CRAVACHON(à part.)
Une femme… comment… (Examinant DERVIERES.)
Il se pourrait…Au fait, cette poltronnerie n'était pas naturelle, et j'aurais dû m'en douter… (Il s'approche de DERVIERES en riant.)
Eh! eh! eh!
DERVIERES
La drôle de figure!
CRAVACHON(mignardement.)
Eh bien! nous voulons nous battre… avec ces petites menottes-là!… et les petits petons que voici ?
DERVIERES(à part.)
Qu'est-ce qui lui prend ?
CRAVACHON
Ah! vous croyez qu'on a les yeux dans sa giberne? (Lui frappant doucement sur la joue.)
Petit lutin!
DERVIERES
Eh! morbleu, monsieur!
CRAVACHON(étonné.)
Morbleu!
DERVIERES(avec emportement.)
Ces plaisanteries! Si je ne respectais votre âge…
CRAVACHON(à part.)
Comment! elle me cherche querelle, à présent? Ah ça! mais, ce n'est donc pas… (Haut.)
Vous êtes donc brave, vous ?…
DERVIERES
Je ne crains personne.
CRAVACHON
Vous vous êtes donc déjà battu ?
DERVIERES
Vingt fois!
CRAVACHON
Je n'y suis plus… (Haut.)
Où ça ?
DERVIERES
Partout!… Dernièrement encore, à Paris, à onze heures du soir, entre deux fiacres.
CRAVACHON(faisant un bond en arrière.)
Entre deux fiacres!… vous avez dit : entre deux fiacres! Chantez! ou plutôt non, non, ne chantez pas!
DERVIERES
C'est ça! comment savez-vous ?…
CRAVACHON
C'était moi, mon ami! c'était moi!
DERVIERES(à part.)
Lui!… je suis perdu!
CRAVACHON
Enfin je vous retrouve… Embrassez-moi donc… puisque je vous dis que c'était moi!…
DERVIERES
Vraiment! Monsieur, je suis désolé!… j'espère du moins que vous êtes entièrement guéri ?
CRAVACHON
Du tout! ça me fait encore mal! et c'est ce qui en fait le charme… Une égratignure, je l'aurais oubliée tout de suite avec son auteur, mais vous, ce n'est plus ça, aussi ; (AIR )
Connaissez-vous le grand Eugène ? Je vous aimais sans vous connaître! Enfin, Dieu merci, vous voilà! vous étiez montré mon maître, Votre souvenir était là; II était gravé là. montre son cœur. Puis là. montre son épaule. Vraiment la circonstance est drôle ; Quand vous m'avez porté ce coup vainqueur Vous n'en vouliez qu'à mon épaule, Et vous m'avez touché le cœur. Ah ça ! vous dînez avec nous, n'est-ce pas ? Voyons, veux-tu prendre quelque chose ?
DERVIERES
Merci mille fois. (A part.)
Quel homme singulier! (Haut.)
Je n'ose plus maintenant me présenter devant Mlle votre fille.
CRAVACHON
Ma fille… mais, au contraire, plus que jamais, puisque le hussard… Je suis fixé sur le hussard. (Appelant.)
Antonin !
ANTONIN(entrant.)
Monsieur…
CRAVACHON
Où est-elle ?
ANTONIN
Qui ça ?
CRAVACHON
Le lieutenant!
DERVIERES(à part.)
Le lieutenant.
ANTONIN
II monte l'escalier… Je ne sais pas ce qu'il a, mais il est d'une joie…
CRAVACHON(à part.)
Eh bien ! à la bonne heure ! nous allons rire.
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...