MADAME BEAUDELOCHE (entrant)
Me voici prête.
FLORESTINE (à part.)
Madame! (Haut, d'un ton soumis.)
Voici votre chapeau, monsieur.
EDGARD (froidement.)
Merci, mademoiselle. (Il le met sur sa tête tout ébouriffé, à part.)
Me voilà gentil… un jour de contrat!
MADAME BEAUDELOCHE
Eh bien, partons-nous ?
EDGARD (ahuri.)
Certainement… certainement… certainement… (il regarde tour à tour sa mère et Florestine, qui époussète froidement un meuble; tout à coup poussant un cri.)
Oh! aïe! oh ! aïe!
MADAME BEAUDELOCHE et FLORESIINE
Quoi donc?
EDGARD (se tenant la joue.)
J'ai mal aux dents !
MADAME BEAUDELOCHE
Ah ! mon Dieu ! encore !
EDGARD
Ça m'élance! ça m' élance!
FLORESTINE (avec compassion.)
Oh ! ce pauvre M. Edgard !
(Elle apporte une chaise au milieu.)
EDGARD (à part.)
Bonne bête, va!
MADAME BEAUDELOCHE
C'est singulier!… ça te prend bien souvent depuis quelque temps…
EDGARD (s'asseyant.)
Oui… chaque fois que je veux sortir.
MADAME BEAUDELOCHE
Le plus extraordinaire, c'est que j'ai fait venir mon dentiste… et il n'y comprend rien.
EDGARD (assis.)
Parbleu!
MADAME BEAUDELOCHE
Hein?
EDGARD
Parbleu!… puisque c'est nerveux!
MADAME BEAUDELOCHE
Ah! mon Dieu!… où as-tu donc fourré ton chapeau?
(Elle le lui prend sur la tête.)
EDGARD (le retenant.)
Tiens !… c'est nerveux!… comme mes dents I
MADAME BEAUDELOCHE
Comment te trouves-tu ?
(Elle va poser le chapeau sur la table à gauche.)
EDGARD (regardant Florestine.)
Mais… je crois que ça va, mieux… et même si je pouvais prendre un peu l'air, (il se lève, Florestine le pince.)
Non: oh ! aïe!… oh! aïe!… ça me reprend!
(Il se rassied.)
MADAME BEAUDELOCHE
Pauvre enfant! que lui faire?
(Elle remonte.)
FLORESTINE (apportant une petite fiole.)
Si monsieur voulait essayer un peu de cet élixir?…
EDGARD (froidement.)
Merci, mademoiselle. (Bas, à Florestine.)
Fichez-moi la paix!… je n'aime pas qu'on me blague!
(Elle remonte.)
MADAME BEAUDELOCHE (arrivant derrière le fauteuil et lui nouant vivement un mouchoir blanc sous le menton.)
Tiens! cette mentonnière…
EDGARD (à part.)
Bien!… voilà le bouquet! tenue de fiancé.
MADAME BEAUDELOCHE (bas, à Edgard.)
Là!… repose-toi… tiens-toi chaudement… et, quand la crise sera passée, viens me retrouver chez M. Veauvardin…
EDGARD (l'interrompant.)
Oh! la la…
MADAME BEAUDELOCHE
Florestine, je vous recommande mon fils.
FLORESTINE
Soyez tranquille, madame.
MADAME BEAUDELOCHE (montrant le châle sur le fauteuil.)
Prenez mon châle jusqu'à la voiture.
(Florestine le prend.)
(ENSEMBLE AIR de la Dernière Rosé )(polka-mazurka de Heintz)
.
MADAME BEAUDELOCHE
Je vais excuser ton absence,
Mais sers-toi de ton élixir,
Cela te guérira, je pense,
Et bientôt tu pourras venir.
EDGARD
Tâche d'excuser mon absence,
De ces lieux je ne puis sortir,
A part.
Car on me met en pénitence,
Et je suis forcé d'obéir.
FLORESTINE (à part.)
Oui, je doute de sa constance
L'ingrat pourrait bien me trahir t
Et je veux ici par prudence,
Auprès de moi le retenir.
(Madame Beaudeloche et Florestine sortent par la droite.)
(Un jardin. A droite, la maison d'habitation. A gauche, un petit bâtiment servant d'orangerie. Un jeu de tonneau au fond. Chaises, bancs et tables de jardin.PIGET, POMADOUR, COURTINAu lever du...
(Un salon de campagne, ouvrant au fond sur un jardin. Un buffet. Un râtelier avec un fusil de chasse, une poire à poudre et un sac à plomb. Portes latérales....
Un salon de campagne, porte au fond, portes latérales dans les pans coupés de droite et de gauche. — Une fenêtre à droite. Sur le devant, à droite, un guéridon....
(BLANCMINET; PUIS ANTOINE; PUIS BOURGILLON; PUIS LOISEAU Le théâtre représente un jardin. Grille d'entrée au fond ; à droite, l'étude ; à gauche, un pavillon servant à serrer des instruments...
(Le théâtre représente un salon chez Lépinois. À droite, guéridon. À gauche, cheminée et canapé.)Laure Madame Lépinois Thérèse(Au lever au rideau, madame Lépinois et Laure s'essuient les yeux. Madame Lépinois...