Badinier, Clémence, madame Désarnaux, Maurice.
MAURICE (paraissant en parlant à la cantonade)
Surtout ne touche à rien sur mon bureau… Je vais rentrer. (Apercevant Badinier et sa femme.)
Ah ! madame… Monsieur…
BADINIER
Bonjour ! (Bas.)
Petit sournois !
(Il lui donne un coup de coude.)
MAURICE (à part, étonné)
Qu'est-ce qu'il y a ?
BADINIER (à part)
Je parie que c'est Francine !
CLÉMENCE (à madame Désarnaux)
Le pauvre garçon !… comme il est changé !
MADAME DÉSARNAUX (à Clémence)
C'est sa cousine qu'il aime… j'en suis sûre !
CLÉMENCE (bas)
Vous croyez ?…
MADAME DÉSARNAUX (passant derrière elle)
Je vais le savoir… (Haut.)
Maurice !
MAURICE (occupé à mettre sas gante)
Ma mère ?…
MADAME DÉSARNAUX
Tu ne sais pas… j'ai une grande nouvelle à t'apprendre…
MAURICE
Laquelle ?
MADAME DÉSARNAUX
Ta cousine… Céline… elle va se marier.
MAURICE (continuant à boutonner ses gants avec indifférence)
Ah !… Son mari est-il riche ?
MADAME DÉSARNAUX
Très riche.
MAURICE
Tant mieux… C'est une bonne petite fille.
MADAME DÉSARNAUX (à part)
Ce n'est pas elle !
CLÉMENCE (à part)
Il n'y pensait pas !
BADINIER (aux femmes)
À mon tour ! (Haut.)
Maurice…
MAURICE (devant la glace, s'arrangeant)
Monsieur Badinier…
BADINIER
J'ai aussi une grande nouvelle à vous apprendre… Francine… vous savez bien, Francine ?…
MAURICE
Votre femme de chambre ?…
BADINIER
Elle va se marier.
MAURICE
Eh bien, qu'est-ce que cela me fait ?
BADINIER (désappointé)
Mais dame !… il me semblait… parce que…
MAURICE
Qui épouse-t-elle ?
BADINIER
Un pompier !
MAURICE (riant)
Bonne chance !
BADINIER (à part)
Ce n'est pas elle !
MADAME DÉSARNAUX
Mon ami, remercie donc M. et madame Badinier, qui viennent nous faire leur visite d'adieu…
MAURICE (poliment à Clémence)
Comment ! vous partez… déjà ?
CLÉMENCE (à part)
Déjà ! (Haut.)
Pour Chevreuse… seulement.
BADINIER
Heureusement que ce n'est pas au bout du monde…
CLÉMENCE
Et l'on peut se revoir…
BADINIER (à Maurice)
Nous avons des départs toutes les heures… En prenant un aller et retour…
MAURICE
Je vous remercie.
MADAME DÉSARNAUX
Vous êtes trop bon… mais, de notre côté, nous allons sans doute faire un petit voyage…
CLÉMENCE
Hein ?
MAURICE
Un voyage ?
MADAME DÉSARNAUX
Il y a bien longtemps que je désire voir l'Italie…
MAURICE
Quitter Paris… dans ce moment surtout ?… C'est impossible !
MADAME DÉSARNAUX
Comment ?
MAURICE
Non, ma mère… Vous m'offririez un million que je ne pourrais pas partir !
MADAME DÉSARNAUX
Un million !
BADINIER (à madame Désarnaux)
Elle le cloue ici, c'est clair !
CLÉMENCE (à part)
Comme on aime à vingt ans !
MADAME DÉSARNAUX
C'est bien !… Nous reparlerons de cela plus tard…
BADINIER
Mais nous oublions nos visites, madame Badinier…
CLÉMENCE
Je suis à vous…
BADINIER
J'ai ma liste… (Tirant un papier.)
Nous commençons par Monot-Lagarde…
MAURICE (vivement)
Le banquier !… Vous le connaissez ?
CLÉMENCE
Beaucoup… c'est mon cousin germain.
BADINIER (à Maurice)
C'est notre cousin… (À madame Désarnaux.)
germain.
MAURICE (bas, à Clémence)
Ah ! madame !… que je suis heureux !… Si vous pouviez savoir…
CLÉMENCE (effrayée, bas)
Plus bas… Prenez garde !
MAURICE (bas)
Il faut que je vous parle… dans une heure… ici…
CLÉMENCE (bas)
Un rendez-vous ! Monsieur !…
MAURICE
Il y va de mon avenir… de mon bonheur…
CLÉMENCE
Maurice !… pas d'imprudence.
MAURICE
C'est juste… ma mère !…
(Il s'éloigne.)
CLÉMENCE (à part)
Et mon mari donc !… Un rendez-vous… comme cela… tout de suite… Oh ! je n'y viendrai pas… bien certainement…
MADAME DÉSARNAUX (à Maurice, qui a pris son chapeau)
Tu sors ?… Où vas-tu ?
MAURICE
Chez le papetier… à côté.
MADAME DÉSARNAUX
Je vais y envoyer…
MAURICE
Non… il faut que j'y aille moi-même… j'ai commandé des registres… J'ai quelques explications à donner… (Bas, à Clémence.)
Dans une heure ! (Haut.)
Monsieur… Madame…
(Il salue et sort par le fond.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...