(FARIBOL, LÉOPARDIN, FRANÇOISE; PUIS PAPAVERT.Françoise sort de la chambre d'Alexandra, en traînant un matelas. Elle porte en outre un oreiller et un traversin. La porte reste ouverte derrière elle ; elle est ferrée en dedans.)
FRANÇOISE(entrant.)
Oui, oui, madame…
FARIBOL(apercevant Françoise traînant son matelas.)
Qu'est-ce que c'est que ça ?
FRANÇOISE
C'est votre lit que Madame vous envoie…
FARIBOL
Comment, mon lit ?
(À ce moment, un paquet de hardes, lancé de la chambre, tombe sur Léopardin.)
LÉOPARDIN(poussant un cri.)
Aïe !…
(Il gagne la droite.)
FARIBOL(recevant un bonnet à poil.)
Aïe !…
PAPAVERT(qui est entré, recevant une tunique de garde national.)
Sacrebleu !
(Le choc le fait trébucher et tomber sur le matelas. La porte d'Alexandra vomit une grêle de pantalons, pantoufles, redingotes, robes de chambre, bas, chaussettes ; chemises et gilets de flanelle. En un instant, la scène en est encombrée, et Papavert se trouve englouti. Ce jeu de scène a lieu pendant l'ensemble suivant.)
FARIBOL LÉOPARDIN ET PAPAVERT
Aïe !… aïe !…(Air de Jérusalem)
Finissez, finissez, madame ! Arrêtez ! arrêtez, morbleu ! Sur mon âme, C'est infâme ! C'est assez, finissez ce jeu !
LÉOPARDIN(reconnaissant Papavert.)
Tiens ! mon médecin !
FARIBOL(s'élançant vers la porte.)
Madame !… madame !… (La porte se ferme sur son nez ; une grande pancarte est accrochée dessus avec ces mots : Le public n'entre pas ici. Lisant.)
"Le public n'entre pas ici ! "
PAPAVERT(qui s'est relevé.)
Je venais vous chercher pour mon bal !…
FARIBOL
Oh ! c'est trop fort !… m'expulser de la chambre conjugale !… Elle n'en a pas le droit !…
LÉOPARDIN(à Papavert.)
Il y a un nuage dans le ménage…
FARIBOL
Oh ! quel désordre… ma tunique !… Elle ne respecte rien !
(Il ramasse plusieurs objets.)
PAPAVERT(à Faribol.)
Ah çà !… je viens vous chercher pour mon bal.
FARIBOL(lui mettant dans les bras une botte de pantalons et un oreiller.)
Oui !… Donnez-moi un coup de main.
PAPAVERT
Oh ! mais non !
FARIBOL
Portez ça dans mon cabinet…
(Il ramasse d'autres objets.)
PAPAVERT(chargé.)
C'est que, mon bal… je ne suis pas venu pour ça.
LÉOPARDIN(à Papavert, le suivant.)
Vous savez bien, ma dent… je ne l'ai plus.
PAPAVERT
Je me fiche pas mal de votre dent ! (Il entre dans la chambre d'Alexandra. Bruit d'un soufflet.)
Aïe !…
(Il ressort.)
FARIBOL
Pas par là !
LÉOPARDIN(le poussant vers Faribol.)
On vous dit : "Le public n'entre pas…"
FARIBOL(lui indiquant le cabinet de droite.)
Par ici !
PAPAVERT(avec humeur, et mettant les vêtements dont il est chargé sur les bras de Léopardin.)
Je ne suis pas venu pour ça !… Je m'en vais ! Dépêchez-vous ! nous vous attendons pour danser !
(Il sort par le fond.)
FARIBOL(qui a ramassé plusieurs vêtements.)
Vous, Léopardin… portez tout ça dans le cabinet, vous reviendrez prendre le matelas, la couverture… et le bonnet à poil !
LÉOPARDIN
Mais c'est que…
FARIBOL
Puisque je vous paye !
LÉOPARDIN
Pour jouer de la flûte !
FARIBOL
Puisque vous n'en jouez pas !…
(Il lui plante le bonnet à poil sur la tête.)
LÉOPARDIN(qui allait vers le cabinet de droite, revenant vers Faribol qui tient aussi une brassée de vêtements.)
À propos, je dois vous prévenir qu'il y a une note que je ne donne jamais… mon médecin me l'a défendu.
FARIBOL
Ah bah !… laquelle ?…
LÉOPARDIN
Le la de la troisième octave… Cette note m'épuise.
FARIBOL
Qu'est-ce que vous en faites ?…
LÉOPARDIN
Je l'escamote… je prends un temps !… Il faut vous dire que j'ai une gastrite, moi !
FARIBOL(le poussant vers le cabinet.)
C'est bien ! allez donc ! (Après que Léopardin est entré dans le cabinet, il y lance les objets dont ilest chargé, puis ramassant le matelas et le traversin.)
Quel désordre ! quel boulvari !(Air : Un homme)
J'en ai vraiment l'esprit troublé, Rien ne m'est plus antipathique ; Moi, musicien, qui suis réglé Comme un vrai papier de musique : Chez moi, le croiriez-vous jamais, La femme qui fait ce ravage, Je l'avais prise tout exprès Pour ranger mon petit ménage.
(Jusqu'à présent, j'ai employé la douceur, mais nous allons voir !… je veux qu'elle me demande pardon…)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...