Scène XVIII


(Crispin, La Branche)

La Branche
Enfin il est parti.

Crispin
Je respire.

La Branche
Nous avons eu une alarme aussi chaude ! Je mourais de peur que Monsieur Oronte ne nous surprît avec ton maître.

Crispin
C'est ce que je craignais aussi ; mais comme nous n'avions que cela à craindre, nous sommes assurés du succès de notre projet. Nous pouvons à présent choisir la route que nous avons à prendre. As-tu arrêté des chevaux pour cette nuit ?

La Branche(regardant de loin.)
Oui.

Crispin
Bon. Je suis d'avis que nous prenions le chemin de Flandre.

La Branche(regardant toujours.)
Le chemin de Flandre ; oui, c'est fort bien raisonné. J'opine aussi pour le chemin de Flandre.

Crispin
Que regardes-tu donc avec tant d'attention ?

La Branche
Je regarde… Oui… Non… ventrebleu, serait-ce lui ?

Crispin
Qui lui ?

La Branche
Hélas, voilà toute sa figure !

Crispin
La figure de qui ?

La Branche
Crispin, mon pauvre Crispin, c'est Monsieur Orgon.

Crispin
Le père de Damis ?

La Branche
Lui-même.

Crispin
Le maudit vieillard !

La Branche
Je crois que tous les diables sont déchaînés contre la dot.

Crispin
Il vient ici, il va entrer chez Monsieur Oronte, et tout va se découvrir.

La Branche
C'est ce qu'il faut empêcher, s'il est possible. Va m'attendre à l'auberge ; ce que je crains le plus, c'est que Monsieur Oronte ne sorte pendant que je lui parlerai.


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