ACTE IV - SCENE V



PERE UBU, PILE, COTICE(Une caverne en Lithuanie, il neige)
.

PERE UBU
Ah ! le chien de temps, il gèle à pierre à fendre et la personne du Maître des Finances s'en trouve fort endommagée.

PILE
Hon ! Monsieuye Ubu, êtes-vous remis de votre terreur et de votre fuite ?

PERE UBU
Oui, je n'ai plus peur, mais j'ai encore la fuite.

COTICE(à part.)
Quel pourceau.

PERE UBU
Eh ! sire Cotice, votre oneille, comment va-t-elle ?

COTICE
Aussi bien, Monsieuye, qu'elle peut aller tout en allant très mal. Par conséiquent de quoye, le plomb la penche vers la terre et je n'ai pu extraire la balle.

PERE UBU
Tiens, c'est bien fait ! Toi, aussi, tu voulais toujours taper les autres. Moi j ' ai déployé la plus grande valeur, et sans m'exposer j'ai massacré quatre ennemis de ma propre main, sans compter tous ceux qui étaient déjà morts et que nous avons achevés.

COTICE
Savez-vous, Pole, ce qu'est devenu le petit Rensky ?

PILE
II a reçu une balle dans la tête.

PERE UBU
Ainsi que le coquelicot et le pissenlit à la fleur de leur âge sont fauchés par l'impitoyable faux de l'impitoyable faucheur qui fauche impitoyablement leur pitoyable binette — ainsi le petit Rensky a fait le coquelicot ; il s'est fort bien battu cependant, mais aussi il y avait trop de Russes.

PILE ET COTICE
Hon, Monsieuye ! UN ÉCHO
Hhrron !

PILE
Qu'est-ce ? Armons-nous de nos lumelles.

PERE UBU
Ah, non ! par exemple, encore des Russes, je parie ! J'en ai assez ! et puis c'est bien simple, s'ils m'attrapent ji lon fous à la poche.

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