"Horace" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1640. Elle est considérée comme l'une des œuvres majeures du dramaturge et un classique du théâtre français.
La pièce est basée sur un épisode de l'histoire romaine antique, relaté par l'historien Tite-Live. L'intrigue se déroule durant les premiers temps de la République romaine et se concentre sur le conflit entre Rome et la ville d'Albe. Pour éviter une guerre totale, les deux villes décident de résoudre leur conflit par un combat représentatif : trois frères de chaque côté sont choisis pour combattre. Du côté romain, ce sont les trois frères Horace, et du côté d'Albe, les trois frères Curiace.
L'histoire se complique par les liens familiaux et amoureux entre les deux familles. Camille, la sœur des Horace, est amoureuse de l'un des Curiace, tandis que Sabine, la femme d'Horace l'ainé, est la sœur des Curiace. Ce drame personnel ajoute une dimension tragique au conflit politique et militaire.
La pièce se concentre sur la figure d'Horace, en particulier, et explore les thèmes de l'honneur, du patriotisme, du devoir et du conflit entre les loyautés familiales et les responsabilités envers l'État. Après un combat tragique, Horace revient à Rome en héros, mais confronté à la douleur de sa sœur pour la perte de son amant, il la tue dans un accès de colère. Cette action entraîne un procès où les valeurs de la République romaine sont mises à l'épreuve.
"Horace" est célèbre pour sa représentation complexe des dilemmes moraux et pour ses dialogues poignants. La pièce est un exemple frappant de l'exploration par Corneille des tensions entre les valeurs individuelles et collectives, et elle reste un pilier du répertoire théâtral classique.
SABINEApprouvez ma faiblesse, et souffrez ma douleur ;Elle n'est que trop juste en un si grand malheur :Si près de voir sur soi fondre de tels orages,L'ébranlement sied bien aux plus fermes courages ;Et l'esprit le plus mâle et le...
(CAMILLE, JULIE.)CAMILLEQu'elle a tort de vouloir que je vous entretienne !Croit-elle ma douleur moins vive que la sienne,Et que plus insensible à de si grands malheurs,À mes tristes discours je mêle moins de pleurs ?De pareilles frayeurs mon âme est...
(CURIACE, CAMILLE, JULIE.)CURIACEN'en doutez point, Camille, et revoyez un hommeQui n'est ni le vainqueur ni l'esclave de Rome ;Cessez d'appréhender de voir rougir mes mainsDu poids honteux des fers ou du sang des Romains.J'ai cru que vous aimiez assez Rome...
(HORACE, CURIACE.)CURIACEAinsi Rome n'a point séparé son estime ;Elle eût cru faire ailleurs un choix illégitime :Cette superbe ville en vos frères et vousTrouve les trois guerriers qu'elle préfère à tous ;Et son illustre ardeur d'oser plus que les autres,D'une...
(HORACE CURIACE, FLAVIAN.)CURIACEAlbe de trois guerriers a-t-elle fait le choix ?FLAVIANJe viens pour vous l'apprendre.CURIACEEh bien, qui sont les trois ?FLAVIANVos deux frères et vous.CURIACEQui ?FLAVIANVous et vos deux frères.Mais pourquoi ce front triste et ces regards sévères ?Ce choix...
(HORACE CURIACE.)CURIACEQue désormais le ciel, les enfers et la terreUnissent leurs fureurs à nous faire la guerre ;Que les hommes, les dieux, les démons et le sortPréparent contre nous un général effort !Je mets à faire pis, en l'état où...
(HORACE CURIACE, CAMILLE.)HORACEAvez-vous su l'état qu'on fait de Curiace,Ma sœur ?CAMILLEHélas ! Mon sort a bien changé de face.HORACEArmez-vous de constance, et montrez-vous ma sœur ;Et si par mon trépas il retourne vainqueur,Ne le recevez point en meurtrier d'un frère,Mais...
(HORACE CAMILLE.)CAMILLEIras-tu, Curiace, et ce funeste honneurTe plaît-il aux dépens de tout notre bonheur ?CURIACEHélas ! Je vois trop bien qu'il faut, quoi que je fasse,Mourir, ou de douleur, ou de la main d'Horace.Je vais comme au supplice à cet...
