Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte

Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte,
Comme il m’assaut, comme il se fait veinqueur,
Comme il renflame, & renglace mon cœur,
Comme il reçoit un honneur de ma honte:

Qui voudra voir une jeunesse pronte
A suivre en vain l’objet de son malheur,
Me viene voir: il verra ma douleur,
Et la rigueur de l’Archer qui me donte.

Il conoitra, combien la raison peut
Contre son arc, quand une fois il veut,
Que nôtre cœur son esclave demeure:

Et si verra, que je sui’ trop heureus
D’avoir au flanc l’eguillon amoureus
Plein du venin, dont il faut que je meure.


Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte
Qui voudra voir comme un Dieu me surmonte Nature ornant la dame qui devoit Dans le serain de sa jumelle flame Je ne suis point, ma Guerriere Cassandre Pareil j'égale au soleil que j'adore Ces liens d'or, cette bouche vermeille Bien qu'à grand tort il te plaist d'allumer Lors que mon œil pour t’œillader s’amuse Le plus toffu d'un solitaire bois Je pai mon cœur d'une telle ambroisie Amour, Amour, donne moi pais ou tréve J'espere et crain, je me tais et suplie Pour estre en vain tes beaux soleils aimant Je vi tes yeus desous telle planette Hé qu’a bon droit les Charites d’Homere Je veus darder par l'univers ma peine Par un destin dedans mon cœur demeure Un chaste feu que les coeurs illumine Avant le tans tes temples fleuriront Je voudroi bien richement jaunissant Qu’Amour mon cœur, qu’Amour mon âme sonde Cent & cent fois penser un penser mesme Ce beau coral, ce marbre qui soupire Tes yeus divins me promettent le don Ces deus yeus bruns, deus flambeaus de ma vie Plus tôt le bal de tant d’astres divers Bien mile fois & mile j'ai tenté Injuste Amour, fusil de toute rage Si mile oeillets, si mile lis j’embrasse Ange divin, qui mes plaïes embâme Aelés Démons qui tenés de la terre Quand au premier la Dame que j’adore D'un abusé je ne seroi la fable Las je me plain de mile & mile & mile Puisse avenir, qu’une fois je me vange Pour la douleur, qu'Amour veut que je sente Les petits cors, culbutans de travers Dous fut le trait, qu'Amour hors de sa trousse Pleut il a Dieu, n’avoir jamais tâté Contre mon gré l'atrait de tes beaus yeus Ha, Seigneur dieu, que de graces écloses Quand au matin ma Déesse s’abille Avec les lis, les oeillés mesliés Ores l'effroi & ores l'esperance Je voudrois estre Ixion et Tantale Amour me tue, & si je ne veus dire Je veus mourir pour tes beautés, Maistresse Dame, depuis que la première flêche Ni de son chef le trésor crépelu, Mon dieu, mon dieu, que ma maistresse est belle ! Cent fois le jour, a part moi je repense Mile, vraiment, & mile voudroient bien Avant qu’Amour, du Chaos ocieus Par je ne sai quelle estrange inimitié O dous parler, dont l'apât doucereus Verrai-je point le dous jour, qui m’aporte Quel dieu malin, quel astre me fit estre Divin Bellai, dont les nombreuses lois Quand le Soleil a chef renversé plonge Comme un Chevreuil, quand le printans destruit Ni voir flamber au point du jour les roses Dedans les Prés je vis une Naiade Quand ces beaus yeus jugeront que je meure Qui voudra voir dedans une jeunesse Tant de couleurs le grand arc ne varie Quant j'aperçoi ton beau chef jaunissant Ciel, air et vents, plains et monts découverts Voiant les yeus de toi, Maitresse elüe L'œil qui rendroit le plus barbare apris De quelle plante, ou de quelle racine Petit nombril, que mon penser adore Que n'ai-je, Dame, & la plume & la grace Du tout changé ma Circe enchanteresse Les Elemans & les Astres, à preuve Je parangonne à vos yeus ce crystal J’ai cent fois épreuvé les remedes d’Ovide Ni les combats des amoureuses nuits A ton frere Paris tu sembles en beauté Si je trepasse entre tes bras, Madame Pour voir ensemble & les chams & le bort Pardonne moi, Platon, si je ne cuide L'onde & le feu, ce sont de la machine Si l'écrivain de la mutine armée Pour celebrer des astres devestus Estre indigent, & donner tout le sien Oeil, qui portrait dedans les miens reposes Si seulement l'image de la chose Sous le crystal d’une argenteuse rive Soit que son or se crespe lentement De ses cheveus la rousoiante Aurore Aveques moi pleurer vous devriés bien Tout me déplait, mais rien ne m'est si gref Quand je vous voi, ou quand je pense en vous Morne de cors, & plus morne d'espris Las! sans la voir, a toute heure je voi Dans un sablon la semence j'épan Devant les yeus, nuit & jour me revient D’un gosier machelaurier Apres ton cours je ne haste mes pas Piqué du nom qui me glace en ardeur Depuis le jour que le trait ocieus Le mal est grand, le remede est si bref Amour, si plus ma fievre se renforce Si doucement le souvenir me tente Amour archer d'une tirade ront Je vi ma Nymfe entre cent damoiselles Plus mile fois, que nul or terrien Celle qui est de mes yeus adorée Sur mes vint ans, pur d'offense & de vice Franc de travail, une heure je n’ai peu D'Amour ministre, & de perseverance Franc de raison, esclave de fureur Le ciel ne veut, Dame, que je joüisse Bien que sis ans soient ja coulés derriere Si ce grand Dieu, le pere de la lyre Ce petit chien, qui ma maitresse suit Entre tes bras, impatiant Roger Je te hai peuple, et m'en sert de tesmoin Non la chaleur de la terre, qui fume Ni ce coral, qui double se compasse De toi, Paschal, il me plaît que j’écrive Di l'un des deus, sans tant me deguiser L'An mil cinq cens contant quarante et sis A toi chaque an ordonne un sacrifice Honneur de may, despouille du printemps Le pensement, qui me fait devenir Quand en songeant ma follâtre j’acolle, O de Nepenthe, et de liesse pleine Je parangonne à ta jeune beauté Ce ne sont qu'haims, qu'amorces, et qu'apas Oeil, qui mes pleurs de tes raisons essuie Hausse ton vol, et, d'une aisle bien ample Ville de Blois, naissance de ma dame, Heureuse fut l'estoille fortunée L'astre ascendant sous qui je pris naissance De ton poil d'or en tresses blondissant
"Les Amours" de Pierre de Ronsard est une collection de poèmes qui rassemble les écrits de Ronsard en l'honneur de trois femmes dont il est tombé amoureux au cours de sa vie : Cassandre, Marie et Hélène. Le recueil se compose de plusieurs parties, chacune étant dédiée à l'une de ces muses, reflétant l'évolution des sentiments du poète au fil du temps.

