Gatinais, Edgard, Le Garçon ; puis Lucette
Edgard (entrant par le fond, très affairé, avec d'énormes dossiers sous le bras.)
Garçon, servez-moi vite…je suis très pressé… L'audience est pour onze heures.
Gatinais (l'apercevant.)
Tiens ! c'est vous !
Edgard
Monsieur Gatinais… Enfin, voilà le grand jour… vous allez siéger… Dites donc, je vous ai ménagé une surprise.
Gatinais
À moi ?
Le Garçon (à Edgard)
Qu'est-ce que Monsieur désire ?
Edgard
Rien… tout à l'heure…
Le Garçon (à part, s'éloignant à droite.)
Ah ben ! en voilà des pratiques !
Edgard (à Gatinais)
À force de démarches, j'ai réussi à faire colloquer à votre session l'affaire Blancafort.
Gatinais
Comment ! c'est moi qui vais le juger ?… Ah bien ! elle est forte, celle-là !
Edgard
On dirait que ça ne vous fait pas plaisir ?
Gatinais
À moi ? Au contraire ! (À part.)
De cette façon, s'il ne s'échappe pas… je le ferai acquitter… et, s'il s'échappe… je le ferai encore acquitter… par contumace !… (Montrant Edgard.)
Il a eu une excellente idée, le petit. (Haut.)
Vous déjeunez avec moi ?
Edgard
Volontiers… Et ces dames ?
Gatinais
Elles doivent venir me prendre ici… pour que je les fasse placer.
Lucette (entrant par la porte du fond et s'adressant au garçon.)
Dites donc, jeune homme, voulez-vous me montrer mon avocat ?
Le Garçon
Comment s'appelle-t-il ?
Lucette (tirant un papier de sa poche.)
Attendez !… (Lisant.)
"Maître Bavay…"
Le Garçon
Il a déjeuné ici… mais il est parti… Vous le trouverez dans la salle des Pas-Perdus…
(Il sort par la droite.)
Gatinais (la reconnaissant.)
Mais je ne me trompe pas… c'est la petite Lucette.
Lucette (redescendant la scène.)
Ah ! je vous reconnais… c'est à vous que j'ai donné des œufs…
Gatinais
Chut ! ne parlez pas de ça ! (Haut.)
Vous venez pour l'affaire Budor, qui doit se juger aujourd'hui ?
Lucette
Non, c'est arrangé… papa a retiré sa plainte…
Gatinais (contrarié.)
Comment ! nous n'aurons pas l'affaire Budor ? Ah ! c'est désagréable… je comptais m'en régaler…
Edgard (se levant.)
On est d'une indulgence…
Lucette
Si personne ne se plaint… si tout le monde est content…
Gatinais
Et votre père qui était furieux…
Lucette
Il s'est calmé tout d'un coup… Par exemple, je ne sais pas pourquoi… c'est un jour que ma sœur a été malade…
Gatinais (étonné.)
Tiens !
Lucette
Alors, maman a embrassé ma sœur ; papa a embrassé Budor… il a consenti au mariage… et Budor vient tous les soirs à la maison…
Gatinais
C'est étonnant !
Edgard
C'est honteux !
Lucette
Et, depuis ce jour-là, tous les soirs, maman fait des petits bonnets.
Gatinais
Ah ! j'y suis !
Lucette
Et ma sœur ne fait plus rien… Quand elle met seulement un pied devant l'autre, maman lui dit : "Prends garde !…" Savez-vous pourquoi ?
Gatinais
Parbleu !… c'est parce que… Ca ne vous regarde pas.
Lucette
Et moi, je trime toute la journée à porter du lait, à puiser de l'eau, à casser du bois, et on ne me dit jamais : "Prends garde !…" Savez-vous pourquoi ?
Gatinais
Parbleu !… parce que… Voulez-vous me laisser tranquille !
Lucette
Ne vous fâchez pas !… je vas payer not' avocat… maman m'a recommandé de bien le marchander… je vas lui offrir des œufs frais !
(Elle sort par le fond à droite.)
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