(HORACE CURIACE, SABINE, CAMILLE.)CURIACEDieux ! Sabine le suit. Pour ébranler mon cœur,Est-ce peu de Camille ? Y joignez-vous ma sœur ?Et laissant à ses pleurs vaincre ce grand courage,L'amenez-vous ici chercher même avantage ?SABINENon, non, mon frère, non ; je...
(Le vieil HORACE, HORACE, CURIACE, SABINE, CAMILLE.)Le vieil HORACEQu'est-ce-ci, mes enfants ? Écoutez-vous vos flammes,Et perdez-vous encor le temps avec des femmes ?Prêts à verser du sang, regardez-vous des pleurs ?Fuyez, et laissez-les déplorer leurs malheurs.Leurs plaintes ont pour vous...
(Le vieil HORACE HORACE, CURIACE.)HORACEMon père, retenez des femmes qui s'emportent,Et de grâce empêchez surtout qu'elles ne sortent.Leur amour importun viendrait avec éclatPar des cris et des pleurs troubler notre combat ;Et ce qu'elles nous sont ferait qu'avec justiceOn nous...
SABINEPrenons parti, mon âme, en de telles disgrâces :Soyons femme d'Horace, ou sœur des Curiaces ;Cessons de partager nos inutiles soins ;Souhaitons quelque chose, et craignons un peu moins.Mais, las ! Quel parti prendre en un sort si contraire ?Quel...
(SABINE JULIE.)SABINEEn est-ce fait, Julie, et que m'apportez-vous ?Est-ce la mort d'un frère, ou celle d'un époux ?Le funeste succès de leurs armes impiesDe tous les combattants a-t-il fait des hosties,Et m'enviant l'horreur que j'aurais des vainqueurs,Pour tous tant qu'ils...
(SABINE CAMILLE, JULIE.)SABINEMa sœur, que je vous die une bonne nouvelle.CAMILLEJe pense la savoir, s'il faut la nommer telle.On l'a dite à mon père, et j'étais avec lui ;Mais je n'en conçois rien qui flatte mon ennui.Ce délai de nos...
(SABINE CAMILLE.)SABINEParmi nos déplaisirs souffrez que je vous blâme :Je ne puis approuver tant de trouble en votre âme ;Que feriez-vous, ma sœur, au point où je me vois,Si vous aviez à craindre autant que je le dois,Et si vous...
(Le vieil HORACE SABINE, CAMILLE.)Le vieil HORACEJe viens vous apporter de fâcheuses nouvelles,Mes filles ; mais en vain je voudrais vous celerCe qu'on ne vous saurait longtemps dissimuler :Vos frères sont aux mains, les dieux ainsi l'ordonnent.SABINEJe veux bien l'avouer,...
(Le vieil HORACE SABINE, CAMILLE, JULIE.)Le vieil HORACENous venez-vous, Julie, apprendre la victoire ?JULIEMais plutôt du combat les funestes effets :Rome est sujette d'Albe, et vos fils sont défaits ;Des trois les deux sont morts, son époux seul vous reste.Le...
(Le vieil HORACE CAMILLE.)Le vieil HORACENe me parlez jamais en faveur d'un infâme ;Qu'il me fuie à l'égal des frères de sa femme :Pour conserver un sang qu'il tient si précieux,Il n'a rien fait encore s'il n'évite mes yeux.Sabine y...
(Le vieil HORACE VALÈRE, CAMILLE.)VALÈREEnvoyé par le roi pour consoler un père,Et pour lui témoigner…Le vieil HORACEN'en prenez aucun soin :C'est un soulagement dont je n'ai pas besoin ;Et j'aime mieux voir morts que couverts d'infamieCeux que vient de m'ôter...
(Le vieil HORACE CAMILLE.)Le vieil HORACEMa fille, il n'est plus temps de répandre des pleurs ;Il sied mal d'en verser où l'on voit tant d'honneurs ;On pleure injustement des pertes domestiques,Quand on en voit sortir des victoires publiques.Rome triomphe d'Albe,...
