(LOISEAU, MISTRAL, BOURGILLON; PUIS ANTOINE)
BOURGILLON(entrant, à Mistral.)
Mon ami… voici la petite quittance…
MISTRAL
Saprédié !… en y réfléchissant… c'est bien cher !
BOURGILLON
Bien cher !… il marchande !… (Sanglotant.)
Eheu ! heu !
ANTOINE(accourant.)
Monsieur !…
TOUS
Qu'est-ce qu'il y a ?…
ANTOINE
C'est une lettre de Madame…
BOURGILLON
Ma femme ! (Regardant le timbre.)
Datée d'aujourd'hui…
LOISEAU
Comment ?
MISTRAL
Elle n'est donc pas brûlée !…
BOURGILLON(très froidement.)
Ah ! je suis bien heureux… bien heureux !… mon Dieu ! que je suis heureux ! (Lisant.)
"Mon cher ami, je ne reviendrai que dans huit jours… fais-moi le plaisir de réclamer mon dé d'or, que je crois avoir laissé tomber dans la patache… en la quittant à Reims."
MISTRAL(avec joie.)
Ah !
BOURGILLON
"Post-Scriptum. — Surtout, n'oublie pas de dire à Loiseau que les potirons sont très mûrs…"
LOISEAU
Ça m'est bien égal ! (À Bourgillon, avec dignité.)
Veuillez lui dire qu'il a gelé blanc sur les épinards !
BOURGILLON
Mon Dieu ! qu'ils sont bêtes avec leurs légumes !…
MISTRAL
Mais cette dame que j'ai brûlée ?… car enfin j'en ai brûlé une, à qui est-elle ?
ANTOINE
Elle est à Basin… le perruquier !
MISTRAL
Ah ! le pauvre homme !
ANTOINE
Il m'a chargé de vous remettre sa note.
(Il donne un papier.)
MISTRAL(à Bourgillon.)
Voyons s'il est plus raisonnable que vous. (Lisant.)
"Pour une femme brûlée, soixante francs."
LOISEAU ET BOURGILLON
Soixante francs !…
MISTRAL
À la bonne heure !… il est modéré !… il y a du plaisir à faire des affaires avec cet homme-là !
ANTOINE
Il ne veut pas gagner sur vous… il dit que c'est le prix de facture !
MISTRAL
Comment, le prix de facture ?
ANTOINE
Mais oui ! c'est une femme en cire.
BOURGILLON
Ah ! j'y suis !… une vertu décolletée… pour son salon de coiffure, et tournant sur pivot… comme ça.
MISTRAL(avec joie.)
Ah ! sapristi !… je l'échappe belle !
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...
(Le théâtre représente une chambre à coucher. — Au fond, au milieu, un lit avec des rideaux. À côté, une table de nuit. À droite et à gauche du lit,...