Les Mêmes, Jean, Majorin
JEAN
(à la cantonade.)
Entrez !… ils viennent d'arriver !
(Majorin entre.)
PERRICHON
Tiens ! c'est Majorin !…
MAJORIN
(saluant.)
Madame… mademoiselle… j'ai appris que vous reveniez aujourd'hui… alors j'ai demandé un jour de congé… J'ai dit que j'étais de garde…
PERRICHON
Ce cher ami ! c'est très aimable… Tu dînes avec nous ? nous avons une petite barbue…
MAJORIN
Mais… si ce n'est pas indiscret…
JEAN
(bas, à Perrichon)
Monsieur… c'est du veau à la casserole !
PERRICHON
Ah ! (À Majorin.)
Allons, n'en parlons plus, ce sera pour une autre fois…
MAJORIN
(à part)
Comment ! il me désinvite ? S'il croit que j'y tiens, à son dîner ! (Prenant Perrichon à part. Les dames s'asseyent sur le canapé.)
J'étais venu pour te parler des six cents francs que tu m'as prêtés le jour de ton départ…
PERRICHON
Tu me les rapportes ?
MAJORIN
Non… Je ne touche que demain mon dividende des paquebots… mais à midi précis…
PERRICHON
Oh ! ça ne presse pas !
MAJORIN
Pardon… j'ai hâte de m'acquitter…
PERRICHON
Ah ! tu ne sais pas ?… je t'ai rapporté un souvenir.
MAJORIN
(il s'assied derrière le guéridon.)
Un souvenir ! à moi ?
PERRICHON
(s'asseyant.)
En passant à Genève, j'ai acheté trois montres… une pour Jean, une pour Marguerite, la cuisinière… et une pour toi, à répétition.
MAJORIN
(à part)
Il me met après ses domestiques ! (Haut.)
Enfin ?
PERRICHON
Avant d'arriver à la douane française, je les avais fourrées dans ma cravate…
MAJORIN
Pourquoi ?
PERRICHON
Tiens ! je n'avais pas envie de payer les droits. On me demande : "Avez-vous quelque chose à déclarer ? " Je réponds non ; je fais un mouvement et voilà ta diablesse de montre qui sonne : dig dig dig !
MAJORIN
Eh bien ?
PERRICHON
Eh bien, j'ai été pincé… on a tout saisi…
MAJORIN
Comment ?
PERRICHON
J'ai eu une scène atroce ! J'ai appelé le douanier "méchant gabelou". Il m'a dit que j'entendrais parler de lui… Je regrette beaucoup cet incident… Elle était charmante, ta montre.
MAJORIN(sèchement)
Je ne t'en remercie pas moins… (À part.)
Comme s'il ne pouvait pas acquitter les droits… c'est sordide !
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...