Condamné à mort ! Voilà cinq semaines que j’habite avec cette pensée, toujours seul avec elle, toujours glacé de sa présence, toujours courbé sous son poids !
La cellule est sombre, vétuste. D'autres condamnés sont là, en haillons, comme moi. C'est donc celà, “le couloir de la mort“. Les gardiens sont glaciaux, à mille lieues de nous. L'endroit est terreux, les murs de vieilles pierres… Je n'ai aucune idée du pays où nous nous trouvons… Les cellules ont toutes un côté de barreaux, donnant sur une grande salle centrale au sol en terre battue, aussi. D'ailleurs, les cellules sont ouvertes. Nous pouvons déambuler comme bon nous semble, dans “notre“ espace commun.
J'ai déjà dit cette sidération des gardes… il me semble que je viens juste de la remarquer… comme une amusante étrangeté. Il y a presque du dégoût dans le regard du garde… et moi, je suis béat, hilare… Je vais à l'Auguste qui modèle son bout de glaise. Comme il se tourne vers moi, je vois son immense sourire édenté. C'est un soleil et un bonheur sans nom. Je sais, instantanément que tous, tant que nous sommes, nous, les condamnés, nous baignons dans un état divin d'enfance heureuse totalement inaccessible aux si peu mortels. Nous sommes tous totalement présents et nous aimants, Auguste, comme Gégé, Richard le diable, la genette et les autres, heureux dans leur recoin…
Amitiés. Ceci est un VRAI rêve.