(LOISEAU, MISTRAL.)
LOISEAU
Ce cher Mistral !… tu vas donc devenir mon patron.
MISTRAL
Oh ! ce n'est pas encore fait…
LOISEAU
Voilà quinze jours que le Bourgillon t'attend… Tu as flâné…
MISTRAL
Ne m'en parle pas ! j'ai fait en route la rencontre d'une blonde charmante… ça m'a retardé.
LOISEAU(avec passion.)
Oh ! les blondes !
MISTRAL
Plaît-il ?
LOISEAU
Rien… continue…
MISTRAL
C'est une veuve… elle n'a jamais voulu me dire son nom… mais, en me quittant, elle m'a donné une bague de ses cheveux… Aimes-tu les blondes, toi ?
LOISEAU(avec passion.)
Oh ! les blondes !
MISTRAL
Eh bien, "Oh ! les blondes !…" Après ?
LOISEAU
Ah ! mon ami, si tu savais !… Les épinards montent à graine.
MISTRAL
Hein ?
LOISEAU
Ah ! non ! tu ne comprends pas… oh ! ma foi ! tant pis… il y a trop longtemps que je renferme mon secret dans le double fond de mon cœur… Ce secret si doux et si cher, je ne pouvais le confier qu'au nuage qui passe, qu'à la feuille que le vent emporte ; mon pauvre cœur va pouvoir enfin s'épancher, ouvre-moi le tien, Mistral, ouvre-le à deux battants, car ce secret, c'est toute ma vie… Mon ami, je suis un scélérat… j'ai abusé de la confiance de cet honnête Bourgillon, je lui ai dérobé ce qu'il avait de plus précieux.
MISTRAL
Hein… tu as forcé sa caisse ?
LOISEAU(indigné.)
Oh !… non…
MISTRAL
Qu'est-ce que tu lui as pris ?
LOISEAU
L'amour de son Olympe, oui, j'ai eu l'indélicatesse d'allumer une passion tropicale dans le cœur de ma patronne…
MISTRAL
Comment ! madame Bourgillon ?
LOISEAU
Chut !… J'ai juré de lui consacrer tous les jours qui me restent… de ne jamais me marier, pour être à jamais son premier clerc ? Voilà pourquoi je ne veux pas épouser mademoiselle Blancminet !
MISTRAL
Qu'est-ce que c'est que ça, Blancminet ?
LOISEAU
Un horloger qui vend des sangsues !… Ah ! je suis crânement pincé, va !
MISTRAL
Au moins es-tu récompensé de ta fidélité ?
LOISEAU
Oh ! non, c'est une chaste femme !… je ne possède encore que son cœur…
MISTRAL
Aïe !… Alors tu poses !
LOISEAU
Du tout !… Avant de partir, elle m'a donné une bague de ses cheveux !
MISTRAL
Tiens !
LOISEAU
Et, ce matin encore, elle m'écrivait : "Les potirons sont mûrs."
MISTRAL
Quels potirons ?…
LOISEAU
Ah ! non ! tu ne comprends pas !
BOURGILLON(entrant.)
Antoine !…
LOISEAU(apercevant Bourgillon qui entre.)
Chut ! le mari !
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...
(Le théâtre représente une chambre à coucher. — Au fond, au milieu, un lit avec des rideaux. À côté, une table de nuit. À droite et à gauche du lit,...