(LES MÊMES, COURTIN; PUIS MADAME POMADOUR.)
COURTIN(entrant avec deux épées.)
Voilà les épées… Ta femme me suit.
MADAME POMADOUR(entrant et se jetant dans les bras de son mari.)
Ah ! mon ami !… Merci !… merci !
POMADOUR(étonné.)
Quoi ?
MADAME POMADOUR
Tu vas te battre, je le sais !
POMADOUR
Permets…
MADAME POMADOUR
Ne cherche pas à le nier… M. Courtin m'a tout dit.
POMADOUR
C'est vrai, j'avais eu d'abord cette pensée…
MADAME POMADOUR
Et c'est toi !… toi que je croyais faible, timide ; car je puis te l'avouer maintenant, j'avais une pauvre idée de toi, mon ami.
POMADOUR
Comment ?
COURTIN
Lui ? C'est un lion !
POMADOUR(modestement.)
Oh ! un lion !… dans une certaine mesure.
PIGET(à part.)
Petite mesure !
MADAME POMADOUR
Te rappelles-tu ce jour où, pendant le feu d'artifice, place de la Concorde, je fus… inquiétée par un jeune homme placé derrière nous ?…
POMADOUR
Oh ! si légèrement !…
MADAME POMADOUR
Mais non !… Tu ne soufflas pas mot… Alors une pensée me traversa l'esprit !… Est-ce qu'il aurait peur ?
COURTIN
Oh !
POMADOUR
Mille canons !
MADAME POMADOUR
Oh ! pardonne-moi… j'étais folle, injuste… et la preuve, c'est que tu vas exposer ta vie pour moi.
POMADOUR
Oui… c'est-à-dire… (À part.)
Elle avait bien besoin de venir.
PIGET(à part.)
C'était arrangé.
MADAME POMADOUR
Oh ! mais sois tranquille… je serai forte aussi… Je sais qu'il est des injures qu'un homme de cœur ne peut supporter.
POMADOUR
Parce que nous sommes au mois d'août… nous serions au mois de janvier…
MADAME POMADOUR
Tiens, Edmond… je suis fière de toi… (Elle lui saute au cou et l'embrasse.)
Maintenant, va te battre !
(Elle prend les deux épées des mains de Courtin et les donne à son mari.)
POMADOUR
Tout de suite… (À part.)
Ne me parlez pas des femmes dans les affaires d'honneur… Ça vous énerve.
MADAME POMADOUR
Où est ton adversaire ?
POMADOUR
Dans l'orangerie.
MADAME POMADOUR
Appelez-le.
POMADOUR
Un instant, que diable ! (À part.)
Est-elle pressée !… (Haut.)
Avant de commencer la lutte, j'ai besoin de causer quelques instants avec mes témoins… Toi, rentre ; ma chère amie, ta place n'est pas ici… nous allons arranger l'affaire… ça s'arrangera… Venez, messieurs !
(Il disparaît dans le jardin, suivi de Courtin et de Piget.)
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...
(Le théâtre représente une chambre à coucher. — Au fond, au milieu, un lit avec des rideaux. À côté, une table de nuit. À droite et à gauche du lit,...