Les Mêmes, Gatinais ; puis Le Garçon de café ; puis Poteu ; puis Geindard
Gatinais (entrant très animé.)
C'est illégal !… je proteste !
Madame Gatinais
Lui !… Tu n'es pas arrêté ?
Gatinais
Non… je suis récusé… moi ! récusé !
Gaudiband
Par qui ?
Gatinais
Par l'avocat de Geindard… un petit faquin.
Edgard
C'était son droit…
Gatinais
Je réclame… je crie… je veux pénétrer de vive force jusqu'à mon banc… et on me flanque à la porte. Je ferai retentir la presse !
Julie
Oh ! quel bonheur !
Gatinais
Et Blancafort… qui est là… couvert de chaînes !… Quelle étoile !
Le Garçon (de café entrant par le fond.)
Encore un de condamné.
Gatinais (vivement.)
À quoi ?
Le Garçon
À perpétuité…
Gatinais (tombant sur une chaise, à gauche.)
À perpétuité !… Je ne peux pas prendre sa place… c'est trop long !
Poteu (entrant.)
Ca n'a pas de nom !
Geindard (entrant.)
Ils l'ont acquitté !
Gatinais (se relevant.)
Acquitté… Qui ?
Poteu
Le Blancafort !
Tous
Acquitté !
Gatinais
Ah çà ! qu'est-ce que disait donc ce garçon ? (Au garçon.)
Imbécile !
Le Garçon (au fond.)
Moi, je parlais de Bamblotaque… l'abus de confiance…
Geindard
Mon avocat a plaidé comme une cruche.
Poteu
Faut convenir aussi que le président vous a joliment collé quand il vous a dit : "Geindard
vous prétendez avoir vu l'accusé… Mais la position inverse que vous occupiez sur le mur semble contredire cette assertion. "
Geindard
Alors il a ajouté : "Geindard
retournez-vous… Très bien… Maintenant me voyez-vous ? "
Gaudiband
Oh ! très fort !
Gatinais
Plein de sagacité !
Poteu (à Geindard)
Bah ! prenons un petit verre !
Geindard
Je veux bien… pour m'asseoir…
(Ils prennent place à la table au fond à droite.)
Edgard
C'est un échec… mais j'espère que cela ne nous empêchera pas de donner suite à nos projets.
Gatinais (à part.)
Nous y voilà !
Edgard
Mon parrain, le moment est venu de faire la demande…
Gaudiband
Oui, mon ami. (Il l'embrasse ; à part.)
En trois mots, je vais le couler. (Haut, en le présentant.)
Mon Dieu ! ce n'est pas un aigle…
Edgard
Mais, parrain…
Gaudiband
L'extérieur est gracieux, je ne dis pas… mais pas de santé, pas d'estomac… ça ne digère pas.
Julie
Comment ?
Edgard
C'est une erreur !
Gatinais
Pas d'estomac… Ceci change la thèse…
Madame Gatinais (bas à son mari.)
M. Gaudiband a promis cent mille francs le jour du contrat.
Gatinais (à part.)
Cent mille… ceci rechange la thèse… (Haut.)
Approchez, mon jeune ami…
Gaudiband (à part.)
Il est coulé !
Gatinais (à Edgard)
L'estomac… est une chose qui va et vient… Ca peut se guérir… Nous causerons du mariage après la session.
Gaudiband (à part.)
Le fils d'un cantonnier !
Gatinais (bas et avec intention.)
Si toutefois je ne suis pas récusé.
Edgard (vivement.)
Vous ne le serez pas, j'en réponds !
Gatinais (à part.)
J'en étais sûr… Il connaît les avocats… toute la boutique… (Haut.)
Enfin à partir de demain, du courant, je vais tenir la balance de la justice… Dans un plateau je mettrai la rigueur… et dans l'autre la sévérité !
Chœur
Enfin la paix vient de renaître ;
Nous devons tous bénir le sort
Qui vient de faire reconnaître
L'innocence de Blancafort.
(RIDEAU)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...
(Le théâtre représente une chambre à coucher. — Au fond, au milieu, un lit avec des rideaux. À côté, une table de nuit. À droite et à gauche du lit,...