Cassandre
Dans la première partie du recueil, Ronsard exprime ses sentiments envers Cassandre Salvati, qu'il rencontre en 1545. Inspiré par cet amour, Ronsard écrit 183 sonnets, formés de décasyllabes, qui chantent les louanges de Cassandre. Les poèmes contiennent de nombreux jeux d'esprit et comparaisons mythologiques.

Marie
En 1555, Ronsard rencontre Mari Dupin, une paysanne de quinze ans, et lui dédie des poèmes simples et clairs. Ces œuvres sont publiées dans "Continuation des Amours" et s'apparentent à des réflexions d’ordre général sur l'amour et les sentiments. Ronsard écrit également des vers en l’honneur de Marie de Clèves, la maîtresse du roi Henri III, après son décès en 1574, dont "Sur la mort de Marie" (1578).

Hélène
En 1578, à la demande de la reine Catherine de Médicis, Ronsard publie "Les Sonnets pour Hélène" pour consoler Hélène de Surgères, dont l'amant est tombé au combat. Cette partie comprend 111 sonnets et quatre autres poèmes.

Les thèmes récurrents dans l'ensemble du recueil incluent l'amour, la nature, la mythologie, le temps et la mort. Ronsard explore les différentes facettes de l'amour, y compris la passion amoureuse et les déceptions qui en découlent. Il fait l'éloge de la nature et utilise la mythologie pour enrichir son écriture. La notion du temps qui passe et de la mortalité est également un thème central, et Ronsard encourage souvent le lecteur à profiter du temps présent, en résonance avec la ligne de pensée "Carpe Diem" et les valeurs épicuriennes antiques.

Le recueil "Les Amours" représente un travail substantiel dans la carrière de Ronsard, marquant son exploration des formes poétiques classiques et innovantes, et révélant son style élégant et raffiné typique de la poésie de la Renaissance française.


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