FRISETTE (GAUDRION.)
FRISETTE(entrant par le fond, avec une lettre à la main, un cabas et un métier à dentelles qu'elle dépose sur la chaise à droite.)
Par exemple! si je m'attendais… Le père nourricier de mon petit Gabriel, qui m'annonce que, sa femme étant malade, il a fallu sevrer l'enfant… et il me le ramène aujourd'hui… Pauvre chérubin! je vais donc t'avoir là, près de moi ! J'allais bien le voir toutes les semaines !… le dimanche… mais ce n'était pas assez… j'ai été vite avertir ma tante qu'elle ne compte pas sur moi aujourd'hui… que je travaillerais chez moi… j'ai pris mon métier, et, maintenant, le pauvre chéri peut arriver quand il voudra… Ah! en attendant, je vais toujours faire mon déjeuner… j'ai acheté ce qu'il faut…(Elle tire de son cabas une flûte et un boudin.)
D'abord du feu!…(Prenant la boîte d'allumettes.)
Ça ne sera pas long.(Elle l'ouvre.)
Tiens! il y en avait encore une!…(Regardant la cheminée.)
Il est allumé!…(Voyant les pieds.)
Qu'est-ce que c'est que ça ?… des pieds ?… Cette mère Ménachet est d'un sans-gêne!… Elle vient maintenant faire sa cuisine chez moi… et avec mon bois encore!… Attends, attends, je vais le faire chauffer ton déjeuner!…(Elle jette les pieds sur une assiette qui est sur la fontaine.)
Tiens, le v'là ton vieux déjeuner!(Elle met son boudin sur le gril.)
À présent, mon couvert !… mes assiettes ?… ah! dans le cabinet!
(Elle entre dans le cabinet à gauche, après avoir pris la clef sous le vase et fermé la porte avec bruit.)
GAUDRION(se réveillant.)
Entrez!(Criant.)
Entrez!(Ouvrant ses rideaux.)
Est-ce qu'on n'a pas frappé ? Ah! mon Dieu ! et mes pieds ! ils doivent être grillés, rissolés!…(Il s'approche vivement de la cheminée.)
Un boudin!…(Montrant le gril.)
Est-ce que j'ai mis un boudin ?
Sapristi! c'est encore un tour de la Ménachet… Allons, allons, voilà un boudin qui demande à prendre l'air!…(Il le jette par la fenêtre de gauche.)
Vlan!… Ah çà! où a-t-elle fourré mes pieds ?… Ah bien!… sur la fontaine! au frais!… Vieille Ménachet! elle a mis mes pieds à l'eau!(Il les remet sur le feu.)
Vite! mon couvert !(Il place la table dans un autre sens que celui où elle était, et un peu plus près du milieu du théâtre.)
Je vais lâcher la nappe; ce n'est pas tous les jours Sainte-Menehould.(Il étend une serviette dessus.)
Et ma fourchette, mon gobelet… ah! dans le cabinet!…
(Il entre dans le cabinet de droite, après avoir pris la clef qui est sous le vase, du même côté.)
FRISETTE(entrant avec des assiettes.)
Tiens! est-ce que la table était là ?… c'est drôle! je ne croyais pas avoir mis la nappe…(Elle arrange son couvert, et se dirige vers la cheminée.)
Mon boudin doit être cuit… Encore les pieds ?… ah! pour le coup!…
(Elle prend le gril et jette les pieds par la fenêtre à gauche.)
GAUDRION(entrant et voyant le mouvement de Frisette.)
Arrêtez!
FRISETTE(se retournant.)
Un homme !
GAUDRION
Une femme !
FRISETTE(à part.)
Mon antipathie!
GAUDRION(à part.)
Ma bête noire! (Haut.)
Qu'est-ce que vous demandez ?… c'est pas ici…
FRISETTE
Et vous ?
GAUDRION
Tiens! je suis chez moi!
FRISETTE
Moi aussi !
GAUDRION(allant chercher sa quittance sur la cheminée de droite.)
Mon terme est payé !
FRISETTE
Comme le mien !
GAUDRION
Voilà ma quittance !
FRISETTE
Voici la mienne !
GAUDRION
C'est un peu fort !
FRISETTE
Nous allons bien voir ! TOUS DEUX, (appelant.)
Mère Ménachet! mère Ménachet!(L'un à l'autre.)
Sortez, monsieur! Sortez, mam'zelle !
ENSEMBLE(AIR : Oh ! moment d'espérance -Loi salique-.)
Moi! vous céder la place!… C'est à vous de sortir ! Vraiment de tant d'audace Je ne puis revenir ! Quelle rare insolence! Me faire ici la loi ! M'imposer sa présence Et s'installer chez moi!
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
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(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...