CAMILLEOui, je lui ferai voir, par d'infaillibles marques,Qu'un véritable amour brave la main des Parques,Et ne prend point de lois de ces cruels tyransQu'un astre injurieux nous donne pour parents.Tu blâmes ma douleur, tu l'oses nommer lâche ;Je l'aime d'autant...
(HORACE CAMILLE, PROCULE, et deux autres soldats portant chacun une épée des Curiaces.)HORACEMa sœur, voici le bras qui venge nos deux frères,Le bras qui rompt le cours de nos destins contraires,Qui nous rend maîtres d'Albe ; enfin voici le brasQui...
(HORACE PROCULE.)PROCULEQue venez-vous de faire ?HORACEUn acte de justice :Un semblable forfait veut un pareil supplice.PROCULEVous deviez la traiter avec moins de rigueur.HORACENe me dis point qu'elle est et mon sang et ma sœur.Mon père ne peut plus l'avouer pour...
(HORACE SABINE, PROCULE.)SABINEÀ quoi s'arrête ici ton illustre colère ?Viens voir mourir ta sœur dans les bras de ton père ;Viens repaître tes yeux d'un spectacle si doux :Ou si tu n'es point las de ces généreux coups,Immole au cher...
(Le vieil HORACE HORACE.)Le vieil HORACERetirons nos regards de cet objet funeste,Pour admirer ici le jugement céleste :Quand la gloire nous enfle, il sait bien comme il fautConfondre notre orgueil qui s'élève trop haut.Nos plaisirs les plus doux ne vont...
(TULLE VALÈRE, Le vieil HORACE, HORACE, Troupe de Gardes.)Le vieil HORACEAh ! Sire, un tel honneur a trop d'excès pour moi ;Ce n'est point en ce lieu que je dois voir mon roi :Permettez qu'à genoux…TULLENon, levez-vous, mon père :Je...
(TULLE VALÈRE, Le vieil HORACE, HORACE, SABINE, JULIE.)SABINESire, écoutez Sabine, et voyez dans son âmeLes douleurs d'une sœur, et celles d'une femme,Qui toute désolée, à vos sacrés genoux,Pleure pour sa famille, et craint pour son époux.Ce n'est pas que je...
JULIECamille, ainsi le Ciel t'a bien avertieDes tragiques succès qu'il t'a préparés,Mais toujours du secret il cache une partieAux esprits le splus nets, et les mieux éclairésIl semblait nous parler de ton proche Hymenée,Il semblait tout promettre à tes vœux...
"Tite et Bérénice" est une tragédie en cinq actes écrite par Pierre Corneille, jouée pour la première fois en 1670. Cette pièce est inspirée de l'histoire réelle de l'empereur romain...
"Théodore" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, jouée pour la première fois en 1645. Cette œuvre est notable dans le répertoire de Corneille pour son sujet religieux et son...
"Suréna" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1674. C'est la dernière pièce écrite par Corneille, et elle est souvent considérée comme une de...
"Sophonisbe" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1663. Cette pièce s'inspire de l'histoire de Sophonisbe, une figure historique de l'Antiquité, connue pour son...
"Sertorius" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1662. Cette pièce se distingue dans l'œuvre de Corneille par son sujet historique et politique, tiré...
"Rodogune" est une tragédie de Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1644. Cette pièce est souvent considérée comme l'une des plus puissantes et des plus sombres tragédies de...
"Pulchérie" est une tragédie en cinq actes écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1672. C'est l'une des dernières pièces de Corneille, et elle se distingue par...
"Polyeucte" est une tragédie de Pierre Corneille, premièrement jouée en 1643. Considérée comme l'une de ses œuvres majeures, cette pièce se distingue par son sujet religieux, traitant du martyre de...
"Pertharite" est une tragédie écrite par Pierre Corneille, présentée pour la première fois en 1652. Cette œuvre est l'une des moins connues de Corneille et a été considérée par certains...
"Othon" est une tragédie historique écrite par Pierre Corneille, jouée pour la première fois en 1664. La pièce est basée sur les événements historiques de l'Empire romain au premier siècle...