pensée ?(Kalékairi fait signe que oui.)
Eh bien ! ma chère, sois sans inquiétude. Tu peux laisser là tes frayeurs et tes petits moyens par trop asiatiques. Je n'imagine point qu'un inconnu vienne de prime abord me parler d'amour. Mais supposons qu'il en soit ainsi, tu peux être bien assurée… Voici notre hôte, tu nous laisseras seuls. — Retirons-nous un peu à l'écart.(À part.)
Il serait pourtant curieux qu'elle eût raison.
(Elles se retirent au fond du théâtre.)
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