(BOURGILLON, LOISEAU, MISTRAL)
MISTRAL(entrant très précipitamment.)
Au feu !… de l'eau !… de l'eau !…
BOURGILLON
Ah ! mon Dieu !
LOISEAU(perdant la tête.)
Le feu ! où çà ? (Le reconnaissant.)
Tiens ! c'est Mistral !
BOURGILLON(à part.)
Le jeune homme que j'attends !
MISTRAL(à part.)
Cet imbécile de Loiseau !…
BOURGILLON
Eh bien, mais et ce feu ?
MISTRAL
Ne vous inquiétez pas… il brûle… toujours sur la grande route.
BOURGILLON
Vous avez incendié la grande route ? c'est bien invraisemblable !
LOISEAU
On brûle bien le pavé.
MISTRAL
Tel que vous me voyez, messieurs, je viens de mettre le feu à la patache.
LOISEAU
Ah bah !
BOURGILLON
Sapristi ! on venait de la faire repeindre !
MISTRAL
J'étais monté près du conducteur pour fumer un cigare… il y avait sur l'impériale des pièces d'artifice pour un imbécile de bourgeois de l'endroit… mon amadou a volé dessus… et pif ! paf ! pan ! fsst !…
LOISEAU
Un feu d'artifice ! oh ! que ça devait être joli.
MISTRAL
Je n'ai eu que le temps de me jeter à bas… On a pu dételer les chevaux, mais la voiture est en cendres !
LOISEAU
Plus de patache !… À la bonne heure ! voilà des nouvelles !
BOURGILLON(se frottant les mains.)
Oui, c'est charmant ! c'est charmant !
MISTRAL(à Bourgillon.)
Comment ! ça vous fait rire ?
BOURGILLON
Dame ! nous en avons si peu l'occasion.
MISTRAL
C'est égal… voilà un cigare qui va me coûter cher ! J'attends le conducteur… je lui ai demandé l'addition…
LOISEAU
Quelle addition ?
MISTRAL
Puisque j'ai consumé un berlingot, il faut bien que je le paye !
BOURGILLON(à part.)
Il est honnête ! (Haut.)
Jeune homme, vous restez quelques jours avec nous… vous prendrez connaissance des affaires de l'étude… qui est très forte… j'occupe deux clercs… (Montrant Loiseau.)
Voici le premier… Quant à l'autre, dans ce moment, il plante des ciboules !
MISTRAL
Comment ?
BOURGILLON
Oui, il est à deux fins… Je vous laisse avec Loiseau.(Air)
Je vais écrire à mon amour de femme Que je ne fais que geindre et que jeûner, Que j'ai du noir… enfin du vague à l'âme, Puis nous irons gaillardement dîner.
LOISEAU
Ah dites-lui que sa trop longue absence Attriste tout, même le potager ; Puis ajoutez que le concombre avance : À revenir, ça pourra l'engager.
BOURGILLON
Qu'ils sont bêtes avec leurs légumes !…
(Ensemble)
BOURGILLON
Je vais écrire,
(etc.)
MISTRAL
Ce mari-là se passe de sa femme Et sans, je crois, ni geindre ni jeûner ; C'est un farceur ; honni soit qui le blâme, Entre garçons, j'aime fort à dîner.
LOISEAU
Homme sans cœur, il rit loin de sa femme. Moi, je voudrais, hélas ! toujours jeûner, Mais, pour cacher le secret de mon âme, Il me faudra, comme eux, très bien dîner.
(Bourgillon sort par la droite.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...
(Le théâtre représente une chambre à coucher. — Au fond, au milieu, un lit avec des rideaux. À côté, une table de nuit. À droite et à gauche du lit,...