"Son Excellence Eugène Rougon" est un roman d'Émile Zola publié en 1876. Il s'inscrit dans le cycle des Rougon-Macquart, une œuvre qui explore la société française sous le Second Empire. L'histoire met en avant Eugène Rougon, un homme ambitieux qui aspire à des postes de pouvoir et à l'influence au sein du régime impérial de Napoléon III. Le récit débute avec une description de son ascension sociale, révélant les manipulations et les compromissions nécessaires pour atteindre ses objectifs.
Eugène Rougon est présenté comme un personnage complexe, à la fois habile et calculateurs, qui utilise ses relations pour servir ses intérêts personnels et politiques. L'intrigue se développe autour de sa nomination à un poste clé dans le gouvernement, où il doit gérer les tensions entre les différentes factions politiques tout en préservant ses ambitions. À travers son parcours, Zola dresse un portrait sans concession de la politique de l'époque, marquée par la corruption, l'opportunisme et les conflits d'intérêts.
Les relations d'Eugène avec sa famille, en particulier avec sa mère et son frère, ainsi que les interactions avec d'autres personnages, mettent en lumière les rivalités et les ambitions qui régissent la société. Le roman évoque également la lèpre du pouvoir, la façon dont l'aspiration à l'excellence peut mener à des choix moraux douteux. Les thèmes de la manipulation, de la lutte pour le pouvoir, et des conséquences des actions individuelles sur le collectif sont omniprésents.
Zola excelle dans la peinture d'un milieu social et politique en pleine transformation, et il incorpore des éléments de réalisme et de naturalisme pour donner vie à ses personnages et à leurs motivations. Ce roman questionne également la notion de réussite et les sacrifices que l'on est prêt à consentir pour y parvenir, tout en exposant les failles d'un système qui valorise l'apparence et le statut social au détriment de l'intégrité personnelle.
Chapitre I
Extrait
Le président était encore debout, au milieu du léger tumulte que son entrée venait de produire. Il s’assit, en disant à demi-voix, négligemment :— La séance est ouverte.Et il classa les projets de loi, placés devant lui, sur le bureau....
Chapitre II
Extrait
Le matin, au Moniteur, avait paru la démission de Rougon, qui se retirait pour « des raisons de santé ». Il était venu après son déjeuner au Conseil d’État, voulant dès le soir laisser la place nette à son successeur....
Chapitre III
Extrait
C’était l’après-midi, vers quatre heures, que Rougon allait parfois passer un instant chez la comtesse Balbi. Il s’y rendait en voisin, à pied. La comtesse habitait un petit hôtel, à quelques pas de la rue Marbeuf, sur l’avenue des Champs-Élysées....
Chapitre IV
Extrait
Le cortége du baptême devait partir du pavillon de l’Horloge, à cinq heures. L’itinéraire était la grande allée du jardin des Tuileries, la place de la Concorde, la rue de Rivoli, la place de l’Hôtel-de-Ville, le pont d’Arcole, la rue...
Chapitre V
Extrait
Un matin, vers onze heures, Clorinde vint chez Rougon, rue Marbeuf. Elle rentrait du Bois ; un domestique tenait son cheval, à la porte. Elle alla droit au jardin, tourna à gauche et se planta devant une fenêtre grande ouverte...
Chapitre VI
Extrait
L’été arriva. Rougon vivait dans un calme absolu. Madame Rougon, en trois mois, avait rendu grave la maison de la rue Marbeuf, où traînait autrefois une odeur d’aventure. Maintenant, les pièces, un peu froides, très-propres, sentaient la vie honnête ;...
Chapitre VII
Extrait
Vers sept heures, le soir de son arrivée à Compiègne, Clorinde causait avec M. de Plouguern, près d’une fenêtre de la galerie des Cartes. On attendait l’empereur et l’impératrice pour passer dans la salle à manger. La seconde série d’invités...
Chapitre VIII
Extrait
Des semaines se passèrent. Rougon avait repris sa vie de lassitude et d’ennui. Jamais il ne faisait allusion à l’ordre que l’empereur lui avait donné de rester à Paris. Il parlait seulement de son échec, des prétendus obstacles qui s’opposaient...
Chapitre IX
Extrait
Un matin de mars, au ministère de l’intérieur, Rougon était dans son cabinet, très-occupé à rédiger une circulaire confidentielle que les préfets devaient recevoir le lendemain. Il s’arrêtait, soufflait, écrasait la plume sur le papier.— Jules, donnez-moi donc un synonyme...
Chapitre X
Extrait
Rougon avait écrit à Du Poizat et à M. Kahn, pour qu’on lui évitât l’ennui d’une réception officielle aux portes de Niort. Il arriva un samedi soir, vers sept heures, et descendit directement à la préfecture, avec l’idée de se...
Chapitre XI
Extrait
Rougon avait enfin obtenu pour Delestang le portefeuille de l’agriculture et du commerce. Un matin, dans les premiers jours de mai, il alla rue du Colisée prendre son nouveau collègue. Il devait y avoir conseil des ministres à Saint-Cloud, où...
Chapitre XII
Extrait
Clorinde était alors dans un épanouissement d’étrangeté et de puissance. Elle restait la grande fille excentrique qui battait Paris sur un cheval de louage pour conquérir un mari, mais la grande fille devenue femme, le buste élargi, les reins solides,...
Chapitre XIII
Extrait
Rougon, pendant huit jours, entendit monter contre lui une clameur croissante. On lui aurait tout pardonné, ses abus de pouvoir, les appétits de sa bande, l’étranglement du pays ; mais avoir envoyé des gendarmes retourner les paillasses des sœurs, c’était...
Chapitre XIV
Extrait
Trois ans plus tard, un jour de mars, il y avait une séance très-orageuse au Corps législatif. On y discutait l’adresse pour la première fois.À la buvette, M. La Rouquette et un vieux député, M. de Lamberthon, le mari d’une...
