(COURTIN, PIGET, POMADOUR.)
POMADOUR(à ses amis.)
Voyons ! qu'est-ce qu'il faut faire ?
PIGET
Dame, c'est embarrassant.
COURTIN(avec véhémence.)
Quant à moi, je suis furieux ! je suis exaspéré !… Un animal que je rencontre au chemin de fer, que je présente dans une famille honorable… et qui se comporte de cette façon-là ! Oh ! il me le paiera, et je ne sais ce qui me retient…
POMADOUR(à Courtin.)
Très bien… je serai ton témoin !
COURTIN
Oh ! mais je n'ai pas parlé de me battre.
POMADOUR
Puisque c'est toi qui l'as présenté.
COURTIN
Je l'ai présenté… je ne le présenterai plus, voilà tout !… D'ailleurs je n'ai pas le droit de croiser le fer pour ta femme, ça ferait des cancans.
PIGET
Oh ! oui ! on dirait : "Tiens ! tiens ! tiens ! "
POMADOUR
Mais alors, sacrebleu ! qu'est-ce qu'il faut faire ?… Décidons-nous. Ce monsieur est là, dans l'orangerie.
COURTIN
Oui… il ne faut pas avoir l'air d'hésiter.
POMADOUR
Mais j'y pense ! Toi, Piget, tu as été trompé maintes fois par ta femme.
PIGET
Mais tais-toi donc ! il n'est pas nécessaire de crier ça !
POMADOUR
Bah ! tout le monde le sait.
PIGET
Mais ton jardinier ne le sait pas.
POMADOUR
Voyons ! qu'est-ce que tu as fait ?… Bien que la position ne soit pas la même… La tienne est infiniment plus complète.
PIGET
Moi, je me suis battu… à l'épée… Tous mes amis m'ont dit : "Il faut te battre ! "
POMADOUR
Sapristi ! c'est bien grave !
COURTIN
Mais il n'y a aucun danger… Ton adversaire ne se défendra pas.
POMADOUR
Comment ?
COURTIN
Il ne le peut pas… On ne se défend jamais contre un mari.
PIGET
Ça serait indécent !
COURTIN
On découvre sa poitrine.
POMADOUR
Comme ça, un mari peut s'amuser à… (Il fait mine de bourrer des coups d'épée.)
Vous en êtes bien sûrs, au moins ?
COURTIN
Parfaitement.
POMADOUR
Alors le tien ne s'est pas défendu ?
PIGET
Non !… Il a été très gentil !
POMADOUR
Ceci me décide ! Mon Dieu ! je ne veux pas le tuer, cet homme… je veux simplement lui donner une leçon… Faites-le venir !
COURTIN(à la porte de l'orangerie.)
Hé ! monsieur ! monsieur !
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...
(Le théâtre représente une chambre à coucher. — Au fond, au milieu, un lit avec des rideaux. À côté, une table de nuit. À droite et à gauche du lit,...