(BOUGNOL; PUIS LAURE.)
BOUGNOL(seul.)
Ah ! je me sens bien… ah mais ! tout à fait bien ! Elle est là… seule… ce demi-jour… ce silence ! … (Il va à la porte et cherche à l'ouvrir.)
Tiens ! la porte est fermée… (Appelant.)
Laure !… ma petite Laure ! c'est moi ! c'est Onésime !… Dormirait-elle ?… Je vais la réveiller. (Il chante. Air du Comte Ory)
Charmante inhumaine, L'amour me ramène, Ecoutez ma peine, Reine de beauté. Le temps fuit et passe, Et la nuit me glace, Donnez-moi, par grâce, L'hospitalité ! La porte s'ouvre.(Parlé.)
La porte s'entr'ouvre… ô bonheur ! Reprise Donnez-moi, par grâce, L'hospitalité ! Laure paraît en costume de nuit, peignoir et bonnet blanc.
LAURE
Que voulez-vous, monsieur ?
BOUGNOL(à part.)
Qu'elle est jolie ! (L'attirant en scène.)
Mais vous voir… vous parler… j'ai tant de choses à vous dire !
LAURE(ingénument.)
Quoi donc ?
BOUGNOL(la faisant asseoir sur le divan.)
Mettez-vous là !… près de moi… votre main dans la mienne.
LAURE(résistant un peu.)
Mais, monsieur !
BOUGNOL(à part.)
Voilà le moment de lui réciter mon compliment (Haut.)
"Laure ! ma chère Laure !… Enfin nous voilà seuls ! " (À ce moment, la pendule sonne plusieurs coups avec son bruit de tam-tam.)
Hein ! cristi ! Ah ! c'est la pendule… (Voulant reprendre son compliment en bégayant.)
Nous… nous… voi… voilà… seu… seuls ! nous… nous… (Se levant tout à coup.)
Pardon ! Il va à la pendule.
LAURE
Que faites-vous donc ?
BOUGNOL
J'arrête la pendule.
LAURE
Papa se fâchera.
BOUGNOL
Non… je lui dirai pourquoi… (À part.)
C'est très gênant, ces machines-là… Il faut recommencer !(Il se rassied près de sa femme.)
Mettez-vous là… près de moi… votre main dans la mienne…(Récitant.)
"Laure ! ma chère Laure !… Enfin nous voilà seuls !… Ne tremble pas, enfant, je ne veux pas te faire de peine. Un mari n'est pas un maître." (À ce moment, plusieurs détonations éclatent sous la fenêtre. Il s'arrête effrayé.)
Ah ! mon Dieu ! (Bégayant.)
En… en… entendez- vous ?
LAURE
C'est papa qui tire son feu d'artifice.
BOUGNOL
Ah ! ça m'a fait une peur !… Où en étais-je ? (Reprenant en bégayant.)
"Un ma… un ma… ma… un mari ! "
LAURE
Ah ! voilà que ça le reprend… comme dans le chalet. (Nouvelle détonation plus forte en dehors.)
BOUGNOL(sursautant sur le divan à chaque détonation.)
Ah !… oh !… ah !…
LAURE
Remettez-vous !…
BOUGNOL
Non ! c'est fifi… fifi… fini.
LAURE
désolée. Ah ! mon Dieu !
BOUGNOL
Faites-moi un verre d'eau su…susu… sucrée !
LAURE(courant à la cheminée.)
Avec de la fleur d'oranger… tout de suite.
BOUGNOL(s'affaissant sur le divan.)
Que le di… que le di… que le diable l'emporte !
LAURE(lui présentant le verre d'eau.)
Buvez, mon ami. (Après que Bougnol a un peu bu.)
Allez-vous mieux ?
BOUGNOL
Bon… bon… bonsoir !
LAURE(le regardant endormi, et allant s'asseoir près de sa table à gauche, ouvrant tristement son livre.)
Voyons le deuxième volume.
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...