CORYDON (en dehors)
Garçon! mon habit… nom d'un tonnerre!
VOIX DU GARÇON
Ah! que je suis bête?… Monsieur, je me suis trompé… je l'ai mis au numéro 7.
(CORYDON paraît au fond; il est en manches de chemise, porte un foulard sur la tête, une paire de bottes sous son bras; il entre un cigare à la bouche.)
CORYDON
Numéro 7 ?… c'est ici le numéro 7. (Entrant.)
Monsieur, je vous demande pardon de me présenter… avec un cigare… (S'arrêtant.)
Tiens! il n'y a personne. (Elevant la voix.)
Monsieur, vous n'auriez pas aperçu un habit marron, avec des boutons d'or ?… dans ce cabinet, peut-être. (Il s'approche du cabinet de droite et crie.)
Jeune homme, rendez-moi mon habit!… Je n'en ai qu'un, et j'en ai besoin!… Voici vos bottes qu'on avait mises dans ma chambre… Décidément, il n'y a personne… je vais l'attendre… (Il s'installe.)
Et dire qu'il y a déjà un mois que je suis parti de la Corrèze avec six cents francs et un habit marron à boutons d'or. Arrivé à Paris, je me fais conduire chez la veuve Mazure, une correspondante assez bien conservée… une femme de trente-cinq ans à l'ombre, qui en a quarante-deux au jour… C'est une Parisienne; en 1830, je l'aurais… chantée! Nous déjeunons!… Au dessert, elle me dit en clignant l'œil : Ah! Corydon!… Naturellement je lui réponds : Ah! Clotilde!… Et pouf! voilà qu'elle se trouve mal… Comme je ne la trouvais pas bien et que j'avais pris mon café… je saute sur mon chapeau et je file en me disant : Corydon, tu as le regard magnétique… Six cents francs et un habit marron, tu dois faire un beau mariage… tu parviendras par les femmes!… Alors, comme l'abeille qui cherche au sein des roses… à faire son petit beurre, je me mis à poursuivre les héritières, à parcourir les châteaux… le château d'Asnières, le Château des Fleurs, le Château-Rouge surtout !… un endroit charmant, où l'on danse, où l'on mange… Ah! m'y suis-je fait des bosses! des bosses de limonades gazeuses!… je m'en suis appliqué pour cinq cents francs… de limonades gazeuses!… Toute ma légitime y a passé!… et maintenant je suis à sec… pour cause de limonades… Heureusement que mon habit me reste, c'est mon dernier espoir…
(AIR)
Je vais enflammer des duchesses (Inventeur de la poudre)
O mon elbeuf, sois-moi propice, Fais-moi briller et parvenir, Sur toi j'ai fondé l'édifice De tous mes rêves d'avenir. Séduisant la blonde et la brune, Dans tes plis je veux tour à tour, Le matin trouver la fortune Et le soir dénicher l'amour. A moi la fortune et l'amour.
Bientôt une riche héritière Me choisit parmi vingt galants ; Elle attache à ta boutonnière L'emblème de ses sentiments. Je l'épouse… Et dans la quinzaine, Grâce à ses parents tout puissants, Un ruban rouge, quelle aubaine, Vient remplacer la fleur des champs (bis)
O mon elbeuf, sois-moi propice, etc.(Parlé.)
Ah çà! mais je voudrais bien l'endosser mon elbeuf… le voisin ne rentre pas… et j'ai beau chercher… Voyons… (Il entre dans le cabinet à droite.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...