La même décoration qu'à la première scène. On entend l'heure sonner dans l'éloignement.
RAZETTA
Je ne puis me détendre d'une certaine crainte. Serait-il possible que Laurette n'eût manqué de parole ! Malheur à elle, s'il était vrai ! Non pas que je doive porter la main sur elle,… mais mon rival !… Il me semble que deux horloges ont déjà sonné onze heures… Est-ce le temps d'agir ? Il faut que j'entre dans ces jardins. — J'aperçois une grille fermée. — Ô rage ! me serait-il impossible de pénétrer ? Au risque de ma vie, je suis déterminé de ne pas abandonner mon dessein.
L'heure est passée… Rien ne doit me retenir… Mais par où entrer ? — Appellerai-je ? Tenterai-je de gravir cette muraille élevée ? — Suis-je trahi ? réellement trahi ? Laurette… Si j'apercevais un valet, peut-être avec de l'or… — Je ne vois aucune lumière… Le repos semble régner dans cette maison.
— Désespoir ! Ne pourrai-je même jouer ma vie ? ne pourrai-je tenter même le plus désespéré de tous les partis ?
(On entend une symphonie ; une gondole chargée de musiciens passe.)
UNE VOIX DE FEMME
Voilà encore Razetta.
UNE AUTRE
Je l'avais parié !
UN JEUNE HOMME
Eh bien ! la noce était-elle jolie ? As-tu fait valser la mariée ? Quand ta garde sera-t-elle relevée ? Tu mets sûrement le mot d'ordre en musique ?
RAZETTA
Allez-vous-en à vos plaisirs, et laissez-moi.
UNE VOIX DE FEMME
Non ; cette fois j'ai gagé que je t'emmènerais ; allons, viens, mauvaise tête, et ne trouble le plaisir de personne. Chacun son tour ; c'était hier le tien, aujourd'hui tu es passé de mode ; celui qui ne sait pas se conformer à son sort est aussi fou qu'un vieillard qui fait le jeune homme.
UNE AUTRE
Venez, Razetta, nous sommes vos véritables amis, et nous ne désespérons pas de vous faire oublier la belle Laurette. Nous n'aurons pour cela qu'à vous rappeler ce que vous disiez vous- même il y a quelques jours, ce que vous nous avez appris. — Ne perdez pas ce nom glorieux que vous portiez du premier mauvais sujet de la ville.
LE JEUNE HOMME
De l'Italie ! Viens, nous allons souper chez Camilla ; tu y retrouveras ta jeunesse tout entière, tes anciens amis, tes anciens défauts, ta gaieté. — Veux-tu tuer ton rival, ou te noyer ? Laisse ces idées communes au vulgaire des amants ; souviens-toi de toi-même, et ne donne pas le mauvais exemple.
Demain matin les femmes seront inabordables, si on apprend cette nuit que Razetta s'est noyé. Encore une fois, viens souper avec nous.
RAZETTA
C'est dit. Puissent toutes les folies des amants finir aussi joyeusement que la mienne !
(Il monte dans la barque, qui disparaît au bruit des instruments.)
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