Consommateurs, en robe d'avocat ; La Dame du comptoir, un Garçon, Maître Bavay, en robe d'avocat, assis à une table et déjeunant ; Geindard
debout et causant avec maître Bavay
Chœur
(Air du Moulinet de Strauss)
Dépêchons !
Garçons,
Servons,
Montrons
Du cœur à l'ouvrage !
Nous tous qui plaidons,
Selon l'usage,
Nous nous hâtons !
Garçons !
Un Consommateur (à une table de gauche, en costume de ville.)
Garçon !… la Revue des Deux Mondes !
Le Garçon (au fond à droite.)
Oh ! monsieur, ici nous n'avons pas cela… nous n'avons que les journaux judiciaires… Vous comprenez… au café du Palais… on ne reçoit que les feuilles ad hoc.
(Le garçon s'éloigne.)
Le Consommateur (à part.)
Et les garçons parlent latin… Mazette !…
Maître Bavay (tout en déjeunant à Geindard qui se tient debout près de lui.)
Mais soyez donc tranquille… je vous répète que votre affaire vient aujourd'hui.
Geindard
Je vous recommande d'insister sur les dommages et intérêts…
Bavay
Je demande cinquante mille francs.
Geindard
Et vous croyez… ?
Bavay
Vous en aurez quinze.
Geindard
Enfin !
Le Garçon (à Geindard)
Est-ce que Monsieur ne déjeune pas ?
Geindard
Si… avec plaisir.
Le Garçon (approchant une chaise à droite.)
Alors, si Monsieur veut s'asseoir…
Geindard
Ca, volontiers… depuis le temps…
(Le garçon va et vient, arrangeant les tables.)
Bavay (l'arrêtant.)
Eh bien, qu'est-ce que vous faites ?
Geindard
Ah ! c'est vrai ! j'oublie que vous m'avez recommandé…
Bavay
La partie adverse vous guette, vous épie… Si l'on vous voit assis, vous êtes perdu !… Car enfin, qu'est-ce qui vous rend intéressant ? Votre blessure… Où est-elle située ?
Geindard
Mais…
Bavay
Je ne vous le demande pas… je le sais… Si vous vous asseyez, c'est que vous ne souffrez plus… alors, vous n'êtes plus intéressant… on vous donnera deux cents francs !
Geindard
Deux cents francs ! Je me tiendrais plutôt debout toute ma vie.
Bavay
Autre recommandation… Lorsque vous serez devant le tribunal, poussez de temps en temps des petits cris de douleur… j'en ai besoin pour ma péroraison.
Geindard
C'est facile !
Bavay
Quand le président vous dira : "C'est très bien, allez vous asseoir…" vous en ferez le simulacre… et vous vous relèverez vivement, en faisant : "Aïe ! " et vous ajouterez : "Cela m'est impossible, monsieur le président. "
Geindard (répétant.)
"Aïe ! cela m'est impossible, monsieur le président. "
Bavay
Très bien… vous êtes dans le ton… Je crois que cela impressionnera les jurés.
Geindard
Oui… ceux qui ne sont pas contre moi !
Bavay
Est-ce que vous en avez quelques-uns en suspicion ?
Geindard
Il y en a un qui est froid… Quand je lui ai raconté mon affaire, il m'a dit : "Mais c'est un accident… le coupable est sans doute innocent…"
Bavay (tirant son calepin.)
Comment l'appelez-vous, celui-là ?
Geindard
M. Gatinais… Dieu ! que je suis éreinté !…
Bavay (écrivant.)
Gatinais… très bien… ça suffit ! (Se levant.)
Votre affaire ne viendra pas avant une heure… Vous me retrouverez dans la salle des Pas-Perdus… (Fausse sortie, revenant.)
Ah ! j'oubliais… achetez une béquille… ça fera bien.
Il fait le boiteux et sort par le fond.
Geindard
Une béquille !… Est-il malin, ce M. Bavay !… Sapristi ! que j'ai faim ! je ne peux pourtant pas déjeuner debout… Tiens, je vais prendre un cabinet… je pousserai le verrou… et je pourrai m'asseoir… (Appelant.)
Garçon, un cabinet !
Le Garçon (indiquant la porte de gauche, troisième plan.)
;
Par ici, monsieur… Combien de couverts ?
(Ils disparaissent tous les deux par la porte de gauche, troisième plan.)
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